Natasha Tardif - « Créer l’alchimie est le coeur de ma fonction »
Chez Reed Smith, l’inclusion n’est pas un vain mot. Pour preuve, Natasha Tardif, managing partner du cabinet, a été lauréate, en 2024, du prix de l’IBA « Outstanding International Woman », qui récompense l’excellence dans la pratique du droit
et ses actions à la tête du cabinet, notamment en faveur de l’égalité des genres.
Encore surprise et ravie, Natasha Tardif se réjouit d’avoir été récompensée pour son parcours de femme, avocate, dans le milieu international. Car ce prix représente tout ce qu’elle est et qu’elle revendique, sa pugnacité juridique, sa vision qui prend en compte différents angles de vue, différentes cultures. « J’ai été très touchée et très honorée, les personnes qui m’ont précédé ont accompli tant de grandes choses », dit-elle. Elle considère également que c’est un honneur d’être managing partner. « Un travail de mise en musique de l’exercice de la profession au sein de la collectivité du cabinet d’avocats » qu’elle ne voit absolument pas comme une charge ou comme une corvée. Et l’explication est limpide.
Pour elle, être avocat, c’est une forme de dévouement, qui demande de l’enthousiasme et de l’engagement. Et il n’y a aucune raison pour que cette inclinaison naturelle que l’avocat a à l’égard de ses clients, ne s’applique pas aux besoins et aux intérêts des confrères qui travaillent à ses côtés. « Je m’investis dans ce qui apporte du soutien à mes confrères, je m’efforce de mettre en place du mentoring, de l’accompagnement, du partage d’expérience. J’essaye d’aller au-devant de mes confrères pour anticiper leurs besoins », indique-t-elle.
Des fonctions à géométrie variable
Ce qui plaît à Natasha Tardif, c’est de prendre en charge une fonction qui se renouvelle chaque jour. « Il n’existe pas de fiche de poste, il faut s’adapter aux besoins du marché et de notre collectivité d’avocats », lance-t-elle. Et, à n’en pas douter elle possède cette fibre qui la fait s’interroger sur la façon de rassembler les individualités pour faire du commun. « C’est passionnant de se demander comment amener une population d’avocats, par définition très indépendante, à faire les choses ensemble, et à y trouver de la valeur ajoutée permanente », révèle-t-elle.
Au-delà du cabinet parisien, elle échange avec les managing partners des autres bureaux de la firme, ce qui contribue à créer du liant, au quotidien, entre tous. « Le cabinet a vraiment un ADN ouvert et divers », explique-t-elle et la firme, même si elle a un bureau historique à Pittsburgh, en Pennsylvanie, et des bureaux phares à New York et Londres en termes de dimension, n’a pas de « headquarters » officiel. « Nous avons juste envie d’être les uns avec les autres ». Cet esprit de partage est appliqué à tous les niveaux par Natasha Tardif, qui essaye de faire en sorte que chacun s’implique. Ainsi, par exemple, un comité de recrutement se réunit trimestriellement au sein du cabinet. « Je m’assure que les demandes des associés sont entendues », affirme-t-elle en précisant qu’il ne suffit pas d’exiger de l’excellence des avocats, il faut les mettre en situation de l’être. Un dialogue régulier, où il est également question des processus d’évolution interne, ou encore des programmes de pro bono, engageants et valorisants, et très soutenus par la firme. « Chaque année, 140 h de travail pro bono peuvent être comptabilisés parmi les objectifs d’heures facturables », indique-t-elle.
L’humanité, valeur cardinale
La recette de Natasha Tardif pour parvenir à ce que l’alchimie fonctionne est simple : « Il faut s’intéresser aux gens, être investi, c’est l’arme essentielle du managing partner ». Elle s’efforce de se tenir aux côtés de tous, à chaque étape de leur vie, et de répondre aux questions qu’ils se posent. « Je souhaite que les équipes progressent et s’épanouissent et que ceux qui nous rejoignent arrivent dans un environnement stimulant où règne l’émulation », précise l’avocate.
Après quatre ans en tant que managing partner, Natasha Tardif, qui n’avait jamais exercé ces fonctions auparavant, n’est pas lassée, loin de là ! Après avoir d’abord co-dirigé le cabinet et siégé au board mondial, elle est ravie de collaborer avec les autres associés, chacun contribuant à la stratégie du cabinet en fonction de ses domaines de prédilection. Elle le reconnaît cependant, la fonction lui prend du temps : « J’ai la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil » confesse-t-elle dans un sourire. L’effectif du cabinet est aujourd’hui de 130 personnes, soit deux fois plus qu’à son arrivée, et Natasha Tardif ambitionne de poursuivre cette dynamique de croissance tout en conservant cette envie de travailler en commun. « En 2025, de nouvelles équipes arrivent, nous allons annoncer des promotions internes et nous voulons renforcer nos équipes en transactionnel », confie-t-elle, persuadée que l’humanité, couplée à l’exigence qui règne au sein du cabinet, en fait un atout différenciant sur le marché, que ce soit auprès des avocats ou des clients.