Un Master pour « répondre à la montée en puissance des directeurs juridiques »
Sciences Po et le Cercle Montesquieu viennent de nouer un partenariat pour créer un Executive Master General Counsel. De quoi permettre aux directeurs juridiques d’appréhender pleinement les tenants et les aboutissants de leur fonction, à l’heure où cette dernière devient de plus en plus stratégique pour l’entreprise. Explications avec Christophe Jamin, directeur de l’École de droit de Sciences Po.
Quelle est la genèse de cet Executive Master General Counsel ?
Christophe Jamin : Le Cercle Montesquieu a lancé un appel d’offres, que Sciences Po a remporté, pour créer une formation diplômante de management stratégique des affaires juridiques, destiné à répondre à la montée en puissance des directeurs juridiques au sein de l’entreprise. En effet, ces derniers sont désormais des partenaires stratégiques des directions générales, en mesure d’accéder au Comex et de mobiliser le droit au service de l’entreprise.
À qui s’adresse cette formation ?
C. J. : L’Executive Master General Counsel s’adresse aux juristes ayant déjà une expérience professionnelle, qui sont soit des directeurs juridiques d’entreprise souhaitant accéder à des plus hautes fonctions directoriales, soit des avocats, magistrats ou fonctionnaires qui veulent intégrer des directions juridiques.
Qui décide de son programme ?
C. J. : La direction scientifique et pédagogique est assurée par Sciences Po avec Édith Chabre, directrice exécutive de l’École de Droit, et Éric-Jean Garcia, professeur affilié, et moi-même. À cela, s’ajoute un comité de pilotage actuellement composé de sept représentants du Cercle Montesquieu : Philippe Mélot, chef du projet et ancien directeur juridique de Glaxo Wellcome France, Maylis Bayvet, déléguée générale du Cercle Montesquieu, Armelle Bresson-Trichard, directrice juridique de Schlumberger France, Gérard Gardella, ancien directeur juridique Groupe de la Société Générale et secrétaire général du Haut Comité juridique de la place financière de Paris, Peter Herbel, ancien directeur juridique Groupe de Total, Anne-Sophie Le Lay, directrice juridique Groupe de Renault, et Serge Petetin, ancien directeur juridique de Bouygues Bâtiment et Keolis.
Comment se découpe le programme de cet Executive Master ?
C. J. : Il comprend peu de droit sous ses aspects techniques, car nous partons du constat que les personnes concernées sont d’excellents techniciens. Il leur manque surtout des connaissances en management, leadership ou savoir-être. Le programme se divise donc en trois blocs. Le premier, consacré à l’approche stratégique des organisations, c’est à dire l’étude des grandes branches de l’entreprise (marketing, finance, stratégie...), se déroulera sous forme de séminaires. Le second, qui traitera du leadership et des pratiques managériales, prendra la forme d’ateliers concrets permettant de décrypter par exemple le management en situation multiculturelle. Enfin, le troisième bloc portera sur les grands enjeux du monde juridique. Il s’agira de master class portant sur la pratique du droit des affaires dans les principales zones du monde. Son programme dépendra de l’actualité. Nous voulons développer le team building et pousser les juristes à réfléchir « out of the box ». C’est la raison pour laquelle nous avons aussi prévu un voyage d’étude de l’ensemble de la promotion. De manière générale, nous allons mobiliser le savoir-faire de Sciences Po en la matière et la capacité de l’école à favoriser la multidisciplinarité et l’international. Ainsi, les cours se dérouleront en français et en anglais dans un premier temps, pour devenir essentiellement anglais à moyen terme. Et, en fin de cycle, les étudiants auront un livrable à rendre sur un thème en lien avec leur activité au sein de l’entreprise.
Quand débutera la première promotion et combien attendez-vous d’étudiants par classe ?
C. J. : La première promotion fera sa rentrée en janvier 2016 et comptera environ 15 à 20 étudiants.
Propos recueillis par Laurence Garnerie
Cette interview a été publiée dans la LJA 2108