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DS Avocats déploie une stratégie ambitieuse à l’international

Par Ondine Delaunay

DS Avocats a récemment annoncé un développement ambitieux de l’internationalisation de ses pratiques. Pour Yvon Martinet, président du cabinet et du Groupe DS, l’alliance des cultures et des expertises fortes sur les marchés régionaux en Europe, Asie, Amérique du Sud, Amérique du Nord et en Afrique, permettra au cabinet de davantage fédérer les différentes structures du groupe autour d’une même vision : garantir une prestation juridique de haut niveau, tout en privilégiant la proximité et l’engagement au quotidien des avocats auprès des clients français, européens, chinois ou d’autres nationalités.

DS Avocats a été l’un des premiers cabinets français à faire le pari du développement international comme pilier de sa croissance. Et contrairement à la plupart
des autres structures françaises, vous continuez
dans cette voie. Racontez-nous.

Yvon Martinet : Le cabinet DS Avocats a en effet été précurseur en ouvrant son premier bureau à l’étranger, en Chine, en 1986. L’objectif était alors d’accompagner les clients qui développaient leurs activités sur ce marché local. Cette ambition internationale a ensuite été poursuivie à travers le Groupe DS qui s’est développé progressivement pour inclure des bureaux en Europe (Belgique, Allemagne, Italie et Espagne), en Asie (Chine, Singapour, Vietnam, Indonésie), en Afrique (Sénégal et Maroc) et dans les Amériques (Argentine, Canada, Chili, Pérou, Uruguay). Certains bureaux sont ensuite devenus des filiales de notre cabinet, à l’image de l’Espagne.

Au cours de l’année écoulée, nous avons ouvert deux nouveaux bureaux au Pérou, un au Canada, un en France, et intégré un nouveau cabinet membre, présent en Argentine et Uruguay. De nouvelles pratiques ont par ailleurs été ajoutées aux bureaux existants en Espagne, au Canada et au Chili. Aujourd’hui, notre réseau est implanté dans 15 pays et 29 villes.

Notre croissance organique est fondée sur des valeurs partagées telles que la confiance, l’engagement dans une voie commune et des relations authentiques entre nos cabinets et les personnes qui les composent. Une charte des associés du groupe a été élaborée pour définir notre projet commun basé sur l’intuitu personae.

Lors de l’IBA, à Mexico, le mois dernier, le Groupe DS était représenté, outre moi-même, par 16 associés venant du Canada, du Pérou, du Chili, de l’Amérique, de l’Espagne, d’Europe et de France. Ce type d’événement est une occasion idéale pour véhiculer l’esprit DS. Nous nous connaissons bien et nous partageons l’éthique, les principes et valeurs du droit civil, tout en privilégiant notre investissement auprès de nos clients.

Ce maillage international a une particularité :
ses membres ne pratiquent que le droit civil continental. Pourtant, c’est bien la common law qui est considérée comme le droit le plus international.
Pourquoi cette position ?

Y. M. : Cette prééminence de la culture de common law n’est qu’un affichage. Aujourd’hui, 70 % de la population mondiale vit dans un système juridique d’inspiration civiliste. Au niveau géographique, les pays de common law sont également minoritaires par rapport aux pays de droit civil, même s’il faut reconnaître que certaines économies sont surpuissantes, au premier rang desquelles les États-Unis.

Le droit civiliste est bien plus favorable aux affaires car il n’impose pas de débuter son contrat par une quinzaine de pages de définitions des termes qui sont tous déjà connus dans le code. Je remarque d’ailleurs que certaines institutions juridiques, qui ont été historiquement influencées par la common law, comme le droit financier, le sont de plus en plus au regard du droit civil, notamment grâce à la réforme du code civil entré en vigueur en 2016. J’ai par ailleurs en tête un récent article de la professeur Catherine Kessedjian, qui mettait en avant que le droit français n’est pas le parent pauvre de la mondialisation par le contrat.

Le contexte géopolitique nous rappelle tous les jours que le monde est aujourd’hui multipolaire, et non plus dominé exclusivement par les pays anglosaxons. Dans ce cadre, le Groupe DS véhicule un socle de culture commune et une unité d’expertises fondées sur l’éthique et les valeurs du droit civil. Nous mettons ainsi au cœur de notre pratique l’humain, la probité, la dignité et la responsabilité.

