William Feugère : "Les avocats doivent investir l'entreprise et Internet"
Les avocats ont développé de nombreux nouveaux métiers ces dernières années (CIL, mandataire immobilier, mandataire immobilier, fiduciaire…). Quels sont les marchés sur lesquels ils devraient prendre pied aujourd'hui ?
William Feugère : Il faut en premier lieu approfondir ces marchés, les investir pleinement. Ils ne sont pour le moment qu'émergents. La profession doit renforcer sa communication à cet égard, interne au profit des avocats, mais surtout externe, pour faire connaître ces compétences de la profession. Au-delà, ce sont moins de nouveaux marchés que de nouveaux territoires qu'il faut investir. J'en vois deux : l'entreprise et Internet. Résoudre la question de l'exercice de l'avocat auprès et au sein de l'entreprise est une nécessité pour que la profession soit adaptée aux défis de demain, aux attentes des clients, aux espoirs des jeunes avocats. Investir Internet est un devoir pour garantir l'accès au droit pour tous. Le CNB va d'ailleurs mettre en place une plateforme numérique.
Les États généraux du droit des affaires mettent en avant la nécessité d'innover pour la profession. Cependant, la déontologie à laquelle les avocats sont soumis ne constitue-t-elle pas souvent un frein à cette innovation ?
W.F. : Au contraire. La déontologie des avocats permet en réalité toutes les évolutions. Aussi ancienne soit-elle, elle se révèle d'une étonnante modernité. Le secret, le refus du conflit d'intérêts, l'indépendance, ce ne sont pas des freins mais des moteurs.
Un atelier sur le droit collaboratif est prévu. Si ce mode de résolution amiable est pratiqué en droit de la famille, il reste méconnu en droit des affaires. Comment le développer davantage au sein de l'entreprise ?
W.F. : Le législateur va nous y aider, puisqu'il est prévu que les cas de recours à la procédure participative soient encore étendus. À nous également de communiquer sur le rôle fondamental des avocats de prévention et de résolution des conflits. Notre connaissance du contentieux ne nous incite pas à laisser nos clients s'y enferrer mais au contraire à leur éviter ce qui est en réalité toujours une forme d'échec.
L.G.