Du climat (et) des affaires
[Billet]
Par Miren Lartigue, Rédactrice en chef LJA Le Mag
Il a beaucoup été question de climat ces derniers temps en France. En décembre, alors que la COP 21 réunissait à Paris la communauté internationale pour tenter de contenir la surchauffe de la planète, le pays était plongé dans un climat de peur et de stupeur après les attentats qui ont ensanglanté la capitale. Dans le même temps, cet hiver glaçant pour la nation a bénéficié d’une météo inhabituellement douce pour la saison. De fait, 2015 a été déclarée l’année la plus chaude depuis le début du XXe siècle. La température moyenne de la planète a atteint le plus haut niveau jamais enregistré depuis 1880 : presque 15° C. Les termes de l’accord signé au terme de la Conférence de Paris prévoient de limiter le réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C d’ici 2100.
Il existerait une température moyenne annuelle idéale à laquelle la productivité de l’économie atteindrait son pic : 13° C
Du côté du climat des affaires, l’Hexagone commence à entrevoir une petite éclaircie. Selon la dernière note de conjoncture de l’Insee (décembre 2015), « l’amélioration du climat des affaires depuis le début de l’année et la hausse rapide du pouvoir d’achat des ménages suggèrent une augmentation progressive de la croissance en France. Les attentats meurtriers du 13 novembre à Paris conduisent pourtant à modifier ce scénario à court terme. (…) Au premier semestre 2016, ces effets ne pèseraient quasiment plus sur la croissance. (…) Par ailleurs, la situation financière des entreprises, qui s’est déjà fortement redressée en 2015, s’approcherait encore un peu plus de sa moyenne d’avant-crise. »
Pourquoi parler business et météo ? Existe-t-il un lien entre les deux ? Oui, si l’on en croit les chercheurs des universités de Stanford et Berkeley qui ont publié l’automne dernier dans la revue Nature une étude sur les corrélations entre les fluctuations du thermomètre et l’évolution du PIB dans 166 pays, entre 1960 et 2010. Il en ressort qu’il existerait une température moyenne annuelle idéale à laquelle la productivité de l’économie atteindrait son pic : 13° C. Si ces scientifiques disent vrai, la planète est déjà en surchauffe sur le plan économique. Et l’objectif de la feuille de route adoptée lors de la Conférence de Paris sur le climat ne permettra pas d’atteindre ce nombre d’or économique idéal.
* Global non-linear effect of temperature on economic production, publié sur le site de la revue Nature le 21 octobre 2015.
Retrouvez ce billet dans le dernier numéro de LJA Le Mag (janvier/février 2016)