AVOCATS - LE TOP 40 DU CAC 40
Avec pour parti pris l’incarnation en mettant sous les feux de la rampe des avocats et avocates, cette enquête, réalisée en partenariat avec le magazine Forbes, est dédiée aux hommes et aux femmes qui se distinguent, sur le marché du droit des affaires, auprès des entreprises du CAC 40.
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Si cette enquête avait été réalisée ne serait-ce qu’il y a quelques années, elle aurait sans doute fait le constat qu’un nombre limité d’avocats se partageaient ce marché du CAC 40. Mais elle illustre aujourd’hui une réelle transformation du marché, car une génération d’avocats d’affaires semble passée. Les noms illustres comme Jean-Michel Darrois, Jean-Pierre Martel ou Jean Veil sont peu, voire pas cités spontanément par les directeurs juridiques. « Leurs coordonnées ne sont pas dans mon portable. Sauf cas exceptionnels, je choisis d’avoir recours à des avocats de ma génération, ou à des plus jeunes », témoigne un directeur juridique interrogé. Le CAC 40 des avocats du CAC 40 est désormais principalement composé de cinquantenaires bien installés comme Olivier Diaz, Denis Chemla, de quarantenaires remarqués comme Saam Golshani ou Bertrand Cardi, mais également d’une génération montante comme Marianne Pezant, Jonathan Mattout, Fabrice Veverka ou encore Pierre-Louis Cléro.
Un marché éclaté des cabinets d’affaires
Ce marché du CAC 40 fait rêver des plus simples aux plus illustres cabinets d’avocats. Leurs sites internet revendiquent presque tous conseiller cette clientèle prestigieuse, génératrice non seulement d’un chiffre d’affaires conséquent mais également porteuse des dossiers qui font la Une de la presse économique. Nos investigations auprès des 40 groupes qui forment l’indice de référence français – 70 % d’entre eux ayant répondu à l’enquête – confirment que leurs départements juridiques ont recours aux services de structures ayant des typologies bien différentes. Le marché est assez éclaté. Ce sont ainsi 61 noms de cabinets qui ont été spontanément cités. Quelque 40 d’entre eux sont pluridisciplinaires et proposent aussi bien des prestations de conseil que de contentieux, dans diverses spécialités. À l’inverse, 21 sont considérés comme des niches, c’est-à-dire positionnés sur un domaine d’activité : le droit pénal des affaires, la concurrence, le corporate… Ce type de structure resserrée autour d’un ou de deux associés charismatiques a désormais le vent en poupe sur le marché français. Le baromètre Day One des mouvements d’associés dans les cabinets d’avocats d’affaires en France, considéré comme une référence pour l’analyse du secteur, démontre que « le marché des cabinets d’avocats d’affaires a connu une forte croissance au cours des 15 dernières années et s’est fortement atomisé, voyant l’émergence de cabinets de niche ou de boutiques ».
Parmi les noms visés, 33 sont des structures françaises. Comme Bredin Prat (cité 16 fois) dont les pratiques M&A, concurrence et droit social ont été remarquées. Benjamin Kanovitch, associé corporate, est d’ailleurs positionné sur les trois premières marches du podium. « Il n’est pas arrogant, a un grand sens de la diplomatie et beaucoup d’imagination », témoigne un directeur juridique qui le connaît bien. Suivent ensuite August Debouzy, Darrois Villey Maillot Brochier et Gide Loyrette Nouel (cités 11 fois chacun). Ce sont peu ou prou les mêmes spécialités qui sont remarquées, auxquelles s’ajoute la propriété intellectuelle chez August Debouzy avec l’associée Mahasti Razavi.
Notons par ailleurs que 28 firmes internationales, ayant des bureaux à Paris, ont également été référencées. La première d’entre elles étant l’américaine Cleary Gottlieb Steen & Hamilton (citée 13 fois), représentée par Pierre-Yves Chabert, associé M&A et boursier, qui a récolté le plus grand nombre de voix dans cette enquête. Installée à Paris depuis 1949, Cleary Gottlieb est considérée par la place comme la plus française des firmes américaines. Elle fonctionne autour d’une équipe resserrée de 13 associés et de collaborateurs formés dès leurs débuts aux méthodes de la maison. « Quel que soit le collaborateur avec lequel je travaille, il est excellent, témoigne le directeur juridique d’un groupe spécialisé dans l’énergie. Ce sont des jeunes pousses d’une qualité rare et leur niveau est uniforme ». Sont ensuite remarqués les cabinets britanniques Clifford Chance et Allen & Overy ainsi que la firme américaine Latham & Watkins (cités 8 fois chacun). Jacques-Philippe Gunther, associé de cette dernière, monte sur les marches du podium grâce, notamment, à sa fine connaissance du contrôle des concentrations.
