La France : un marché attractif pour les grands fonds internationaux
Le marché français du private equity occupe une place de choix en Europe, attirant les grands fonds internationaux malgré un contexte économique de plus en plus complexe.
Traditionnellement deuxième après le Royaume-Uni, la France a représenté en moyenne 17,1 % des transactions européennes au cours de la dernière décennie. En 2023, malgré un environnement économique difficile, le marché français a démontré sa résilience, enregistrant sa troisième meilleure performance historique après les années 2021 et 2022.
Paris abrite le siège de certains des plus grands acteurs européens, tels qu’Ardian, PAI Partners, Astorg, Eurazeo, et Wendel.
Un ralentissement temporaire suivi d’une reprise rapide
Au premier trimestre 2024, le secteur de la dette privée a enregistré une chute de 50 % par rapport au trimestre précédent, la part des investisseurs non-européens en France passant de 51,1 % en 2020 à 24,7 %. Cette baisse s’explique en partie par un cadre réglementaire français strict. Néanmoins, des opérations significatives ont eu lieu en début d’année, notamment l’acquisition de Believe par un consortium dirigé par EQT (1,52 Md€), et le retrait de L’Occitane International SA de la Bourse de Hong Kong (6 Mds€).
Ce ralentissement a été suivi d’une reprise spectaculaire au deuxième trimestre 2024, marquée par des transactions totalisant 15,3 Mds€, soit le montant le plus élevé des 12 derniers mois. La relance, impulsée par la baisse des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne, s’est accompagnée d’une internationalisation accrue des transactions, dont plus de la moitié étaient transfrontalières. De nouvelles opportunités ont émergé au cours de l’année, illustrées par l’acquisition de Neoen par un consortium mené par Brookfield (3,5 Mds€), la cession par Sanofi d’une participation de 50 % dans son activité de santé grand public, Opella, au fonds d’investissement américain CD&R (16 Mds€), ou l’acquisition d’une participation majoritaire dans le groupe Crystal SA par Goldman Sachs Alternatives (900 M€).
Un marché en constante adaptation
Face à une crise de liquidités et un recul des sorties, les acteurs français se sont tournés vers le marché secondaire et les réinvestissements.
Les fonds de continuation ont également gagné en popularité en France, représentant une option attrayante tant pour les GPs que pour les investisseurs. Ces structurations ont connu une forte croissance dans le segment du mid-market, où leur potentiel de développement est très prometteur. Parmi les exemples marquants figurent la clôture, en avril 2024, du fonds de continuation d’Abenex (300 M€), ainsi que le plus récent fonds de continuation français structuré par Apheon.
Un attrait croissant pour les fonds internationaux
Malgré la prépondérance des sponsors nationaux, avec des investissements totalisant 119 Mds€ en valeur d’entreprises sous gestion en 2023, la France continue d’attirer des investisseurs internationaux de premier plan tels qu’EQT et KKR, qui détenaient respectivement 10,1 milliards et 8,2 Mds€ en valeur d’entreprises sous gestion en 2023. Les flux en provenance des États-Unis et du Canada vers la France ont atteint respectivement 26 et 11 Mds€, représentant 15% des investissements totaux en France. Grâce à cette dynamique, la France se classe parmi les 10 pays les plus attractifs pour le private equity, selon l’index Venture Capital and Private Equity Country Attractiveness.
Un cadre législatif favorisant l’ouverture
Aujourd’hui, la France s’efforce de consolider sa position de pivot du private equity en Europe. L’adoption de la loi du 13 juin 2024 permet désormais aux fonds communs de placement à risques d’accompagner les entreprises cotées jusqu’à une capitalisation boursière de 500 M€, contre 150 M€ auparavant. L’ordonnance du 3 juillet 2024 a également introduit la société de libre partenariat spéciale, une entité sans personnalité morale (comme les limited partnerships anglo-saxons ou les sociétés en commandite spéciale de droit luxembourgeois), garantissant aux investisseurs non-européens le bénéfice de la transparence fiscale.
La France affiche de grandes ambitions pour l’avenir, et des initiatives telles que les sommets « Choose France » et le plan France 2030 pourraient avoir un impact significatif sur le secteur, sous réserve des répercussions de la loi de finances pour 2025.