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Reconversion : le retour en force des vieux métiers

Par William Cargill, Founder, Deinceps

D’avocat d’affaires à encadreuse de tableaux, maître verrier ou tapissier, les vieux métiers font aujourd’hui un retour en force marqué dans les projets de reconversion, à contre sens de ce qui se produisait jusqu’à présent.

A cela, des causes aussi nombreuses que profondes qui touchent aussi bien à des erreurs d’orientation initiale qu’à des lassitudes et le besoin de retrouver du sens ou la satisfaction de faire.

De l’erreur d’orientation à la lassitude

Dans mes accompagnements quotidiens en reconversion professionnelle, je suis surpris du nombre de personnes qui sont arrivées dans leur métier par hasard : « je ne savais pas quoi faire ». Certains envisageaient d’exercer un « métier Playmobil », comme le disait l’une de mes clientes, c’est-à-dire un métier facilement identifiable comme orfèvre, pâtissier, ébéniste, etc. Bref, un métier dans lequel un enfant peut se projeter, à l’inverse de métiers qui relèvent plus du hasard de parcours ou d’un accident de la vie : quel enfant, en effet, rêverait de devenir analyste crédit, responsable flux transverses ou juriste titrisation ? 

Au-delà des erreurs d’orientation, on retrouve souvent une forte lassitude face à des activités professionnelles qui semblent s’être vidées de leur contenu : beaucoup passent plus de temps en réunion, à planifier ou à coordonner qu’à faire ce à quoi ils s’étaient destinés. 

Le manque de perspectives professionnelles, de reconnaissance des entreprises face aux investissements consentis par les collaborateurs et l’éloignement des métiers du tertiaire face aux préoccupations du quotidien et aux besoins profonds des individus poussent certains à envisager un changement radical d’orientation. Et ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers de vieux métiers jusqu’alors peu valorisés. 

Des causes qui touchent aux besoins profonds de l’être humain

Les raisons qui incitent à se reconvertir dans des métiers souvent manuels qui s’acquièrent par un apprentissage plus que par des diplômes sont le plus souvent liées à des besoins profonds de l’être humain qui refont surface dans un contexte ou la logique de carrière a pris le pas sur l’accomplissement de soi.

On pourrait classer ces raisons en deux catégories : les pourquoi et les pour quoi. Dans la catégorie des pourquoi, viennent le plus souvent lassitude, perte de sens, « marre de la pression », horaires imprévisibles et à rallonge, violence de l’univers professionnel, manque de considération et de reconnaissance… Les raisons ne manquent pas.

Dans la catégorie des pour quoi, le besoin d’être en phase avec ses convictions, de faire un métier utile, qui ait du sens, redonner un sens à sa vie, gagner en autonomie et en équilibre de vie sont les principaux moteurs… Mais il en est un autre, plus récent, qui est de faire un métier concret, basé sur une pratique manuelle utilisant de vrais outils et matériaux et produisant des résultats tangibles, concrets et dont l’utilité est directement perceptible. Loin des bullshit jobs jugés inutiles, superflus voire néfastes et dont le quotidien n’apporte aucune satisfaction personnelle, les vieux métiers retrouvent ainsi un attrait qu’ils avaient perdu depuis longtemps. 

Pour entamer sa reconversion : se poser les bonnes questions

Mais entamer une reconversion vers un vieux métier n’est pas chose aisée. La première étape consiste sans conteste à se poser les bonnes questions : identifier le fil rouge de sa vie, remettre l’église au milieu du village en se mettant au clair sur ses priorités, faire le tri entre aspirations profondes et superflu (ou encore différencier les must have des nice to have), identifier zones de confort et d’inconfort, ses valeurs et objectifs de vie, …

Ces questions vont permettre de démêler la pelotte et de faire le tri pour identifier le métier qui vous convient réellement.  Une fois le métier choisi, reste à trouver la bonne formation !

Bien choisir sa formation

Le choix de la formation et de l’établissement ou la suivre est tout sauf anodin. Dans les métiers d’artisanat et de pratique manuelle, la qualité du formateur et de la pédagogie mise en œuvre, la durée de l’apprentissage, le cadre dans lequel elle est dispensée, la reconnaissance de l’établissement et de ses enseignants par les pairs sont autant de facteurs de succès pour l’exercice du futur métier. Le prix et la durée de la formation constituent souvent un obstacle à la reconversion : le prix de la formation elle-même et le temps mis pour pouvoir commencer à vivre de son métier se révèlent parfois un véritable casse-tête. 

Heureusement, les choses évoluent dans le bon sens de ce côté-là et de plus en plus de financements sont alloués aux métiers de l’artisanat qui, non contents d’avoir le vent en poupe, se retrouvent face à un véritable défi : pour survivre, leur transmission doit être assurée avant le départ à la retraite des baby-boomers.

L’apprentissage, une étape difficile mais qui est la clé du succès 

La transmission du savoir-faire et des techniques est précisément au cœur du sujet lors d’une reconversion vers un vieux métier, car elle est la clé d’un apprentissage réussi. Si le maître ne forme pas correctement son apprenti, celui-ci ne pourra jamais acquérir la parfaite maîtrise de son art. 

Les vieux métiers impliquent donc une phase d’apprentissage qui peut être non seulement longue selon le degré de technicité du métier, mais également difficile à vivre. Pas facile, à 40 ans, de se retrouver apprenti et d’obéir à un patron qui, certes vous forme et vous permet d’apprendre votre nouveau métier, mais qui vous traite également comme un simple apprenti, qui ne sait donc pas faire grand-chose. Cette phase d’apprentissage peut se révéler très difficile à supporter selon la personnalité du patron (et de l’apprenti), et il est donc indispensable de garder une vigilance particulière sur ce point, surtout si vous avez du mal avec l’autorité et les consignes directives. Une cuisine, par exemple, est organisée en brigade, et ce terme n’est pas issu du monde militaire par hasard. 

La phase d’apprentissage est donc cruciale, et il ne faut surtout pas chercher à trop la raccourcir, même si la tentation est parfois grande de pouvoir, enfin, exercer son nouveau vieux métier. 

C’est donc au prix d’une réflexion approfondie, d’une mise au clair ne laissant plus place aux équivoques, d’une formation de qualité et d’un apprentissage le plus souvent long et exigeant que vous pourrez enfin vous épanouir comme boulanger, maître verrier, restaurateur de fresques, encadreur de tableaux ou autre glypticien. 
 

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