L’enquête ne permet pas de conclure à une corrélation entre la nationalité de la structure et le type de dossiers traités. Les deals de fusions-acquisitions transnationales ne sont pas réservés aux firmes mondiales. Les grandes marques françaises, dépourvues de bureau à l’étranger, parviennent sans difficulté à s’imposer sur ces dossiers multi-juridictionnels, grâce notamment au soutien de cabinets best friends dans la plupart des grands pays. « Le plus important, ce n’est pas le réseau international, mais le nom de l’associé qui aura le lead sur le dossier », indique un secrétaire général interrogé.
Gagner la confiance
Par-delà la réputation de la structure qui permet de surtout rassurer la direction générale de l’entreprise, les compétences techniques et l’intuitu personæ sont les principaux éléments qui justifient le choix d’un associé. Les avocats les plus référencés au sein des groupes du CAC 40 sont ceux qui ont gagné la confiance de la direction, ceux qui font preuve d’humilité et surtout de discrétion. « On ne veut pas de quelqu’un qui cherche les caméras, ce n’est pas notre état d’esprit », témoigne le directeur juridique d’un groupe bancaire. En droit pénal des affaires, il est loin le temps où l’avocat prenait la place du président devant les journalistes. Le CAC 40 cherche d’abord des avocats techniques et discrets. À l’image d’Éric Dezeuse chez Bredin Prat ou de Denis Chemla chez Allen & Overy. En compliance – matière régulièrement citée par les directeurs juridiques interviewés – et notamment pour une assistance lors des contrôles de l’Agence française anti-corruption (AFA), plusieurs directeurs juridiques vantent les mérites de Jonathan Mattout, associé de la firme Herbert Smith Freehills. « Il est remarquable à de multiples égards, témoigne un interviewé. Nous apprécions particulièrement sa discrétion, il ne se vante pas de ses succès, il est low profile ». Le jeune associé quarantenaire a notamment bénéficié du bouche-à-oreille entre responsables juridiques, qui se connaissent bien et échangent régulièrement au travers de leurs associations professionnelles comme l’AFJE ou le Cercle Montesquieu.
Les sujets de gouvernance et de droit boursier sont au cœur des préoccupations actuelles des directeurs juridiques du CAC 40. La gestion des fonds activistes, la préparation des assemblées générales par visioconférences, les échanges avec le gendarme boursier sont autant de questions qui attirent leur vigilance et imposent, elles aussi, de faire appel à des avocats discrets, mais surtout très introduits auprès des autorités réglementaires. Christophe Perchet, associé de la boutique Perchet Rontchevsky & Associés, est ainsi remarqué pour « sa technicité hors pair et ses relations à l’AMF ». Des qualités retrouvées chez Olivier Diaz, associé du cabinet Gide Loyrette Nouel, qui a « un historique boursier et réglementaire exceptionnel ». Tout comme chez Yannick Piette, associé de Weil Gotshal & Manges, considéré comme « le meilleur de la nouvelle génération sur les sujets boursiers. Il peut sans problème expliquer des concepts juridiques techniques à notre CEO ». Sans oublier bien sûr Marcus Billam, du cabinet Darrois Villey Maillot Brochier : « Au-delà de sa technicité, son atout indéniable est sa connaissance parfaite des rouages des entreprises du CAC 40 », indique un secrétaire général.
Où sont les femmes ?
Dans cette enquête des 40 avocats les plus proches du CAC 40, force est de constater le peu de femmes remarquées. Sur 146 avocats cités au total, 27 sont femmes – soit 18 %. Et parmi celles-ci, la plupart sont surtout mentionnées comme des stars montantes, pas encore comme associées installées. Elles ne sont finalement que sept à intégrer le tableau final. « Les cabinets n’ont pas encore fait suffisamment d’efforts pour les mettre en avant », regrette un secrétaire général qui reconnaît également que les clients n’ont peut-être pas suffisamment cherché à les rencontrer.
Elles sont pourtant désormais majoritaires au sein des effectifs, selon les dernières statistiques établies par le ministère de la Justice : sur 68 464 avocats recensés sur l’ensemble du territoire national en 2019, la proportion de femmes est de 56,4 %. On remarquera d’ailleurs que plusieurs structures ont porté des associées femmes au rang de managing partner, comme Hogan Lovells, White & Case, Weil Gotshal & Manges, Deloitte | Taj, mais aussi le jeune cabinet Ollyns. Elles incarnent cependant d’abord des symboles, car statistiquement les hommes associés demeurent très majoritaires au sein des firmes d’avocats.
Au sein de cette enquête, deux femmes parviennent tout de même à se démarquer en corporate, matière historiquement trustée par la gent masculine. Sophie Hagège, associée de Jones Day et partner-in-charge du bureau de Paris, intervient sur les dossiers internationaux et est particulièrement active dans les domaines hautement régulés de la chimie, de la pharmacie et des télécommunications. « Elle est d’une redoutable efficacité et s’implique totalement dans les dossiers », témoigne l’un des directeurs juridiques interrogés qui annonce par ailleurs un « excellent rapport qualité/prix ». Marianne Pezant, exerçant chez Clifford Chance, est pour sa part présentée comme « une jeune associée prometteuse ».
