Communiquer sur ses partenariats, d’autant plus qu’ils sont intégrés à votre gestion des ressources humaines ! L’exemple de Droit comme un H!
Les partenariats, le pro bono, le bénévolat, le mécénat de compétences, la philanthropie sont un véritable atout pour les cabinets d’avocats, et pour les directions juridiques aussi d’ailleurs ! Nous l’avons souligné dans une première fiche, en prenant comme exemple Respect Zone. Cet engagement est alors incarné et rend tangible les valeurs de l’organisation. La dimension « Donner du sens » de la communication institutionnelle est alors facilitée, la communication dispose alors d’un levier très fort.
Aujourd’hui, revenons sur la contribution de ce type de partenariat au développement des membres (dirigeants, collaborateurs, salariés) de l’organisation concernée. En effet, certains choix d’actions bénévoles impactent la gestion des ressources humaines des cabinets, et même l’esprit d’équipe et la cohésion d’entreprise. Certes, le but premier de ces partenariats n’est pas de répondre à des enjeux RH, mais bien de servir l’intérêt général et donc d’illustrer les valeurs du cabinet. Mais tout de même, les personnes qui s’impliquent pour le cabinet ou l’équipe dans les actions concrètes du probono et du bénévolat, évoluent grâce à ses activités. Les RH doivent en tenir compte. Il convient aussi que ces activités extérieures au cabinet soient bien intégrées. Puisqu’il s’agit de l’engagement du cabinet via des personnes physiques, le choix de la cause par le cabinet a des impacts sur les membres eux même. Côté pratique, les agendas par exemple doivent être un minimum adaptés, et les missions confiées le sont en fonction des goûts et des choix personnels, mais aussi des compétences. L’impact RH existe bel et bien. Et cela doit aussi être appréhendé par la communication, notamment interne, pour le valoriser.
Les impacts RH se situent à différents niveaux : Quand quelques avocats décident d’aller courir pour telle ou telle cause, cela joue sur la cohésion du groupe. Mais quand il s’agit de participer à un mécénat de compétences, le collaborateur développe des compétences spécifiques et s’enrichit. L’engagement du cabinet a alors un impact direct sur la formation, l’évolution de carrière et même l’employabilité de ses membres. En effet, celui qui participe à cette activité acquiert des soft skills et peut être amené à développer ses compétences techniques aussi, lors de bénévolat/mécénat de compétences. Par exemple, quand il s’agit d’accompagner un musée sur ses contrats de prêts d’œuvres pour une exposition. Il y a ainsi un continuum entre le travail et le bénévolat ou l’engagement. Le contexte de l’entreprise responsable, de la RSE et de la « raison d’être » de l’entreprise oblige encore plus les organisations à prendre cette dimension RH en compte. Dès lors Ressources Humaines et Communication doivent travailler ensemble et dialoguer autour de ces partenariats.
Un nouvel exemple de partenariat, l’association Droit comme un H !, est l’occasion d’aborder ce point de la connexion avec les RH. Droit comme un H est une association qui se mobilise pour faciliter l’accès aux professions du droit aux étudiants en situation de handicap.
L’utilité de cette démarche n’était pas évidente au lancement de Droit comme un H ! en 2017 tant elle semble loin des particularités du monde juridique. Les obligations liées au handicap concernent plutôt de grandes structures. L’obligation d’emploi de personnes handicapées reste fixée à 6% pour les entreprises privées de 20 salariés et plus. Si ce taux d’emploi n’est pas atteint, l’entreprise paie une contribution financière. Les cabinets d’avocats sont rares à avoir plus de 20 salariés. Ce ne sont qu’une soixantaine de cabinets d’avocats qui passe la barre des 20 « administratifs, supports », donc des 20 salariés, cela représente 4500 emplois salariés en dehors des avocats. Et les collaborateurs avocats n’étant pas salariés… cela ne semble pas dans le scop des cabinets ! Au barreau de Paris, sur les 30219 avocats inscrits ce jour, à peine 300 sont salariés. Entre les administratifs précédemment cités et les avocats salariés, le 6% mène à quelques 300 personnes pour l’ensemble des salariés des cabinets parisiens. Pour les directions juridiques, c’est différent. Et c’est pareil ! Elles sont dans des entreprises qui gèrent cette problématique, mais elles ne se sentent pas directement concernées : elles appliquent les principes et les pratiques de GRH retenues au niveau global, elles n’ont pas d’approche spécifique. Du coup, le plus souvent, elles y sont peu formées.
