TF1 boucle le rachat de Newen
Cet article a été publié dans LJA Le Magazine n°45 novembre/décembre 2016
Plus belle la vie, Faites entrer l’accusé, Versailles, Candice Renoir, Braquo… Ce sont quelques-unes des séries et émissions produites par le groupe Newen, fondé en 2008 par le charismatique Fabrice Larue. Newen, c’est 1 300 heures de programmes par an, plus de 30 sociétés de production et un catalogue de plus de 5 000 heures de programmes. « C’est un secteur en consolidation, mais aussi en révolution perpétuelle en raison des nouveaux acteurs comme Netflix, relève Stéphane Huten, associé d’Hogan Lovells à Paris, qui a conseillé la société de production sur ce dossier. Cela impose aux acteurs du marché de développer des stratégies audacieuses et de se tourner vers l’international. D’où le choix de Newen d’ouvrir une nouvelle page de son histoire en s’adossant à un partenaire puissant pour trouver les ressources nécessaires à sa stratégie internationale et digitale. »
Le principal client de Newen est France Télévisions. C’est pourquoi le monde médiatique s’est ému lorsque TF1 a manifesté son intérêt pour la société de production et annoncé en novembre 2015 un accord sur le rachat de Newen via une entrée au capital de la holding FLCP (Fabrice Larue Capital Partners) à hauteur de 70 %, le reste demeurant entre les mains des actionnaires actuels et, notamment, des dirigeants. « Newen était un actif très convoité par plusieurs acteurs, poursuit l’avocat. Bien qu’étant un très grand groupe coté, TF1 a su réagir vite et convaincre Newen de la crédibilité de son projet. »
L’Autorité de la concurrence donne son accord le 21 janvier 2016, estimant qu’il n’y avait aucune atteinte à la concurrence (ni effets horizontaux ou verticaux). Elle précise toutefois que son agrément repose également sur l’engagement pris par le président du groupe TF1, dans une lettre de janvier 2016, « de développer les activités de Newen », de n’interférer « en aucune manière dans les relations contractuelles du producteur avec France Télévisions », et de ne pas faire « obstacle à la poursuite des productions en cours et des projets à venir ». Un engagement si important aux yeux de l’autorité qu’elle décide de l’annexer à sa décision. Toute l’économie de l’opération a précisément résidé dans la capacité des deux partenaires à s’entendre sur une gouvernance taillée sur mesure. « Dans une opération classique d’acquisition à hauteur de 70 %, l’acquéreur exige tous les pouvoirs, explique Stéphane Huten. Ici, les partenaires ont su mettre en place un système subtil de comitologie permettant un partage de pouvoirs. C’est de l’ingéniosité juridique mais c’est surtout l’intelligence des parties. » Le même travail a été réalisé sur la structure d’investissement : « Nous avons mis en place des clauses de rendez-vous régulières pour évaluer l’intérêt social et décider comment le faire prospérer. Là encore, les parties ont parfaitement su dépasser le traditionnel “je veux le maximum de pouvoirs” ».