Sophie Blégent-Delapille, managing partner de Taj
Le 1er juin dernier, elle a succédé officiellement à Gianmarco Monsellato à la tête de Taj. Mais la période de transition de Sophie Blégent-Delapille avait débuté depuis janvier dernier, et elle a déjà multiplié les initiatives pour que son cabinet soit à la pointe des évolutions de demain…
Une avocate de 50 ans qui s’anime dès lors qu’elle parle nouvelles technologies et fiscalité, ses deux dadas professionnels
Sous son sage carré blond, sa veste de tailleur et son regard timide se cache une passionnée. Une avocate de 50 ans qui s’anime dès lors qu’elle parle nouvelles technologies et fiscalité, ses deux dadas professionnels. « La plupart des gens pensent que le fiscal est un sujet aride et ennuyeux, déplore Sophie Blégent-Delapille. Mais la fiscalité internationale est une matière passionnante ! » Quant à l’aspect digital, la nouvelle associée gérante de Taj l’a déjà totalement intégré dans le travail de ses équipes grâce, notamment, à la mise en place de nouveaux logiciels à destination des clients. Lorsqu’elle en parle, elle devient intarissable. Bien plus que lorsqu’elle aborde la danse – le modern jazz plus précisément – qu’elle pratiquait plus jeune et qu’elle vient tout juste de pouvoir à nouveau caler dans son emploi du temps. « J’ai dû arrêter pendant un long moment car entre mon métier et mes trois enfants, je ne pouvais pas tout gérer » , précise-t-elle simplement.
En douceur
Sa carrière, Sophie Blégent-Delapille la décrit comme « une progression linéaire, malgré un environnement souvent en rupture »
Sa carrière, Sophie Blégent-Delapille la décrit comme « une progression linéaire, malgré un environnement souvent en rupture ». Née en France d’une mère anglaise et d’un père français, une bi-culture dont elle est fière, elle a choisi le droit grâce à son père qui, avant de se retrouver à la tête d’une entreprise, avait commencé une carrière juridique. « Il parlait souvent de son métier, et c’est sa manière de raconter les histoires qui m’a poussée à suivre cette voie. » En 1989, après un DESS en droit des affaires et fiscalité à Assas, elle fait ses débuts chez Arthur Andersen et y reste près de treize ans, jusqu’à l’implosion en 2002. A ce moment-là, deux options s’offrent à elle : suivre un grand nombre d’associés français chez Ernst & Young, ou « faire le choix de la continuité » et rejoindre Deloitte & Touche Juridique et Fiscal, devenu Taj. « À ce moment-là, je travaillais surtout pour de grands groupes anglo-saxons qui investissaient en France. Or, aux USA et en Angleterre, les meilleurs fiscalistes internationaux d’Arthur Andersen ont rejoint Deloitte », explique-t-elle. Première transition en douceur pour celle qui, ses cartons sous le bras, traverse simplement la rue pour rejoindre sa nouvelle firme… Pourtant, s’il n’y avait qu’une rue à franchir et une loi de sécurité financière pour passer de Deloitte à Taj, l’associée ressent immédiatement un changement. « J’ai eu véritablement l’impression de rejoindre l’aventure Taj » , se souvient-elle. « C’est à la fois un Big et un cabinet de lawyers autonomes, animés d’un esprit de disruption. L’ADN de Taj, c’est cette culture d’entreprise et cette indépendance économique qui fait que, même s’ils restent une manne importante, nous ne sommes pas uniquement dépendants des clients du réseau. » Dès 2004, Sophie Blégent-Delapille prend les rênes du département Fiscalité des entreprises du cabinet.
Saison 2
Douze ans plus tard, c’est « naturellement » que le managing partner Gianmarco Monsellato pense à Sophie Blégent-Delapille pour lui succéder
Douze ans plus tard, c’est « naturellement » que le managing partner Gianmarco Monsellato pense à Sophie Blégent-Delapille pour lui succéder. Depuis janvier dernier, en attendant sa prise de fonction officielle en juin, elle a appris les ficelles du métier à ses côtés. L’aspect stratégie, celle qui était déjà membre du comité exécutif le connaissait déjà un peu. La véritable nouveauté pour elle a résidé dans la gestion des finances du cabinet. « Il s’agit de bien définir dans quoi il est nécessaire d’investir en termes de nouvelles technologies, de nouvelles compétences et de recrutements latéraux » , analyse-t-elle, consciente que la tâche sera plus ardue pour elle que pour son prédécesseur. « Lorsqu’on démarre une aventure, tout est possible. Là, c’est en quelque sorte la saison 2 de Taj ! » Son principal objectif ? Préserver l’autonomie et l’ADN du cabinet. « Le tout est de ne pas se laisser englober et perdre dans une supra-entité, tout en restant ancrés dans un réseau qui offre d’importantes perspectives » , reconnait l’associée, pour qui rester dans la course en termes de taille demeure primordial pour « rester dans les écrans radars » des gros appels d’offres. Pour ce faire, elle révèle que quelques recrutements latéraux sont prévus. Quant à ses clients, des groupes et des fonds d’investissement français et étrangers, Sophie Blégent-Delapille n’a pas l’intention de les laisser sur le bas-côté, aussi ardue que s’annonce sa route de managing partner. « Je ne vois pas comment être pertinente en termes de stratégie si l’on perd de vue la réalité des clients » , explique-t-elle. Prévoyante, elle a néanmoins déjà commencé à déléguer quelques dossiers à ses équipes… tout en se gardant quelques beaux deals faisant la part belle au travail d’équipe, comme ce fut le cas pour l’affaire Alstom/GE. « Ce dossier était passionnant car il était multiculturel et que le travail en équipe était prépondérant, même entre conseils. C’est tout ce que j’aime » , raconte celle qui revendique une véritable « curiosité de l’humain » . Cognant le bois de la table, elle conclut : « En ce moment, je n’ai pas le temps de m’ennuyer car je superpose deux métiers mais cela se passe plutôt bien. Entre la révolution fiscale en marche, notamment avec les initiatives de l’OCDE, et la révolution technologique déjà amorcée, c’est une période passionnante. »
Taj
Date de création du cabinet : 2004 Nombre d’associés : 55 450 professionnels |