Catherine Saint Geniest - « Animer un cabinet c’est lui donner une âme »
Catherine Saint Geniest, co-managing partner de Jeantet, explique comment elle aborde la fonction de managing partner avec conscience et responsabilité, pour insuffler une véritable culture d’entreprise au sein du cabinet.
Originaire de Toulouse, Catherine Saint Geniest arrive à Paris en 1984, pour entrer à l’EFB. À la sortie de l’école, elle intègre le cabinet de Jean Castelain. Elle rejoint très vite Rambaud Martel, où elle développe la pratique de droit immobilier et devient associée à l’âge de 30 ans. En 2006, le cabinet français fusionne avec l’Américain Orrick et connaît une importante période de croissance. Mais à la suite du scandale Lehmann Brothers et de la crise financière qui s’en est suivie, le cabinet évolue et nombre de personnes quittent alors le navire. « Je me suis trouvée seule dans ma pratique, le cabinet ne me correspondait plus », se souvient Catherine Saint Geniest. À cette période, elle est membre du conseil de l’Ordre des avocats au barreau de Paris. Élue fin 2009, pour exercer son mandat de 2010 à 2012 : aux côtés de Jean Castelain, alors bâtonnier, puis de Christiane Féral-Schuhl ; elle découvre la satisfaction de s’occuper des intérêts des avocats. Elle raconte : « C’est une façon totalement différente d’appréhender la profession : j’ai notamment été secrétaire de la déontologie et j’ai coordonné l’autorité de poursuite disciplinaire. Cette expérience m’a enthousiasmée ». Après son mandat, elle se met en quête d’un autre cabinet et rejoint Jeantet, une maison française historique très structurée qui ambitionne de développer une pratique en droit immobilier. Et depuis 12 ans, elle se sent bien dans ce cabinet où existe un fort esprit d’équipe.
Un management
bicéphale
À son arrivée, le cabinet Jeantet accueille alors beaucoup d’associés latéraux, alors que le conseil de gouvernance reste constitué d’historiques. Les associés ont souhaité faire évoluer cette gouvernance et un comité exécutif, composé de deux membres, co-managing partners, a été mis en place, ainsi qu’un conseil des associés, composé de 5 à 7 membres, dont deux chargés exclusivement des questions financières. Les associés votent à bulletin secret tous les trois ans.
C’est ainsi que Catherine Saint Geniest a été élue, il y a six ans, au comité exécutif, aux côtés de Karl Hepp de Sevelinges, pour un mandat de trois ans qui a été renouvelé pour tous les deux. Les deux co-managing partners, chargés du quotidien du cabinet, mettent en application la stratégie arrêtée avec le conseil des associés. Il a ainsi été procédé, au cours des six dernières années, à la refonte et la professionnalisation complète des fonctions support, dont la mise en place d’une direction financière et la refonte de l’équipe de communication. Le cabinet a pris à bail un immeuble rue Galilée, adapté à son activité et à sa croissance, après 60 ans avenue Kléber. Ces supports doivent être efficaces et d’un coût maitrisé ; le seuil de rentabilité est essentiel pour attirer les talents.
La stabilité,
clé de la longévité
Catherine Saint Geniest est aujourd’hui fière du constat d’un équilibre de croissance entre les recrutements latéraux et les promotions d’associés internes. Le cabinet est en train d’atteindre son objectif de 200 professionnels, qui est indispensable pour traiter les dossiers importants tant en termes de nombre d’avocats que de diversité des compétences. En même temps que de nouveaux organes de gouvernance, le cabinet s’est doté d’ un mode de rémunération qui a le triple avantage d’inciter à travailler et chasser en équipe, de rémunérer sans plafond les plus performants, avec en plus, un lock-step partiel, pour soutenir les baisses de performance ponctuelles de certains.
« La stabilité des équipes est une des clés de la réussite et de la longévité d’un cabinet », assure l’associée. La preuve : le cabinet est centenaire.
Dans son parcours, l’ouverture vers l’extérieur a été essentielle : « Il faut toujours faire plus que traiter ses dossiers, bien sûr ! souligne Catherine Saint-Geniest. « Animer un cabinet, c’est lui donner une âme. L’animus en latin c’est à la fois l’âme, le souffle, le principe vital », dit celle qui s’est d’abord destinée à l’école des Chartes. Elle veut insuffler une direction collective, une culture de groupe, d’entreprise. « Je voudrais que tous soient portés par une dynamique de groupe, sans se sentir pour autant bridés. En somme, que chacun puisse entreprendre en étant soutenu par le collectif ». T
Anne Portmann
Karl Hepp de Sevelinges
« Un manager n’est
pas un gestionnaire,
mais un visionnaire »
Fort d’un profil international et d’une longue expérience à l’étranger, le co-managing partner de Jeantet, Karl Hepp de Sevelinges, incarne une vision moderne et ambitieuse du leadership dans un grand cabinet français.
