Le CMAP récompense les "talents de médiateurs" de demain
Le 17 mars dernier, dans les locaux du cabinet Latham & Watkins, a eu lieu la cérémonie de remise des prix du concours international francophone de médiation, organisé par le Centre de médiation et d'arbitrage de Paris (CMAP). 84 étudiants, français et étrangers, sont venus défendre leurs aptitudes à mener un processus de médiation. Récit de l'évènement avec Fanny Bloy, responsable de l'organisation du concours.
Comment se déroule le concours ? En quoi consistent les épreuves ?
Fanny Bloy : Dans le cadre du Concours international francophone de médiation, organisé par le CMAP, chaque année depuis 8 ans, des étudiants venus de différentes universités, écoles de commerce, écoles d’avocats, écoles de droit de France et de l’étranger s'affrontent dans une série de médiations simulées, dans lesquelles ils jouent le rôle du médiateur. Chaque session dure une heure et demie : une heure de médiation, un quart d’heure de notation et un quart d’heure de débriefing. En 2016, le CMAP a ainsi organisé la 8° édition de ce concours.
Les épreuves se tiennent au sein de cabinets d’avocats qui prêtent gracieusement des salles de réunion pour le concours. Cette année, les médiations se sont déroulées au sein des cabinets Bird & Bird, K&L Gates, Hogan Lovells et Latham & Watkins.
"Près de 120 professionnels et plus de 60 médiateurs se déplacent
chaque année sur les quatre jours du concours pour juger les étudiants"
Lors des sessions de médiation, l’étudiant prend le rôle de médiateur et les parties sont jouées par deux professionnels issus des mondes juridique, économique et judiciaire (directeur général, directeur juridique, DSI, DRH, avocats, magistrats, experts-comptables…) permettant ainsi de donner une approche pratique à la médiation. Ces deux professionnels, qui ont joué le rôle des parties, deviennent, à l’issue de la médiation, membres d’un jury, dont le président est un médiateur agréé du CMAP qui a observé le processus. Près de 120 professionnels et plus de 60 médiateurs se déplacent chaque année sur les quatre jours du concours pour juger les étudiants.
Chaque équipe (formée de 1 à 4 personnes et parmi la quarantaine d’équipes inscrites chaque année) passe deux fois lors de la journée de qualification. Les vingt équipes les plus performantes sont ensuite qualifiées pour les quarts de finale. Uniquement cinq équipes sont retenues pour les demi-finales. Enfin, les deux meilleures équipes se présentent à la finale pour une heure de médiation chacune. La finale est ouverte au public et plus de 150 personnes assistent aux deux médiations. À ce stade, le jury est composé des représentants des cabinets d’avocats partenaires du concours.
À l’issue du Concours, sont décernés les prix suivants : pour le 1er prix, une formation de 56 heures à la médiation Inter-entreprises du CMAP d’une valeur de 3 600 € H.T ; pour le 2e prix : un stage dans le cabinet d’avocats Lexavoué ; pour le 3e prix : un stage de 3 mois au CMAP. Par ailleurs, de nombreux ouvrages de référence en matière de médiation sont offerts aux participants.
Qui sont les lauréats du 1er prix cette année ? Comment ont-ils fait la différence ?
F. B. : Cette année, la finale a été disputée entre une équipe de l’HEDAC (Haute école des avocats conseils)- composée de François Six (qui a joué le rôle de médiateur lors de la finale), Manuela Ebolo et Lylia Lanasri - et une équipe de l’EDHEC (École des hautes études commerciales du nord), composée par Henri Vercasson. Les parties étaient jouées par deux avocats-médiateurs, Anne Bourdu et Laurent Samama. Le jury de la finale était composé des représentants des cabinets d’avocats partenaires du CMAP : Sophie Crépin (Lexavoué, sponsor du concours), Marion Barbier (Bird & Bird), Olivia Bernadeau-Paupe (Hogan Lovells), Valence Borgia (K&L Gates) et Fabrice Fages (Latham & Watkins).
Après deux médiations très vivantes, le 1er prix a été attribué à l’équipe de l’HEDAC. Les membres du jury se sont accordés et ont estimé que, durant sa session de médiation, François Six avait su mettre en avant les qualités nécessaires à un bon médiateur.
Après une introduction exhaustive des principes directeurs de la procédure de médiation, objectifs et principes fondamentaux, François Six a su mener les parties afin qu’elles déterminent elles-mêmes l’objet de leur litige au travers d’une gestion du dialogue adéquate, en intervenant de manière pertinente par des questions ouvertes et en reformulant de manière exacte et claire les dires des parties. Une fois l’objet du litige déterminé, l’étudiant médiateur a permis aux parties d’identifier les vrais enjeux de leur désaccord. Par manque de temps, les parties n’ont pas pu arriver à un accord mais ont convenu de poursuivre la médiation lors d’un prochain rendez-vous.
"Notre concours vise également des chefs d'entreprise [...] qui, de par leur activité,
sont susceptibles de rencontrer des différends"
Vos concours au CMAP s’adressent avant tout aux étudiants. Pour quelle(s) raison(s) privilégiez-vous ce public ?
F. B. : Les concours du CMAP, notamment le Concours international francophone de médiation, ont pour objectif premier de découvrir de nouveaux talents de médiateurs parmi des étudiants, français et étrangers, futurs avocats, chefs d’entreprise, magistrats… Cependant, soucieux d’initier les professionnels d’aujourd’hui à la pratique de la médiation, notre concours vise également des chefs d’entreprises, des avocats, des juristes… qui, de par leur activité, sont susceptibles de rencontrer des différends. Chaque année, près de 120 professionnels et plus de 60 médiateurs viennent ainsi participer aux 107 médiations simulées du concours. Le rôle de partie au litige nécessite une implication des professionnels, qui découvrent les cas fictifs avant le concours et qui doivent venir préparés le jour de leur session. Cette implication démontre bien l’avancée de la médiation dans la société actuelle.
La finale, ouverte au public, permet également de présenter ce mode alternatif de règlement des conflits aux professionnels soucieux de mieux gérer leurs différends.
Ce concours est pour nous, CMAP, un moyen de faire découvrir la médiation, au travers de conflits commerciaux simulés, à des professionnels actifs et aux étudiants, professionnels de demain.
Propos recueillis par Julie Marchand