Radiographie 2016 : "les cabinets d'avocats d'affaires doivent se structurer comme des entreprises"
Quels sont les principaux enseignements de cette édition ?
Caura Barszcz : La principale information de l’enquête est que la reprise, dont 2014 avait dessiné les prémices, s’est confirmée pour les cabinets d’avocats d’affaires en 2015. Néanmoins, la croissance est loin des taux à deux chiffres qu’elle affichait avant la crise de 2008 puisqu’elle se situe autour de 5 à 7%. Par ailleurs, elle reste instable et ne concerne pas toutes les catégories de cabinets. En outre, de nombreuses interrogations se posent sur l’exercice 2016-2017, en raison des élections à venir aux États-Unis, en France et en Allemagne, et du Brexit.
Quels types de structures ont le mieux tiré leur épingle du jeu ?
C. B. : C’est très inégal suivant les groupes de cabinets. Les structures comptant entre 30 et 50 productifs sont celles qui ont majoritairement enregistré une hausse de leur activité durant les deux dernières années. Elles sont assez équipées pour répondre aux besoins des dossiers les plus structurés et encore assez souples pour ne pas souffrir d’une surcharge. Parmi les Français, à Paris, des cabinets comme Nomos, Racine ou UGGC ont très bien marché. De même pour Cornet Vincent Ségurel en région ou CMS Bureau Francis Lefebvre à Lyon. Certaines firmes anglo-saxonnes plus importantes, comme Herbert Smith Freehills, Hogan Lovells ou DLA Piper, ont également connu un bel exercice et affichent des ratios en hausse, que ce soit en termes de chiffres d’affaires, de rentabilité et de management.
Quelles sont les pratiques qui ont le plus porté les cabinets en 2015 ?
C. B. : Il y a eu une reprise du transactionnel mais la taille des opérations n’a plus rien à voir avec celle des transactions antérieures à 2008. Le contentieux et le droit public ont également bien marché. Par ailleurs, la cybersécurité, la santé alimentaire ou l’environnement sont des pratiques émergentes.
Pour la première fois, un quart des cabinets ont facturé aux clients des services délivrés par des non avocats. Comment cela s’explique-t-il ?
C. B. : C’est une tendance de fond : les cabinets doivent se structurer comme des entreprises.
Après la crise, ils ont été obligés de remettre en question leur modèle. Ils ont réalisé que, pour répondre aux besoins du client, ils avaient besoin de proposer d’autres compétences que celles des avocats. Cela a pris la forme soit de structures d’outsourcing comme on en voit se développer à Belfast, soit de recrutements de nouveaux profils : ingénieurs, informaticiens, économistes… Cela correspond à l’idée que le cabinet d’avocats est désormais un partenaire business et pas seulement un sachant juridique.