Employabilité des directeurs juridiques : le Cercle Montesquieu crée une commission pour "repenser la fonction"
Après avoir mis en place une commission DJ au féminin en 2013, le Cercle Montesquieu vient de créer une commission Employabilité des directeurs juridiques. Une façon de promouvoir à la fois le développement de carrière et d'aider chacun à rester dans la course de l'emploi. Explications avec Brigitte des Abbayes, directrice juridique d'Oracle, et Renalda Harfouche, directrice juridique EMEA d'Ipsos, qui animent cette nouvelle commission.
Pourquoi le Cercle Montesquieu a-t-il ressenti la nécessité de créer une commission Employabilité des directeurs juridiques ?
Brigitte des Abbayes et Renalda Harfouche : Nous ne partons pas de zéro. Déjà depuis deux ans, le Cercle avait créé un groupe de travail Carrière et Emploi qui avait jeté les bases d'une réflexion sur le sujet et sur lesquelles nous entendons bien capitaliser. Nous avons voulu aller plus loin et inscrire notre démarche dans un cadre dynamique, prospectif et proactif de façon à repenser la fonction juridique de demain. Le monde des services juridiques aux entreprises bouge. Après l'entrée des DJ au comité de direction et leur consécration comme business partner, il nous faut maintenant nous adapter à la transformation digitale et à de nouveaux modes d'exercice des fonctions support (temps partagé, management de transition, délocalisation, mission de conseil, etc.) adaptés aux besoins d'agilité des entreprises. C'est aussi un service que le Cercle a voulu offrir à nos membres, à l'instar de toutes les associations d'anciens élèves des grandes écoles.
La commission a pour but de permettre aux directeurs juridiques de s'adapter aux nouvelles évolutions du droit. De quels types d'évolution s'agit-il ?
B. des A. et R.H. : Il faudrait plutôt parler d'évolutions de l'offre de services juridiques, de leur modes d'exercices et des besoins des entreprises. Parmi ces évolutions, le numérique a déjà fait son entrée depuis quelques années. Il facilite incontestablement le développement de modes alternatifs de consommation des services juridiques pour les entreprises à commencer par le recours aux services délocalisés et externalisés. Parmi les évolutions, on pourrait aussi citer la tendance fondamentale au rapprochement des professions juridiques même si quelques corporatismes d'arrière garde subsistent encore.
Les directeurs juridiques bougent traditionnellement peu dans leur carrière. Cela les rend-il moins adaptables à un nouveau poste ?
B. des A. et R.H. : Cette affirmation tend à être nuancée. D'un côté, les tensions sur le marché de l'emploi en général tendent, il est vrai quelle que soit la profession, à figer le marché et à freiner la mobilité. De l'autre, le jeu des fusions-acquisitions et des concentrations d'entreprise qui occasionne des suppressions ou des regroupements de postes souvent en milieu de carrière, semble de plus en plus avoir raison de la notion même de "fidélité" du directeur juridique, laquelle pourrait se trouver remise en cause surtout par les plus jeunes d'entre nous.
Y a-t-il beaucoup de directeurs juridiques à la recherche de poste actuellement ?
B. des A. et R.H. : S'il est exact que tous les métiers font face à un marché tendu depuis plusieurs années, nous n'avons cependant pas d'alerte particulière à ce sujet au niveau du Cercle Montesquieu. Ce n'est d'ailleurs pas un indicateur que le Cercle suit; nous ne disposons donc pas de chiffres pour le moment. On peut toutefois raisonnablement penser que notre fonction suit la tendance du marché des emplois de même catégorie.
Propos recueillis par Laurence Garnerie