CARRÉ LIVE LJA, 19 mai 2015
CARRÉ LIVE - 19 MAI 2015
« Juste coût et prévisibilité » au programme du premier Carré live de la LJA
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Crédits photos : Gilles Danger
Mardi 19 mai, la Lettre des juristes d’affaires (LJA), avec le soutien de l'AFJE, du Cercle Montesquieu et de Day One, a organisé dans les salons du Fouquet’s un petit déjeuner-débat animé par Laurence Garnerie, Rédactrice en chef, sur le thème “Juste coût et prévisibilité : ce que veulent les directions juridiques”. Extraits.
« Quel est selon vous le profil de l’avocat idéal ? » Une entrée en matière directe, à laquelle François Pinon, directeur juridique du groupe Accor et administrateur de l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE), répond sans détours. Selon lui, ce profil idéal conjugue « la qualité du travail rendu, c'est-à-dire l’expertise de l’avocat, et une attitude vis-à-vis de la rémunération, à savoir une proactivité en matière de gestion des coûts » . « Je déteste la phrase “ne vous inquiétez pas pour les honoraires, on trouvera une solution” », précise-t-il.
Une demande de prévisibilité partagée par Guillaume Nonain, vice-president legal de Brink’s EMEA et secrétaire général du Cercle Montesquieu : « L’avocat idéal doit être présentable aux yeux de ma direction générale en termes de fees et de prévisibilité. Et je veux un alignement en termes de valeurs, comme pour un membre de mon équipe. »
Cette préoccupation s’avère partagée de part et d’autre : « Un cabinet d’avocats est une entreprise comme une autre, qui doit gagner de l’argent, et nous aussi, nous avons besoin de prévisibilité », rappelle Jacques-Philippe Gunther, managing partner de Willkie Farr & Gallagher à Paris. Et de tordre le cou à l’idée selon laquelle les directions financières ou des achats des entreprises n’interviendraient dans la relation avocat / client que pour empêcher le premier de facturer : « J’aime bien avoir affaire à la direction des achats parce que ce sont des spécialistes de l’achat de services ». Avec lesquels il est donc facile d’avoir une discussion franche sur les prix.
Valeur ajoutée et juste prix
Le prix, tous s’accordent sur ce point, dépend évidemment de la valeur ajoutée de la prestation rendue. « Détacher la valeur du prix est une hérésie : le partenariat avocat-entreprise, c’est la juste valeur et le juste prix », estime Olivier Chaduteau, associé du cabinet de conseil en organisation Day One. Évidente, selon Guillaume Nonain, « quand le cabinet va au-delà des attentes en apportant des réponses innovantes ou en résolvant des situations critiques » , la valeur ajoutée d’une prestation juridique est jugée en fonction de « la capacité de l’avocat à fournir des options et une recommandation adaptées à l’entreprise, à faire corps avec le juriste d’entreprise pour prendre une business decision », poursuit François Pinon.
Les beaux jours du taux horaire
Quant à la structure des honoraires, si le taux horaire n’a pas les faveurs de Guillaume Nonain qui constate une frilosité des firmes françaises à proposer des solutions alternatives innovantes, contrairement aux cabinets des pays de l’Est, force est de constater qu’il a encore de beaux jours devant lui. D’ailleurs, pour François Pinon, il évite l’écueil du forfait qui finit toujours par défavoriser l’une des parties . « Il y a deux choses que je déteste : perdre de l’argent, et que mon conseil perde de l’argent », témoigne-t-il. Enfin, si le recours aux panels fait sens pour les très gros volumes de prestations juridiques, il est peu utilisé par ailleurs « parce qu’on ne travaille pas avec des cabinets mais avec des avocats », poursuit le directeur juridique du groupe Accor. La pratique des appels d’offres est, en revanche, bien plus fréquente et, semble-t-il, riche d’enseignements pour le client : « Nous en apprenons beaucoup sur les cabinets à travers leurs réponses », pointe Guillaume Nonain.
Dans le contexte actuel où le directeur juridique doit rendre compte de son budget à sa direction générale ou à sa direction financière, comment assurer au mieux son suivi ? Les logiciels d’e-facturation font partie des outils adoptés par certaines directions juridiques pour améliorer « le suivi, le contrôle et le reporting » budgétaire, explique Emmanuel Bertrand, business development executive de Wolters Kluwer ELM Solutions. « Et pour les cabinets d’avocats, cela permet d’accélérer le paiement des factures », ajoute-t-il.
Nouvelles offres
L’absence de mauvaise surprise, c’est là-dessus que parie, Stéphane Lefer, ancien directeur juridique et fondateur d’Oxygen+, qui propose quant à lui une offre de services innovante sur le marché français : « Le phénomène d’internalisation des prestations juridiques a été très fort ces vingt dernières années et je constate que les directions juridiques sont arrivées à une forme de palier en termes de recrutement et qu’elles ont désormais des difficultés à faire face à des besoins ponctuels, explique-t-il. Oxygen+ propose aux directions juridiques des missions de juristes ou d’avocats qui vont travailler pendant trois ou six mois sur un sujet donné. Cela coûte plus cher qu’un salarié – entre 10 000 et 20 000 euros par mois – mais moins qu’un cabinet d’avocats classique. »
Autres pratiques, pour la plupart d’origine anglo-saxonne, qui tendent à se développer au sein des directions juridiques : « Le recours aux LPO, le partage de contract lawyers à mi-temps (…), les consortiums de clients qui négocient ensemble une étude à un cabinet (…), la direction juridique de BT qui a obtenu une licence [le statut d’alternative business structures, nblr] pour conseiller des clients internes et externes… », énumère Olivier Chaduteau. « Ça n’a rien à voir avec la crise, poursuit-il. Cela tient au fait qu’il faut travailler différemment aujourd’hui. C’est une recherche d’efficience. »
M. L.
Ont participé à ce débat :
- Emmanuel BERTRAND, Business Development Executive, Wolters Kluwer ELM Solutions,
- Olivier Chaduteau, associé Day One.
- Jacques-Philippe GUNTHER, Associé Droit de la Concurrence et Managing Partner, Willkie Farr & Gallagher,
- Stéphane LEFER, Managing partner, Oxygen+,
- François PINON, Administrateur de l’AFJE et Directeur Juridique, groupe Accor,
- Guillaume NONAIN, Vice-président et Secrétaire Général du Cercle Montesquieu, Vice-President Legal Brink's EMEA.
Ce moment privilégié d’échanges a été animé par :
Laurence Garnerie, rédactrice en chef de la LJA.
En partenariat avec :
Avec le soutien de :
Informations pratiques
DATE
Mardi 19 mai 2015
Conférence de 8h30 à 10h30
LIEU
Hôtel Fouquet’s Barrière
99 Avenue des Champs-Elysées
75008 Paris