Dominique Attias : "ce qui différencie l’avocat d’une autre profession est son exigence d’éthique"
Le 11 février dernier, le barreau de Paris a lancé une toute nouvelle Commission "Éthique et responsabilité sociale de l'avocat", dont les travaux seront dirigés par Émilie Vasseur, membre du conseil de l'Ordre (MCO) et counsel chez Darrois Villey Maillot Brochier. Le point sur ce projet avec Dominique Attias, vice-bâtonnière du barreau de Paris.
Pourquoi avoir créé cette commission Éthique & responsabilité sociale de l’avocat ?
Dominique Attias : Ce qui différencie l’avocat d’une autre profession est son exigence d’éthique qui l’accompagne non seulement dans sa vie professionnelle mais également 24 heures sur 24. Notre bâtonnat est fondé sur l’exemplarité, l’éthique et les valeurs essentielles que nous portons. Il est fondamental de donner à l’avocat toute la place qu’il doit avoir, porteur des valeurs qu’une société démocratique transmet.
La commission aura notamment pour but de fédérer le barreau autour de valeurs éthiques et d’un Ordre responsable socialement et économiquement. Former les avocats et les avocats en devenir aux problématiques liées à la responsabilité sociale des entreprises est également une priorité, ce domaine étant source d’opportunités importantes pour les cabinets.
Nous avons à cœur également de favoriser la parité et la diversité dès l’école, déconstruire les stéréotypes et imaginer l’avocat de l’avenir.
Enfin, la commission mettra l’accent sur la promotion de toutes les actions engagées auprès du public par l’Ordre (Barreau de Paris Solidarité, Initiadroit, etc.) mais également celles portées par les cabinets et avocats individuels, qui seront sources d’exemple pour tout le barreau.
Quels sont les sujets que portera cette Commission ?
D. A. : Plutôt que « commission », je préfère parler d’engagements et de projets. Ce grand chantier de notre bâtonnat, piloté par Émilie Vasseur, membre du Conseil, s’articule autour de trois axes.
Le premier, « Éthique et responsabilité de l’élève-avocat », coordonnée par Laurence Boyer, MCO, est né du constat qu’il est impératif de sensibiliser dès l’école les futurs confrères à la responsabilité sociale, développer leur sentiment d’appartenance à la profession et renforcer les liens. L’insertion sociale des jeunes confrères sera une priorité et nous la faciliterons, par la mise en place d’un rapprochement avec l’université, la création d’une bourse d’excellence destinée à favoriser la mixité sociale, le développement d’un tutorat par les membres et anciens membres du conseil, ainsi que par tout avocat qui le souhaiterait ;
Le deuxième objectif, « Éthique et vie professionnelle », dont les travaux seront dirigés par Caroline Luche-Rocchia, MCO, est de lancer de grands travaux autour de la parité femme/homme, mener des actions concrètes pour lutter contre les discriminations, le harcèlement, et améliorer la qualité de vie au travail. Nous allons poursuivre la réflexion autour de la collaboration et lancer les premiers États généraux sur cette question, regroupant toutes les parties prenantes.
Nous avons également un rôle à jouer pour pacifier la société en nous investissant de plus en plus dans les modes alternatifs de règlements des litiges (MARL) de manière à montrer que les avocats sont là, porteurs d’éthique, pour aider leurs concitoyens. La question des MARL, leur promotion auprès du public et des avocats sera également l’un des sujets relevant de cette sous-commission ;
Enfin, pour rassembler toutes les idées et les projets liés à la place de l’avocat dans la société, Emmanuel Daoud, MCO, pilotera les actions relevant de l'« Éthique et le rôle social de l’avocat ».
La promotion de l’accès au droit grâce à l'« Avocat dans la cité », la défense des Droits de l’Homme en France et à l’international, la volonté de choisir des partenaires de l’Ordre portant des valeurs identiques aux nôtres, sont des exemples d’initiatives qui seront mises en place ou renforcées.
Nous nous devions également d’avoir une démarche liée à l’environnement et une réflexion autour du statut des réfugiés climatiques nous a semblé particulièrement intéressante. Un groupe de réflexion au sein de cette sous-commission sera dont amené à travailler à la rédaction d’une convention internationale.
Le lien entre le barreau et son Ordre devant être réaffirmé, nous avons pensé le dynamiser en donnant une impulsion supplémentaire via les associations sportives et culturelles du Palais.
Voilà les chantiers que nous allons mener en commun et que nous avons présentés le 11 février dernier devant des consœurs et des confrères enthousiastes, et dont nous connaissions déjà les engagements.
Propos recueillis par Julie Marchand