Droit pénal des affaires : la féminisation de la profession
Paru dans La Lettre des Juristes d’Affaires Magazine, N° 51 du 01/11/2017
Par Jeanne DISSET
Marie Dosé constatait sur France Inter : « Les Ténors ont des collaboratrices et non des Sopranos ». Elle évoquait le pénal, où de plus en plus de femmes s’engagent. Qu’en est-il en pénal des affaires ?
Jacqueline Laffont (1984), Emmanuelle Kneuzé (1979) et Frédérique Beaulieu (1981) ont ouvert la voie en venant du pénal. Même si elles restent minoritaires, les avocates viennent aussi de plus en plus du droit des affaires et se focalisent après sur le pénal des affaires. Nathalie Roret (1989), associée du bâtonnier Farthouat, ne traite quasiment que ce type de cas. Idem pour Nathalie Schmelck (1996), Camille Potier (1999) ou Astrid Mignon Colombet (2003).
Avec une ou deux spécificités chacune. Nathalie Roret l’explique : « Elles s’emparent volontiers de dossiers touchant la santé, l’environnement, le travail, les accidents industriels,… car elles sont à l’aise dans un argumentaire technique et rigoureux » La compliance est aussi un de leur domaine de prédilection. Devant la multiplicité des équipes mixtes, elle ajoute : « il y a une complémentarité évidente des intelligences et des expériences, utile aux clients, dirigeants et entreprises, et qu’ils apprécient. » Elle constate également « Avec la féminisation des professions de magistrats et avocats, le ton des audiences pénales a changé: moins d’effets de manches et plus de démonstrations techniques. Souvent, les femmes travaillent de façon différente et complémentaires des hommes qui sont plus dans une vision stratégique d’ensemble ; les femmes ont une approche plus « micro » du dossier ; elles le fouillent pour en connaître tous les détails ». Jean Veil confirme « Nous constatons souvent que les avocates sont plus consciencieuses que leurs confrères. En revanche, la rigueur qui est la leur freine parfois la recherche d’un accord transactionnel ».