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L'association Pour la Cité veut "constituer un réseau international de juristes"

Par LJA - LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES
Charles Casal, Président de l’association Pour la Cité, est avocat associé du cabinet Cheysson Marchadier & Associés

Instaurer une relation "gagnant-gagnant" entre entreprises et stagiaires : telle est l'ambition de l'association à but non lucratif Pour la Cité, fondée en octobre 2015 (1). À cette fin, l'association propose à des étudiants étrangers venus parfaire leur cursus universitaire en France, des stages en entreprises, en cabinets d'avocats ou dans d'autres organismes. En contrepartie, les entreprises peuvent bénéficier de leurs connaissances juridiques, culturelles et relationnelles. Explications avec Charles Casal, président de l'association, et Corinne Cabistany, membre fondateur.

Quelle est la genèse de l'association Pour la Cité ?

Charles Casal : Nous sommes confrontés dans nos pratiques, soit en tant que juristes, soit en tant qu’avocats, au développement international des entreprises. L’augmentation des échanges mondiaux et en particulier le développement d’Internet ont eu pour conséquences que les sociétés établies réalisent une part de leur activité à l’international et que celles qui se constituent peuvent avoir dès l’origine une vision mondiale de leur développement.
Lorsqu’il s’agit de déploiement international, le volet économique est généralement mis en avant. Toutefois, le volet juridique est essentiel. En effet, il est nécessaire pour une entreprise de connaître l’environnement légal et réglementaire des pays dans lesquels elle peut être amenée à évoluer. Se posait donc la question de l’adéquation des moyens à mettre en œuvre pour permettre aux directions juridiques et à leurs conseils de répondre à cette nécessité. La solution la plus évidente est l’embauche de juristes locaux ou la consultation d’avocats locaux. Outre l’obstacle de la langue, le niveau d’activité ou l’avancement du projet de développement ne justifient pas forcément le recours à celle-ci.

"Cette richesse culturelle et intellectuelle
est malheureusement trop souvent inexploitée"

Nous avons constaté que le développement international n’est pas seulement l’apanage des acteurs économiques. Les étudiants et les universités sont très actifs. C’est ainsi que, du fait des programmes d’échanges interuniversitaires, de nombreux étudiants étrangers viennent parfaire leur cursus dans des universités françaises. À titre d’exemple, l’université Paris II Panthéon-Assas accueille chaque année 3000 étudiants étrangers soit 14% de ses inscrits.
Cette richesse culturelle et intellectuelle est malheureusement trop souvent inexploitée, un grand nombre d’étudiants repartant dans leur pays d’origine sans avoir pu acquérir une expérience professionnelle en France, et sans avoir fait bénéficier la France de leurs compétences, faute de pouvoir contacter les entreprises et cabinets d’avocats susceptibles de les accueillir. En effet, un étudiant issu d’un cursus étranger sera difficilement recruté pour ses connaissances en droit français. En revanche, sa connaissance du droit, de la culture et de la langue de son pays d’origine sera appréciée par les entreprises et cabinets d’avocats.

Quels sont les principaux objectifs de l’association ?

Charles Casal : Forts de ces constats, nous avons souhaité rapprocher ces étudiants des entreprises et des cabinets d’avocats tout en ayant la volonté de constituer un réseau international de juristes ayant eu des contacts privilégiés avec la France grâce à leurs études et aux stages qu’ils auront pu y accomplir. En effet, une fois ces étudiants retournés dans leur pays d’origine, il est probable que du fait de leur cursus universitaire, leur vie professionnelle les amène à poursuivre une activité en lien avec la France. De ce fait, nous demandons à ces étudiants que, lorsqu’ils en auront la possibilité, d’offrir à leur tour des stages à des Français venant étudier dans leur pays ou, à défaut, de leur offrir un accueil privilégié.

Les objectifs de Pour la Cité peuvent donc se résumer à : mettre en relation les entreprises et cabinets d’avocats et les étudiants étrangers, répondre au besoin de développement international des entreprises et de leurs conseils, mettre en valeur la richesse que représentent les étudiants étrangers venant suivre une partie de leur cursus universitaire en France, développer un maillage international de juristes ayant une connaissance du droit français et de sa pratique, participer au rayonnement du droit français.


Quels sont les bénéfices, pour une entreprise, d’accueillir un de ces stagiaires ?

Corinne Cabistany, membre fondateur, est directeur juridique BU Bioenergies chez Areva

Corinne Cabistany : En accueillant ces étudiants en stage, les entreprises bénéficieront en premier lieu de la connaissance de leur pays d’origine et en particulier des habitudes culturelles, de leur réseau relationnel local et bien évidemment de leur connaissance du droit local et de la langue. Elles bénéficieront également de leur dynamisme et de leur ouverture au monde. Il pourra ainsi leur être confié une première analyse de sujets juridiques locaux afin de pouvoir cerner les questions à poser aux conseils locaux. Pour les entreprises déjà établies, ils pourront assurer une interface avec les équipes locales ne parlant pas nécessairement français. Leur familiarité avec le droit local est ainsi un facteur de gain de temps et d’économie.


Avez-vous prévu de conclure des partenariats avec d’autres universités françaises ? Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

Charles Casal : Nous sommes convaincus de l’utilité de centraliser les offres de stages émanant des entreprises et cabinets d’avocats pour leur offrir un seul point d’entrée auprès des universités, ce qui est un gage d’efficacité. Nous souhaitons également pouvoir adresser les offres de stage au plus grand nombre possible d’universités afin de toucher un maximum d’étudiants et de permettre la meilleure couverture géographique et linguistique possible. En effet, chaque université française passe ses propres accords d’échanges interuniversitaires avec ses homologues étrangers. Cependant, aucune université ne peut prétendre à un maillage du monde entier.
Après un premier partenariat avec l’université Paris II Panthéon-Assas, nous souhaitons donc en conclure avec d’autres universités.
Pour les années à venir, nos objectifs sont, en premier lieu, la conclusion de partenariats avec les universités permettant de rentrer en contact avec des étudiants de la plupart des pays du globe, ensuite le développement du réflexe de recourir à Pour la Cité pour la diffusion des offres de stage concernant des étudiants étrangers et, enfin, l’amorçage de la réciprocité internationale.


Propos recueillis par Julie Marchand

(1) www.pourlacite.fr

 
association étudiants en droit Juriste étranger Pour la Cité Charles Casal