Alors, le handicap est-il une problématique pour le monde du droit ? Économiquement, on vient de le voir, il n’est que peu concerné. Mais, dans une société où l’inclusivité est toujours plus clamée et pratiquée, où les concurrents ou maisons mères, anglosaxons notamment, ont des politiques RH très marquées par les lutte contre les discriminations, et où la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » s’applique depuis cette année et intègre même les entreprises de moins de 20 salariés, tous les professionnels du droit ne peuvent plus ignorés cette situation. La discrimination n’épargne pas la profession d’avocat. Et comme Stéphane Baller, avocat, délégué général de l’association l’écrivait dans un de ses édito « Ne serait-il pas plus ambitieux pour notre profession de précéder les textes pour démontrer notre engagement afin de construire un monde des avocats meilleur ? ».
Droit comme un H ! a fait cette analyse, que Stéphane Baller résume ainsi « depuis janvier 2017, nous essayons de comprendre pourquoi notre profession et plus largement les métiers du droit, sont si peu mobilisés pour intégrer des collaborateurs en situation de handicap. Nous avons identifié les difficultés liées à la « fabrique à talents » et avons construit ce collectif ». Son objectif est de faciliter l'accès aux professions du droit - notamment celle d'avocat ou de juriste, conseils des entreprises - à des talents détectés à partir de la L2 avec l'aide des missions handicap des Universités. Droit comme un H ! souhaite donc intervenir dès les études afin que le handicap ne soit pas un frein à l’épanouissement des talents juridiques.
Quel périmètre pour Droit comme un H ! ? À côté de cet accompagnement des études vers le travail, Droit comme un H ! s’est engagé dans les enquêtes, pour avoir une photographie de la réalité et s’adapter, mesurer…, il fait régulièrement l’état des lieux sur la profession d'avocat. Ensuite, DCH travaille du côté « employeurs », il sensibilise et pratique des réunions de formation. Il a mis en place le premier concours d'éloquence "mixte". Voir plaider en langage des signes a été un choc pour les avocats classiques, et oui, cela parlait à tous ! Il est impliqué dans la clinique juridique de la Sorbonne, avec un projet de hot line sur le handicap. Et puis DCH a lancé le label TousHanRobe pour récompenser les organisations les plus engagées. L’ambition de Droit comme un H ! est de travailler tout l’écosystème, et de mettre en valeur les situations de handicap, situations qui peuvent tous à un moment ou à un autre nous toucher.
Comment les cabinets et les DJ peuvent-elles agir ? Soutenir comme partenaire et mécène une telle association est bien évidemment possible, c’est un premier niveau d’intervention. Contribuer financièrement aux actions concrètes de Droit comme un H ! est bienvenu, évidemment. C’est, comme pour tout engagement, plus facile d’apporter un soutien que de s’investir. Droit comme un H ! incite à aller plus loin que ce soutien : se sensibiliser, se former, accueillir des talents en stage, puis les employer, être mentor des étudiants, participer à des actions de lobbying des instances (ordres, CNB, voire tribunaux), être Hambassadeurs (intégrer le handicap partout et le détecter)... beaucoup d’actions sont possibles. Sur ces activités-là, on voit bien le passage du partenariat/bénévolat vers le travail, de l’engagement sociétal à l’action RH interne.
Les valeurs sont d’autant plus incarnées par le cabinet ou la DJ puisque concrètement, cela se voit dans l’entreprise elle-même, au quotidien, le handicap est intégré, présent, géré, assumé. Même vis-à-vis des clients (où il y a sans doute des employés handicapés), savoir quoi faire et comment faire avec cette situation est un atout précieux. Se sensibiliser et connaitre le handicap reste un enjeu : par exemple, les avocats connaissent un peu la notion RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé), encore moins celle de TIH (Travailleur Indépendant Handicapé) ! Bien sûr, Droit comme un H ! recherche sans cesse des stages et des accompagnants dans du mentorat des jeunes professionnels. Droit comme un H ! souhaite des soutiens, mais aussi des partenaires prêts à être sensibilisés, à aller vers l’intégration d’handicapés et le management de ces questions. Pour que cela ne soit plus une question.
Droit comme un H ! est au cœur du triptyque Ressource Humaines-Communication-Valeurs. S’engager à ses côtés, c’est grandir, c’est murir. Parce que c’est faire tomber le préjugé que le handicap est une sous performance. Le handicap n’est qu’une différence. En s’y confrontant, on redécouvre qu’il y a mille et une façon de vivre sa vie d’être humain. Virginie Delalande, première avocate sourde de naissance en France, et Mathieu Juglar, avocat, secrétaire de la conférence et aveugle de naissance, sont marraine et parrain de Droit comme un H !, et ils ne nous apprennent pas autre chose.