La Chancellerie compte les avocats
Paru dans La Lettre des Juristes d'Affaires n°1418 du 28 octobre 2019
Le pôle d’évaluation de la justice civile vient de publier une étude statistique d’ampleur sur la profession d’avocat au 1er janvier 2019. Un document riche en enseignements qui indique notamment qu’en 10 ans, le nombre d’avocats a augmenté de 36%. Tour d’horizon.
L’étude parue et diffusée sur le site du ministère de la Justice compare la situation à celle qui existait il y a une dizaine d’années. Et en 10 ans, la physionomie de la profession d’avocat en France a bien changé, c’est le moins que l’on puisse dire. Les chiffres présentés frappent tout d’abord en ce qu’ils reflètent l’hétérogénéité de la profession et les particularismes locaux. Bien sûr, les particularités du barreau de Paris sont telles que presque à chaque fois, des statistiques spécifiques lui sont consacrées. Mais ce n’est pas la seule singularité des barreaux, tous différents.
Plus d’un tiers d’avocats en plus
Au premier janvier 2019, le nombre d’avocats français atteint 68 464 avocats contre 50 314 il y a 10 ans. L’effectif a donc augmenté de 36% selon les calculs de la Chancellerie. C’est bien sûr la capitale qui concentre l’essentiel de l’effectif, avec 42% de l’effectif, soit près de 30 000 avocats (29 018 exactement). Le poids de Paris est cependant écrasant, car les trois barreaux qui succèdent à celui de la capitale (ceux de Lyon, des Hauts-de-Seine et de Marseille) ne représentent, réunis, que 11% du nombre total d’avocats. L’étude de la Chancellerie met en lumière le fait que plus de la moitié des barreaux sont de « petits barreaux » dans lesquels l’effectif est inférieur à 100 avocats. Seuls 19 barreaux sur 164 ont un nombre d’avocats supérieur à 500. Le taux d’avocats par habitant, très intéressant à étudier, connaît en conséquence beaucoup de disparités selon les régions (voir la carte).
Ainsi, si les chiffres (par rapport à la population recensée en 2016) affichent une moyenne nationale de 102,6 avocats pour 100 000 habitants, cela ne doit pas masquer ces disparités. Le calcul du taux d’avocats par département montre une autre réalité puisque seulement huit départements présentent un « taux d’avocats » supérieur à 100 avocats pour 100 000 habitants. À l’exception de Paris (qui affiche un taux de 1 319 avocats pour 100 000 habitants) et les Hauts-de-Seine, les autres départements où les avocats sont nombreux sont tous situés dans le sud de la France (Gironde, Haute-Garonne, Hérault, Bouches-du-Rhône, Alpes-Maritimes et Rhône). En réalité, dans les trois quarts des départements français, le taux d’avocat se situe autour de 56 pour 100 000. C’est le département de la Meuse qui a le moins d’avocats par habitants, avec 12,1 pour 100 000 âmes, suivie de la Haute-Saône (12,7) et de Mayotte (12,8).
L’augmentation de l’effectif des avocats est sensible dans la très grande majorité des barreaux (145 sur un total de 164 barreaux), mais sur les 18 150 avocats en plus recensés depuis 10 ans, 8 214 sont inscrits à Paris, soit 45% de l’effectif supplémentaire. Les variations les plus marquées, en proportion, se retrouvent dans de petits barreaux. Libourne a ainsi gagné 77% d’avocats depuis 10 ans, passant de 39 à 69 avocats. Parmi les grands barreaux, c’est à Nantes, proportionnellement, que l’effectif a le plus progressé puisqu’en 10 ans, il compte 406 avocats de plus (63%). L’évolution est également sensible à Bordeaux (+ 56%).