N
é en Autriche, Karl Hepp de Sevelinges débute sa carrière en 1999 en France, au sein du cabinet Gide, où il rejoint une équipe internationale dédiée aux clients germanophones. En 2006, elle prend un tournant décisif puisque l’avocat ouvre un bureau à Kiev, en Ukraine, contribuant à l’expansion internationale de la maison française. Après avoir dirigé son bureau de New York de 2011 à 2013, il rentre à Paris où il poursuit le développement de son activité crossborder transactionnelle. Attiré par l’opportunité, l’esprit entrepreneurial et l’ambition de l’équipe d’associés, il rejoint Jeantet en 2015. Il co-anime depuis la pratique M&A, pour accompagner notamment les entreprises industrielles, institutions financières et fonds internationaux dans leurs opérations crossborders.
Il y a sept ans, il en devient co-managing partner et met son dynamisme naturel au service du cabinet pour insuffler une stratégie ambitieuse portée par une gouvernance ouverte, collaborative et agile. Son leadership s’appuie sur des valeurs fondamentales telles que l’indépendance, l’implication des associés et un esprit de collaboration très prononcé. « J’estime qu’un managing partner doit être exemplaire dans son comportement et son activité. Je m’efforce de l’être au quotidien », assure-t-il.
Philosophie de management Karl Hepp de Sevelinges a un style de management bien à lui : sa prise de décision est rapide et implique un besoin constant de se poser les bonnes questions et d’y répondre vite. « Un manager n’est pas un gestionnaire, mais un visionnaire, explique-t-il. Il doit avoir une vision bien précise du cabinet, savoir quelle direction prendre, demeurer ambitieux, se fixer des objectifs réalisables à court terme, tout en ayant une intuition sur son développement à plus long terme ». Son leadership s’est illustré lors de la crise du Covid-19. Alors que le monde traversait une période d’incertitude sans précédent, Jeantet a enregistré une forte croissance en 2020, illustrant ainsi la solidité de ses choix stratégiques et la résilience de ses équipes. Autre moment clé : le déménagement du cabinet dans de nouveaux locaux, symbolisant un « restart » pour répondre à des attentes toujours plus exigeantes de ses clients et assurer le confort des équipes.
L’aspect bicéphale de la gouvernance est important pour lui. Un homme et une femme à la tête du cabinet est un moyen d’accentuer la complémentarité des compétences et de mettre en concurrence les idées d’avenir. « Nous avons des profils et des réseaux différents qui font notre force aujourd’hui. J’effectue beaucoup d’opérations internationales, alors que Catherine Saint Geniest, ancienne membre du conseil de l’Ordre des avocats, est plus proche de la ‘place de Paris’ », explique-t-il.
Accomplissements
et défis
Pour lui, l’un des impératifs de la fonction de managing partner est d’avoir une véritable stratégie pour le cabinet, être visionnaire tout en étant à l’écoute des associés. « Il faut aussi suivre un fil rouge dans la mise en œuvre de la stratégie pour la rendre lisible pour tous les associés », poursuit-il. Ses maîtres mots ? Excellence, indépendance et implication.
Son objectif est de maintenir un équilibre entre leadership fort et l’écoute active des associés, afin de garantir la cohésion des équipes. « Ce que j’aime chez Jeantet c’est la liberté, l’engagement des associés et les liens d’amitié tissés entre nous. Les relations humaines sont très importantes, confie-t-il. Nous étions 80 avocats à mon arrivée, il y a dix ans. Nous sommes 200 aujourd’hui. Cette croissance illustre une évolution assez exceptionnelle pour le marché français ». Et le co-managing partner d’annoncer avec une certaine fierté : « Nous arrivons à intégrer facilement les associés latéraux qui nous ont rejoints ». A l’image de la dizaine d’avocats en Tech/IP, menés par les associés Benjamin May et David Roche, qui viennent tout juste d’intégrer la maison.
Alors que le cabinet vient de fêter ses 100 ans, c’est une vision moderne du leadership qu’incarne Karl Hepp de Sevelinges, combinant rigueur, ambition internationale et respect des valeurs humaines.