TECHNO FUSION
[Billet]
Par Miren Lartigue, Rédactrice en chef de LJA Le Magazine
DROIT 2.0 : c’est le titre de l’ouvrage publié fin 2015 par Bruno Dondero, professeur de droit à l’université Paris I, dans lequel l’auteur dresse un état des lieux et pointe les enjeux de l’apprentissage et de la pratique du droit en France au XXIe siècle. “Juriste 4.0” : c’est le thème sur lequel l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE) a choisi, en janvier dernier, de placer les débats de son assemblée générale annuelle. Bien qu’indépendantes, ces deux initiatives issues des mondes académique et professionnel ont, outre leur simultanéité, beaucoup en commun : elles visent à encourager tous les juristes, des plus jeunes aux plus confirmés, à s’appuyer sur la technologie pour gagner en agilité et en valeur ajoutée pour leurs clients. À cette vision partagée est venue se greffer l’idée de collaborer pour créer un MOOC sur la réforme du droit des contrats. Moins d’un mois après sa mise en ligne, le massive open online course réalisé par le professeur Dondero et l’AFJE enregistrait 13 000 inscrits.
Que va-t-il résulter de ce brassage des cultures et de cette hybridation des techniques ?
Au même moment, l’association Open Law lançait un nouveau programme d’innovation collaborative autour de l’économie numérique du droit. Ce dernier se décline en une série de projets visant à mieux intégrer les mutations technologiques dans la prestation des services juridiques afin de contribuer à une meilleure pratique du droit. Pour y parvenir, la démarche consiste à rapprocher les professionnels du droit et les legal tech, à faciliter les interactions entre ces deux mondes plutôt enclins à s’ignorer, voire à se regarder en chiens de faïence.
Quand on observe le mouvement amorcé depuis peu sur le terrain de l’innovation numérique en France, tout porte à croire que les acteurs du monde du droit sont en train de passer un cap. Au fil des mois, les initiatives basées sur la collaboration entre l’université, les praticiens et les legal tech se multiplient. Que va-t-il résulter de ce brassage des cultures et de cette hybridation des techniques ? Un bric-à-brac de projets noyés dans un magma juridico-numérique ? Une combinaison de solutions innovantes imprégnées des forces de chaque discipline ? Reste que si l’objectif – faire en sorte que les professionnels du droit deviennent des professionnels des technologies du droit – est ambitieux, il paraît de moins en moins hors d’atteinte.