Vous avez récemment été nommé président de DS Avocats et du Groupe DS. Quelles sont aujourd’hui
vos ambitions pour
le développement stratégique du groupe ?

Y. M. : DS Avocats a en effet fait évoluer sa gouvernance en mai dernier. J’ai donc été nommé à la présidence du cabinet et du Groupe DS. Mon associé Arnaud Burg a pris les fonctions de vice-président. Avec le soutien de notre associée du bureau de Madrid et secrétaire générale de Groupe DS, Angela López Molina, nous avons dès lors établi une stratégie visant à renforcer certains axes pour répondre aux nombreux défis à venir. Nous avons ainsi acté que l’ensemble des cabinets de notre groupe développent leur activité transactionnelle sur le segment du midcap. Je parle d’opérations allant de 30 à 250 M€, en fonction de la taille du marché local. C’est un positionnement où la concurrence internationale est moindre et où les équipes de notre réseau trouvent toute leur légitimité car il réclame une grande proximité avec les dirigeants qui ont, bien souvent, mis en place une véritable gouvernance entrepreneuriale. La relation entre l’avocat et son client est donc très intuitu personae et le dirigeant confère au droit et aux conseils de son avocat une vraie valeur. Ce segment de marché implique en outre le traitement de problématiques juridiques complémentaires à l’expertise corporate, c’est-à-dire en droit fiscal, en droit social, en droit de la concurrence, voire en distressed M&A, des matières développées au sein de nos structures.

Autre pilier de développement et qui vient d’ailleurs compléter notre premier axe, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Les membres de notre groupe construisent une offre mondiale ayant comme fil rouge la responsabilité sociétale. À Paris, DS Avocats a déjà une pratique de premier plan et peut apporter une valeur ajoutée aux équipes internationales pour qu’elles montent en gamme. Je suis moi-même auditeur de durabilité (CSRD) dans le cadre de l’Organisme Tiers Indépendant (OTI) DS Avocats, enregistré auprès de la H2A. Cette qualité d’organisme tiers indépendant est unique sur le marché du droit.
Rappelons aussi que le cabinet a recruté, il y a quelques mois, Béatrice Pola en qualité d’associée et Estelle Coulombel, comme counsel. Elles sont particulièrement réputées pour leur expertise en droit social, permettant d’affermir notre expertise en matière de compliance et d’engagements RSE/ESG.

Enfin, notre groupe souhaite capitaliser sur son ADN historique : sa connaissance intrinsèque de la Chine. Nos avocats, installés sur place depuis plusieurs années, ont acquis la culture du droit chinois ainsi que des soft skills adaptées à la localisation, qui leur permettent d’accompagner nos clients dans l’ensemble de leurs développements dans le pays. Depuis 2005, nous avons par ailleurs mis en place un desk Chine qui a pour vocation d’accompagner les entreprises chinoises dans leurs projets d’implantation, d’investissement et de partenariats commerciaux, tant en Europe qu’en Afrique et sur le continent américain. Nous mettons ainsi à disposition de nos clients leurs connaissances fines de chaque pays, grâce à des profils multiculturels et polyglottes présents dans chacune de nos implantations.

Et dans un monde de plus en plus multiculturel, nous souhaitons développer ces desks qui constituent de véritables plateformes commerciales pour les échanges internationaux entre les différentes places de droit.

En quoi cette stratégie de développement
est-elle attractive pour les jeunes avocats ?

Y. M. : Ce déploiement à l’international est une opportunité exceptionnelle pour la jeune génération qui constitue l’avenir de notre cabinet. Avec Angela López Molina, nous avons créé un stage international, qui s’inscrit dans l’Académie DS, permettant aux collaborateurs ayant sept ou huit ans d’expérience, qui ont un esprit d’ouverture et multiculturel, de partir durant près de cinq mois dans un bureau étranger pour vivre leur pratique à l’international. Ces jeunes avocats intrépides qui vont et viennent à travers les frontières pour effectuer des stages dans d’autres bureaux de DS, construisent non seulement leur carrière internationale, mais approfondissent également les relations professionnelles et personnelles au sein de notre groupe, ce qui nous rend chaque jour plus forts, plus compétents, plus agiles et plus utiles à nos clients.