Le droit social est également une matière sur laquelle deux associées ont la confiance du CAC 40. Pascale Lagesse, tout d’abord, du cabinet Bredin Prat, qui est reconnue pour son grand savoir-faire relationnel : « Elle passe auprès de tous les services. Elle est accessible, simple et cash. Elle ne se dissimule pas derrière une approche prudentielle et ne cache pas sa copie ». Autre style, mais tout aussi appréciée par les clients, Emmanuelle Barbara, associée d’August Debouzy. « Elle est pragmatique dans ses conseils et connaît parfaitement les procédures. On peut facilement la présenter au CEO », témoigne un directeur juridique.
Les trois autres femmes remarquées ont des pratiques de niche comme Mahasti Razavi, associée en propriété intellectuelle chez August Debouzy et managing partner du cabinet, Nicolette Kost de Sèvres, associée responsable de l’équipe compliance de Mayer Brown à Paris, et enfin Anne Wachsmann, associée spécialisée en droit de la concurrence de Linklaters et par ailleurs présidente de la Fondation d’entreprise du cabinet.
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Le comité de pilotage
Ondine Delaunay est la rédactrice en chef des parutions de la Lettre des Juristes d’Affaires (LJA), rendez-vous incontournable des professionnels des affaires (directeurs juridiques, avocats, juristes). En 1990, la Lettre des Juristes d’Affaires fut la toute première publication à s’intéresser au secteur des cabinets d’avocats d’affaires. Chaque semaine depuis 30 ans, sa lettre hebdomadaire fait un point des tendances du marché. Bimestriel, LJA Le Magazine apporte un éclairage sur les grandes tendances de la profession et propose des analyses, des reportages, des enquêtes au cœur de l’activité des acteurs du droit des affaires en France.
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Florence Henriet a été une pionnière de la fonction développement et communication dans les cabinets d’avocats d’affaires, première en France à occuper le poste de directrice de la communication et du business development au sein d’un grand cabinet international (1990-2010). Indépendante depuis dix ans, elle est connue pour ses écrits, ses interventions publiques et ses actions confidentielles auprès d’une population de décideurs juridiques. Auteur du Guide des cabinets d’avocats d’affaires, elle est associée à différents think tanks et évènements liés au monde des avocats d’affaires. Elle a occupé temporairement le poste de rédactrice en chef du magazine de la Lettre des Juristes d’Affaires et contribue encore régulièrement à la revue au travers de la rédaction d’articles et la réalisation d’enquêtes.
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Ghislain de Lagrevol a rencontré le monde du droit en tant que juriste au siège de La Croix Rouge, puis dans un grand groupe bancaire. Des premiers contacts au carrefour complexe entre économie, droit, réalité et éthique. Après un MBA, il devient secrétaire général d’un groupe de presse professionnelle. En 2008, il fonde les Business & Legal Forums, premier think tank participatif de l’entreprise et du droit. Avec plus 5 800 participants et 280 tables rondes à son actif, les Business & Legal Forums rassemblent les dirigeants d’entreprises, des pouvoirs publics et des conseils pour faire évoluer leurs pratiques professionnelles respectives et réfléchir à une meilleure convergence entre performance et éthique en entreprise et tendre ainsi vers une économie plus vertueuse.
Méthodologie
En partenariat avec le magazine Forbes, cette enquête inédite est fondée sur l’interrogation des principaux consommateurs de prestations d’avocats d’affaires au sein des entreprises du CAC 40. Elle a été conduite du 4 janvier au 9 mars 2021 auprès de 70 % des entreprises du CAC 40.
Ce dossier a été élaboré avec une méthodologie rigoureuse en plusieurs étapes.
▶ La composition d’un comité de pilotage pour conduire l’enquête et en analyser les résultats.
▶ L’identification des décisionnaires dans les entreprises du CAC 40, responsables du choix des avocats impliqués dans les dossiers tant stratégiques que quotidiens.
▶ La conduite d’une série d’interviews des secrétaires généraux, responsables des directions juridiques et de la compliance. Les échanges sont restés strictement confidentiels. Soumis à la règle de Chatham House, les enquêteurs sont libres d’utiliser les informations collectées mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Par conséquent, les noms des avocats et les informations communiquées dans le cadre des interviews ne sont pas liés à un nom et/ou à celui d’une entreprise.
▶ L’étude de bases de données d’opérations réalisées par les entreprises n’ayant pu être contactées.
Les 10 premiers avocats sont classés en fonction du nombre de citations obtenues au cours de différents entretiens. Les 30 autres ayant recueilli un nombre similaire de citations, nous avons opté pour un classement par ordre alphabétique.