
Le prix de la vérité

[Billet]
Par Laurence Garnerie, Directrice de la rédaction
Les lanceurs d’alerte sont les Zorro des temps modernes. Hier décriés parce qu’assimilés à des délateurs, ils sont aujourd’hui un symbole de justice et de transparence au sein de l’entreprise. Si l’ensemble des pouvoirs publics s’accordent sur la nécessité de mieux les protéger contre les poursuites d’anciens employeurs dont ils auraient divulgué les secrets honteux, les avis divergent en revanche sur la gratification dont ils devraient bénéficier. Ainsi, invité de l’émission Cash Investigation sur France 2 le 5 avril dernier, le ministre des Finances, Michel Sapin, s’est déclaré favorable à leur rémunération dans les affaires de fraude et d’évasion fiscales. Une opinion à laquelle ne s’est pas rangé le Conseil d’État, lequel, dans son rapport du 13 avril, y a vu un risque de favoriser les comportements abusifs. « Les lanceurs d’alerte sont en effet confrontés de manière inattendue à un comportement fautif ou à un risque, n’en font donc pas une activité habituelle et agissent dans l’intérêt général et non pour obtenir une rémunération », ont argumenté les sages du Palais Royal. Rappelant que, pour eux, la vérité n’a pas de prix.