92 % des PME sont satisfaites de leurs avocats
Lors de l'assemblée générale du Conseil national des barreaux (CNB) des 20 et 21 novembre derniers, l'Observatoire de la profession d'avocat a présenté l'étude "PME et Avocats" , réalisée par l'Institut Think et Nabis Conseil.* Présentation des grandes lignes avec le président de l'Observatoire Louis-Georges Barret.
L’étude menée par l’institut Think pour l’Observatoire du CNB montre que les chefs d’entreprise ont une image positive des avocats à 92 %. C’est une bonne nouvelle qui va à l’encontre des idées reçues sur la perception de la profession par le grand public…
Louis-Georges Barret : Oui, il y a une marge entre l’image générale de la profession, véhiculée notamment par les médias, et l’image particulière des avocats. En réalité, les clients sont satisfaits. Par exemple, 66 % des entreprises interrogées soulignent le professionnalisme de leurs avocats et 53 % leur fiabilité. Il faut donc communiquer sur ces bons chiffres, afin de modifier l’image globale de la profession et rassurer les confrères qui en ont parfois eux-mêmes une vision morose.
L’étude montre que les avocats sont les premiers interlocuteurs des PME pour les problématiques de fusion-acquisition, de propriété intellectuelle, commerciales, patrimoniales et publiques. En revanche, les experts-comptables sont leurs interlocuteurs principaux sur les problématiques fiscales, administratives et légales de l’entreprise (AG, approbation des comptes…). S’agit-il de champs d’intervention à leur abandonner ?
L.-G. B : Non. Nous considérons que le fiscal est une matière juridique à part entière. Nous devons l’expliquer à nos clients et leur faire savoir qu’ils ont intérêt à faire appel à un avocat, doté du secret professionnel.
Concernant les problématiques administratives et corporate, nous constatons qu’elles nous échappent depuis quelques années, en raison de l’informatisation et du numérique – comme c’est le cas pour les statuts par exemple –, ce dont les experts-comptables ont profité. Chez les avocats, il y a deux positions par rapport à ce sujet : la première consiste à penser qu’il est inutile de s’accrocher à des missions qui n’ont aucune valeur ajoutée ; la seconde à croire qu’il faut au contraire investir ce champ en allant davantage au contact de l’entreprise. 85 % des chefs d’entreprise souhaitent avoir une relation durable avec leur avocat pour que ce dernier connaisse bien l’entreprise. Dans ces conditions, pourquoi ne pas signer des conventions de long terme, qui permettraient aux avocats de devenir des interlocuteurs naturels sur ces sujets ?
Si l’informatisation a fait perdre des parts de marché aux avocats, ces derniers ne devraient-ils pas proposer également de tels services ?
L.-G. B : Si. Avec le RPVA, les avocats français sont les plus en avance en Europe du point de vue de la dématérialisation. Nous devons maintenant progresser sur l’informatisation du service client. Lorsqu’ils ont été interrogés dans le cadre de l’étude qualitative, les chefs d’entreprise ont signifié qu’ils n’attendaient pas de nous des bibliothèque d’actes, qu’ils trouvent déjà gratuitement sur Internet. En revanche, ils souhaitent pouvoir accéder à leurs dossiers via des plateformes sécurisées.
Ce type de plateformes est déjà proposé par les grands cabinets à certains de leurs clients. De quoi les petites structures ont-elles besoin pour faire de même ?
L.-G. B : En effet, les grosses structures le font déjà. Mais 55% des PME sont attachées aux petits cabinets ou structures de taille moyenne en raison de leur souplesse et leur relationnel. Or, ces derniers sont confrontés à des problèmes de coûts. Le CNB doit donc les accompagner dans la mise en place de ces nouveaux services, et le faire savoir. Le développement d’outils digitaux contribuera en effet à améliorer la relation client mais aussi l’image de la profession.
Une très grande majorité des entreprises interrogées plébiscitent des innovations au niveau des prix (devis, success fees, forfait…). Quels enseignements en tirez-vous ?
L.-G. B : Les clients ne reprochent pas aux avocats leurs tarifs mais leur imprévisibilité. Il faut travailler là-dessus. Dans ce domaine, la loi Macron a bien fait les choses puisqu’elle a rendu la convention d’honoraires obligatoire. C’est un premier pas. Les PME souhaitent également des honoraires de résultat car c’est pour elle le signe d’un engagement de l’avocat à leurs côtés, une implication plus importante à leurs côtés étant le souhait de 59 % d’entre eux. Enfin, si l’avocat va davantage au contact de l’entreprise, il pourra mieux prévoir ses interventions en amont et proposer des packs, qui pourront alors être provisionnés.
La mise en place de barèmes ne répondrait pas à ce besoin de prévisibilité ?
L.-G. B : Non. Cette solution ne serait pas acceptée par la CJUE et ne serait de toutes façons pas adaptée. Les chefs d’entreprise veulent des honoraires ajustés à leur situation particulière.
L’étude préconise de renforcer la place de l’ « avocat d’entreprise ». Ce terme ne risque-t-il pas de prêter à confusion avec l’avocat en entreprise ?
L.-G. B : L’avocat en entreprise n’est pas le sujet de l’étude, et nous ne voulons pas qu’il y ait de confusion là-dessus. Le vocable d’ « avocat d’entreprise » est apparu au cours des échanges qualitatifs avec les chefs d’entreprise. C’est celui qui leur parle le plus pour désigner le professionnel capable de s’occuper d’eux. Et ce, mieux qu’ « avocat d’affaires » qui ne signifie pas grand chose pour eux.
Comment allez-vous communiquer sur les résultats de cette étude ?
L.-G. B : D’abord à destination du grand public via un communiqué de presse, ensuite vers les confrères à travers la newsletter de l’Observatoire puis en organisant des matinales de l’Observatoire dans différents barreaux axées notamment sur les relations avocats/entreprises.
Le CNB va-t-il mener une nouvelle campagne de communication à destination des PME ?
L.-G. B : C’est l’une des recommandations de l’étude. Le sujet appartient désormais à la commission Communication du CNB.
Propos recueillis par L.G.
* Etude de l’observatoire du CNB réalisée par l’institut Think auprès de 606 dirigeants de PME de 20 à 250 salariés interrogés par téléphone sous système CATI du 26 juin au 21 juillet 2015 selon la méthode des quotas ». Redressé selon la méthode des quotas (secteur, taille, régions, chiffre d’affaires), représentatif des PME de 20 à 250 salariés (hors public, associations, agriculture, services aux particuliers, finance et professions libérales).