Santé & transformation numérique, l'avis de Jean-François Gendron
Santé & transformation numérique, l'avis de Jean-François Gendron, Président, French Healthcare
Comment le numérique a-t-il révolutionné le secteur de la santé ?
L’impact du numérique est visible dans tous les domaines de la santé : la prévention et le suivi avec les objets et dispositifs médicaux connectés qui permettent la surveillance des patients ou des personnes âgées à domicile ; la télémédecine bien sûr, avec une prise en charge par l’Assurance maladie de la téléconsultation et de la téléexpertise depuis le 15 septembre 2018 ; la chirurgie robotique, avec notamment le robot Da Vinci qui équipe de plus en plus d’établissements en France ; le traitement des données médicales par des supercalculateurs, tels IBM Watson qui diagnostique des cancers… Les services rendus aux patients et les pratiques des professionnels évoluent rapidement avec les avancées du numérique. La filière française du numérique en santé représenterait aujourd’hui 30 000 emplois et 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Logiquement, les perspectives à l’international pour les entreprises et établissements français évoluent également. Le numérique est d’ailleurs transversal aux groupes de travail actuels de French Healthcare (Hôpital, Maladies chroniques, Cancer, Technologies médicales, Accueil de la patientèle internationale).
Le cadre réglementaire est-il un frein à cette révolution numérique ? Ou est-il davantage un gardien d’une révolution pérenne et plus réfléchie ?
Pour être pérenne, la « révolution numérique » se doit d’être réfléchie et encadrée. Si on lie l’usage des technologies numériques à des objectifs d’amélioration de la santé, il est par exemple essentiel de se pencher sur la fracture numérique, à l’échelle du monde mais aussi de notre pays. Tous les Français n’ont pas accès à internet, et parmi les internautes tous n’ont pas accès au haut débit, ce qui les prive de facto de télémédecine. Si on souhaite que les patients s’approprient ces nouveaux outils, se prennent davantage en charge et participent à la télésurveillance de leurs maladies chroniques, il faut leur assurer que leurs données médicales sont en sécurité et correctement utilisées. Tout cela fait partie d’un contrat social – peut-être pas suffisamment explicite - autour du développement du numérique.
Quel sera le visage de la santé de demain ?
Les perspectives sont importantes en matière de décryptage du génome et de réparation des gènes, de prévention et de diagnostic avec l’intelligence artificielle, d’impression d’organes en 3D et de médecine régénératrice, de progrès de la robotique, d’interventions plus nombreuses en ambulatoire… Ces évolutions apporteront bien sûr leur lot de questionnements éthiques, autour de l’allongement de la durée de vie, du déferlement de connaissances en dehors du cabinet médical et sans la supervision d’un médecin, du sentiment de « toute-puissance » qui pourrait naître et de ses dérives… Des sujets passionnants !