Jeanne Dauzier, architecte du droit de l’intelligence artificielle
Au sein d’une équipe reconnue pour son expertise en droit des nouvelles technologies, Jeanne Dauzier accompagne les entreprises dans l’appréhension des risques juridiques associés à l’IA, en conciliant innovation et compliance. Forte d’une expérience de treize ans au sein du cabinet DLA Piper, dans lequel elle a commencé sa carrière, elle est aujourd’hui une des associées à la tête de la pratique intelligence artificielle du cabinet.
Installée dans un grand bureau élégant et épuré du neuvième arrondissement, la jeune associée en IA du cabinet DLA Piper raconte comment est né son attrait pour sa spécialité. C’est Stéphane Lemarchand et Jonathan Rofé qui lui ont fait découvrir les enjeux des projets liés aux nouvelles technologies et qui l’ont accompagnée à mesure qu’elle montait les échelons au sein du cabinet. À seulement 39 ans, elle s’est déjà imposée comme un membre actif du groupe de pratique IPT (Intellectual Property & Technology) de la firme. Pour élaborer des stratégies globales de mise en conformité, Jeanne Dauzier en est persuadée : les différents bureaux de DLA Piper doivent adopter une méthode cohérente de travail et d’analyse. « Il faut que nous ayons une vision commune du texte réglementaire et de son interprétation, quel que soit le pays », insiste-t-elle. Et l’associée s’engage pleinement pour partager ses analyses avec ses confrères. « Le cadre réglementaire de l’IA est en pleine mutation. Notre rôle est d’anticiper ces évolutions pour permettre aux entreprises d’innover en toute confiance », explique-t-elle.
Ainsi accompagne-t-elle ses clients dans la mise en place de cadres permettant l’identification et la limitation des risques liés au développement et/ou au déploiement de l’IA à l’échelle internationale. À titre d’exemple, le cabinet a assisté un fournisseur mondial français de technologies automobiles, spécialisé dans les solutions innovantes pour la mobilité intelligente, dans la mise en place de sa gouvernance de l’IA à l’échelle internationale, en conformité avec les exigences réglementaires européennes de l’IA Act. Il ne s’agit pas selon elle d’ajouter de nouvelles strates de gouvernance, mais plutôt de s’insérer dans les mécanismes existants afin de ne pas contraindre mais plutôt d’adapter les procédures internes de l’entreprise.
Une approche globale du risque
Face aux défis posés par l’IA, Jeanne Dauzier et les équipes de DLA Piper au niveau international adoptent une approche pragmatique et globale. Elle rappelle que la mise en place d’une gouvernance efficace de l’IA ne se limite pas à la seule mise en conformité réglementaire. Il s’agit d’un enjeu transversal, impliquant notamment des questions de propriété intellectuelle, de cybersécurité, de protection des données et d’éthique. « L’IA générative et ses applications posent des problèmes de propriété intellectuelle et de responsabilité inédits. Par exemple, qui détient les droits sur l’output d’une IA ? Comment garantir la fiabilité des données d’entraînement et l’explicabilité des outputs ? », s’interroge-t-elle. Et d’insister sur l’importance de ne pas paralyser l’innovation, mais de l’accompagner à travers des outils de gestion des risques concrets : « La gouvernance de l’IA doit être un accélérateur d’innovation, non un frein ».
Former les directions juridiques à l’IA
La complexité croissante de la matière et son encadrement réglementaire exigent une acculturation rapide des directions juridiques, souvent peu familiarisées avec ces nouvelles technologies. « Les directions juridiques doivent enrichir leurs compétences sur l’IA et la technologie. Nous leur apportons une approche pragmatique, adaptée à leur secteur et à leur appétence au risque », annonce l’associée. L’équipe IPT de DLA Piper conçoit des programmes de formation sur mesure, incluant des workshops immersifs et des sessions pratiques destinées tant aux directions juridiques qu’aux équipes de R&D ou aux départements achats. « Nous avons conçu et dispensé des formations à destination de clients issus de divers secteurs, notamment l’industrie, la banque, la finance et la défense. Ces derniers sont soumis à un cadre réglementaire strict, dans un environnement normatif complexe, qui impose une approche rigoureuse du développement et de l’utilisation de l’intelligence artificielle », confie-t-elle.
Tout en rappelant que l’innovation technologique sera toujours plus rapide que l’évolution juridique qui l’encadre, elle milite pour une approche équilibrée où la gouvernance de l’IA devient un levier d’innovation plutôt qu’une contrainte. Pour Jeanne Dauzier, l’enjeu majeur n’est pas d’imposer la mise en place rigide d’une réglementation, mais de permettre aux entreprises d’intégrer une approche fondée sur les risques qui accompagne l’innovation tout en garantissant le déploiement d’une IA de confiance.