French Tech Talks : Comment la France peut-elle devenir leader européen de la Tech ?
Le 17 octobre, le cabinet d’avocats Gowling WLG a organisé, en partenariat avec Erevena et GP Bullhound, une matinée débat réunissant une centaine d’acteurs de l’écosystème Tech français.
Au vu notamment des dernières levées records, du nombre croissant de licornes et des annonces d’Emmanuel Macron faites à l'occasion de la France Digitale Day, Gowling WLG a organisé, en partenariat avec Erevena et GP Bullhound, une matinée débat réunissant une centaine d’investisseurs et d’entrepreneurs, afin d’analyser l’ensemble des avancées récentes et sensibiliser les acteurs sur ce qu’il reste à accomplir pour que la France devienne le leader européen de la Tech.
La matinée a débuté avec la présentation par GP Bullhound (Guillaume Bonneton, Joy Sioufi et Alon Kuperman) du rapport « Titans of Tech : All Change at the Top » 2019, qui analyse la croissance des pépites Tech européennes et démontre que certaines d’entre elles ont la capacité d’atteindre prochainement le statut de Titan.
Barbara Jouffa (Gowling WLG – associé) et Lilian Poilpot (Erevena – senior partner) ont ensuite animé un débat, avec un panel d’experts composé d’Audrey Soussan (Ventech Capital – General Partner), Yann du Rusquec (Eurazeo Croissance – managing partner), Philippe Chainieux (MADE. COM – CEO) et Philippe Collombel (Partech – co-managing partner), autour de trois thèmes.
Le financement, encore un sujet en France ?
Non, pour notre panel. Avec 2,79 Mds€ levés au 1er semestre 2019, la France devance désormais l’Allemagne (2,47 Mds€) et se place derrière le Royaume-Uni (5,30 Mds€). Son principal handicap demeure toutefois le manque de fonds growth français. La majorité des pépites tricolores se tourne ainsi vers des fonds late stage étrangers. Or, pour nos experts, la nationalité de l’investisseur impacte souvent le lieu de l’exit. Un plus grand nombre de fonds growth français permettrait de conserver nos start-ups. À ce titre, les récentes annonces d’Emmanuel Macron, saluées par notre panel, ont été jugées encore insuffisantes.
L’accès aux talents et le droit social et fiscal sont-ils encore des freins ?
Il est primordial pour une start-up d’attirer des talents étrangers, dès son early stage, pour favoriser le développement international. Certaines réformes en faveur de la compétitivité ont été soulignées : baisse de l’IS, CIR, fiscalité des BSPCE et actions gratuites, Visa French Tech, etc. En outre, même si les charges demeurent élevées, il est parfois plus favorable d’embaucher en France, grâce au CIR et aux salaires qui y sont souvent moins élevés qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni. Toutefois, pour nos experts, la France souffre encore d’un déficit d’image et doit améliorer son attractivité afin de s’équiper en middle management. Cela implique nécessairement une stabilité politique, sociale et fiscale.
Existe-t-il un marché en France d’exits M&A et d’IPO ?
La France, avec seulement 26 exits en 2018, se place derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suède et l’Espagne, et observe ses pépites partir notamment aux États-Unis. Les explications de notre panel sont multiples : investisseurs français en actions cotées peu axés sur les entreprises technologiques, valorisations des cibles françaises abordables pour les acquéreurs américains, défaut d’accompagnement pré-IPO des start-ups, faible attractivité du CAC40 pour le Tech et manque d’analystes financiers spécialisés et d’acteurs français pouvant réaliser des acquisitions significatives. La France doit donc trouver les solutions pour stimuler son marché boursier et faire émerger des fonds d’actions cotées et des acquéreurs potentiels spécialistes du secteur Tech. Nos experts ont souligné qu’une solution serait la création d’un marché boursier Tech européen mais ont regretté à ce sujet un manque de coopération au sein de l’UE. Il est donc difficile de prédire une évolution significative à court terme et nos start-ups devront s’entourer de conseils financiers et juridiques experts en Tech afin d’anticiper au mieux leur sortie.