Compliance officer : une fonction entre business partner, juriste et auditeur
Scandales financiers, crise judiciaire, exigences légales de transparence : la compliance a le vent en poupe. Pour preuve : le cabinet de recrutement Fed Legal a multiplié par deux les embauches de compliance officers sur le premier semestre 2015 par rapport à 2014. C'est ce qu'il a révélé lors d'une matinale qu'il a organisée en juin dernier et sur laquelle il vient de publier une note.
Néanmoins, parce que les contours de la compliance se sont dessinés à la suite d'accidents de parcours, ils restent encore flous (la traduction française de "conformité" est elle-même réductrice) et très différents d'un secteur d'activité à l'autre, voire d'une entreprise à l'autre. Ainsi, si la finance emploie près de la moitié des candidats "compliance" rencontrés par Fed Legal, l'industrie n'en embauche que 31 % et les services 21 %. Une tendance qui s'explique par la maturité de la fonction de compliance officer au sein des banques, qui sont les premières à l'avoir imposée en interne.
Une fonction aux confins des directions de l'entreprise
Dans les grandes lignes, les tâches du compliance officer se divisent en trois étapes : l'élaboration de la politique compliance qui nécessite d'être proche du business et donc de la direction de l'entreprise ; la formation des équipes opérationnelles sur les règles de compliance, qui l'oblige à être proche de la direction juridique, garante de la mise en œuvre des mesures légales et réglementaires ; et le contrôle, qui le rapproche alors de l'audit. Soit une dimension multi-cartes qui explique les disparités de rattachement au sein de l'entreprise. Ainsi, 45 % des compliance officers rencontrés par Fed Legal depuis 2010 sont rattachés à la direction générale et ses différentes instances (présidence, DG, secrétariat général), 37 % à la direction juridique, et seulement 6 % à la direction administrative et financière.
Indépendance
Parce que la compliance est un élément du gouvernement d'entreprise, son impulsion doit néanmoins être donnée par la direction générale, explique Fed Legal. Cependant, pour que la fonction soit optimale, le compliance officer doit faire preuve d'indépendance. Ainsi, "s'il est indéniable que le compliance officier doit être un business partner dans le cadre de la politique compliance, il se doit d'être inflexible lors de sa mise en œuvre" , insiste le cabinet de recrutement.
Évolution de carrière
Concernant le profil des candidats à cette fonction, Fed Legal constate que 65 % d'entre eux ont au moins 7 ans d'expérience et sont venus à la compliance en deuxième partie de carrière, après une expérience en finance, audit interne ou juridique. Quant à leur évolution, le cabinet relève deux types de perspective : la fonction juridique (concurrence, relations institutionnelles, lobbying, juriste...) ou la fonction de contrôle interne et financière.
L.G.