L’américain Kirkland & Ellis s’implantera bientôt à Paris
Paru dans La Lettre des Juristes d'Affaires n°1369 du 22 octobre 2018
L’information n’est pas officielle puisque le cabinet n’a pas encore obtenu l’autorisation de l’Ordre pour s’inscrire au tableau lui permettant d’ouvrir des locaux parisiens. Reste également à trouver la bonne adresse. Mais la firme américaine prépare bien son arrivée dans la capitale française. Elle serait prévue pour la fin de l’année, au plus tard au début de 2019.
L’information avait commencé à fuiter il y a quelques jours dans la presse anglo-saxonne. Ce n’est finalement qu’une demi-surprise. Car Kirkland & Ellis est l’une des rares firmes de cette taille à ne pas encore être implantée en France. Et l’une de ses spécialités, le private equity, justifie pleinement d’avoir une base parisienne dont le marché est pour le moins porteur actuellement. Jusqu’à présent, celle qui se présente comme « le premier cabinet au monde » était implantée en Europe au travers de deux bureaux : celui de Londres, ouvert en 1994, qui compte environ 200 avocats réputés pour leur pratique en financement (notamment high yield) et en capital investissement ; et celui de Munich, ouvert en 2005, qui ne recense pour l’instant qu’une trentaine d’avocats.
La firme ne s’est pourtant jamais interdit d’intervenir sur des dossiers hexagonaux. Sans véritable cabinet « best friend » parisien, elle travaillait régulièrement avec plusieurs structures réputées comme Bredin Prat, Darrois Villey Maillot Brochier, De Pardieu Brocas Maffei, mais également Gide. On l’aura par exemple remarquée auprès de TDR Capital pour le rachat de Buffalo Grill (LJA 1322), aux côtés de GIC pour l’acquisition, avec plusieurs autres investisseurs, de 55 % du capital d’AccorInvest (LJA 1340), mais également auprès de Landmark Partners lors de la modification de la structure actionnariale de l’entreprise de chimie Perstorp (LJA 1367).
C’est, comme souvent, l’opportunité d’avoir enfin trouvé une belle équipe qui aurait motivé cette installation. Car selon la presse anglo-saxonne, ce sont Vincent Ponsonnaille et son fidèle jeune associé, Laurent Victor-Michel, qui auraient eu les faveurs de la firme. Ils seraient donc sur le point de quitter le cabinet Linklaters. Rappelons que Vincent Ponsonnaille y exerçe depuis maintenant 17 ans et représente l’une des figures de l’équipe private equity du bureau parisien de la firme du Magic Circle. Il partageait, depuis quelques années, son temps entre Londres et Paris avec l’objectif de faire profiter à l’équipe britannique de sa clientèle qui lui est très attachée. Ces derniers mois, il est intervenu auprès d’Axa Investment Managers – Real Assets dans le cadre de son acquisition du groupe Data4, aux côtés de Montagu Private Equity pour la vente de St Hubert à un consortium chinois composé de Fosun International Ltd et de Sanyuan (LJA 1315), mais a également assisté Vision Capital pour la vente de l’activité pharmacie de Bormioli Rocco au fonds Triton (LJA 1333).
Ces deux profils laisseraient donc entrevoir le positionnement privilégié par le futur bureau de Kirkland & Ellis : le capital investissement. Et comme les américains font souvent les choses bien, il est fort probable que l’équipe soit rapidement dotée de tout l’arsenal nécessaire pour s’imposer sur les deals large cap. À savoir une pratique financement et fiscale. De quoi inquiéter les firmes private equity déjà bien installées dans la capitale ?