« Si l’activité redémarre progressivement, nous allons nous interroger sur qui sortir en priorité du chômage partiel »
Didier Boudy, CEO du groupe Mademoiselle Desserts, leader européen de la pâtisserie surgelée, témoigne de l’impact quasiment immédiat de la crise sur le secteur alimentaire. Prévention et communication sont au cœur de ses préoccupations.
Comment votre secteur d’activité et votre entreprise ont-ils été impactés ?
Nous sommes les leaders européens de la pâtisserie surgelée premium qui est vendue fraîche en magasin ou en restauration. Nous réalisons 50 % de notre activité dans la restauration. Mais du jour au lendemain, il n’y a plus eu aucune commande ! En grande distribution, après une première semaine de confinement plutôt encourageante, nos ventes se sont écroulées. Ceci s’explique par le manque de personnel en magasin conjugué à la désertion des rayons frais par les consommateurs notamment en hypermarchés. En deux semaines, les ventes ont chuté de 60 % environ, même chez les plus grandes enseignes. Nous sommes donc aujourd’hui à environ 20 % de notre activité normale. Plus de la moitié de nos usines sont aujourd’hui fermées et plus de 1 500 de nos employés sont au chômage partiel, ou « on furlough » comme ils disent en Angleterre.
Quels sont les sujets urgents auxquels vous avez dû faire face ?
Le premier sujet a été la communication, principalement interne. Expliquer, rassurer, accompagner. D’abord, sur les risques et la prévention pour prévenir la contamination des personnes qui continuaient de travailler. Puis, sur les conséquences du ralentissement d’activité. Pour beaucoup de nos employés, voir leur usine fermer est un vrai traumatisme.
Les autres sujets auxquels nous avons dû faire face étaient plus techniques. Comment permettre à un grand nombre de nos salariés de travailler à distance en un temps record ? Comment organiser une gouvernance fiable et stable en call et visioconférence ?
Avez-vous dû traiter de nouveaux sujets pendant cette crise ou des problématiques juridiques inattendues ?
Toutes les mesures touchant au chômage partiel et à ses conditions d’application étaient nouvelles pour nous. Avec son cortège de cas particuliers délicats qui nous imposaient de discuter avec nos avocats en droit social et notre fédération professionnelle de façon régulière. Ce chômage partiel va continuer de nous occuper. Car si l’activité redémarre progressivement, nous allons devoir nous interroger sur qui sortir en priorité du chômage partiel et selon quels critères ?
Comment avez-vous appréhendé la succession d’ordonnances prises par le gouvernement ?
Comme beaucoup, nous nous sommes mis en mode gestion de crise. Dès qu’une nouvelle ordonnance est publiée, nous planchons sur sa transcription opérationnelle et la communication adaptée pour nos équipes. Quasiment à chaque fois, nous avons recours à nos cabinets partenaires pour tel ou tel point qui ne nous paraît pas clair ou sujet à interprétation.