TotalEnergies révise son panel d’avocats
Le groupe TotalEnergies vient de renouveler son panel d’avocats. Après des mois de travail du comité juridique, ce sont finalement plusieurs sélections qui ont été effectuées. Six firmes intègrent le panel global, auquel s’ajoute une petite trentaine de panels spécialisés par pays ou régions du monde. Les explications d’Aurélien Hamelle, directeur juridique du groupe.
Pourquoi avoir mis à jour le panel des avocats qui vous conseillent ?
Aurélien Hamelle : En intégrant TotalEnergies en 2016, j’avais entrepris de mettre à jour le panel des avocats qui accompagnaient l’entreprise. Il avait été publié en 2018 et avait une durée de vie, assez classique, de trois ans. La pandémie a bien sûr bouleversé le calendrier, car nous avons eu d’autres urgences à traiter. Mais il était devenu nécessaire de le faire évoluer. C’était d’ailleurs une attente de nos équipes juridiques réparties dans l’ensemble du monde. D’abord parce que les cabinets se sont modifiés depuis quatre ans, notamment à travers des mouvements d’équipes, des fermetures ou des ouvertures de bureaux. Mais aussi parce que nos attentes ont changé à leur égard. Aujourd’hui, nous attendons de nos conseils qu’ils soient capables de dépasser une approche uniquement juridique, qui reste un socle fondamental, pour comprendre la technicité de nos métiers et de nos secteurs d’activité. Ils doivent développer des compétences extra-juridiques et acquérir un savoir-faire sur l’énergie, les sciences climatiques, mais également sur l’ESG ou sur la géopolitique. Le droit est véritablement stratégique pour un groupe de notre dimension, nos avocats comme nos juristes doivent être à même de comprendre les enjeux qu’ils portent à nos côtés.
Quelle a été votre approche pour cette mise à jour ?
En 2018, nous avions référencé uniquement huit cabinets, capables de nous accompagner dans la plupart de nos pays d’implantation. Mais les équipes locales avaient eu du mal à accepter ces choix pour certains dossiers. Et je le comprends très bien car tous les dossiers juridiques n’ont pas besoin d’être traités par des firmes internationales. Dans certains cas, il vaut mieux privilégier des boutiques locales, très pointues, et aux tarifs plus raisonnables. Pour cette mise à jour, nous avons donc opté pour former un panel mondial, auquel s’ajoute une succession de panels locaux. Ils sont environ une trentaine. L’objectif : référencer des cabinets qui nous connaissent et avec lesquels nous travaillons efficacement.
Comment a été formé le panel global ?
Nous avons mis en concurrence les huit cabinets qui étaient référencés dans le précédent panel et avons invité trois firmes qui n’y étaient pas encore. Ils ont été challengés à travers un cahier des charges strict, mais précis et « user friendly », qui prenait en compte les besoins liés à la transition énergétique.. Nos points d’attention portaient sur la présence et le réseau international, les domaines juridiques couverts, les références des équipes des différents bureaux et bien sûr leur taux. Un accent particulier a été mis sur la diversité cette année. Nous avons également demandé le retour d’expériences de nos juristes sur chacun d’entre eux à travers des groupes de travail qui ont été constitués en interne. Une fois cette présélection réalisée, le comité juridique composé des treize directeurs de la fonction juridique s’est réuni pour valider les choix. La direction des achats nous a assistés en bonne intelligence durant tout le processus de sélection.
Quelles sont les six firmes qui composent ce nouveau panel global ?
Sur les six firmes sélectionnées, cinq étaient déjà représentées. Il s’agit de Clifford Chance, Gide Loyrette Nouel, Jones Day, Latham & Watkins et Norton Rose Fulbright. Le cabinet White & Case a, lui, fait son entrée dans la sélection finale. Ce panel est assez représentatif de l’offre mondiale : de belles firmes américaines, un cabinet du magic circle et une marque française à renommée internationale. Leur réseau est de qualité et le niveau d’expertise est globalement homogène en fonction des pays, ce qui est important pour un groupe mondial comme TotalEnergies. Le cabinet Gide Loyrette Nouel a pour sa part intégré un réseau baptisé Lex Mundi, dont nous avons pu apprécier l’efficacité sur plusieurs deals internationaux, notamment un dossier hispano-portugais.
Deux cabinets ont donc quitté le panel mondial. Qu’est ce qui a pêché ?
Je m’abstiendrai de les citer car ce n’est pas la qualité de leur travail qui était en cause. Mais il a fallu faire des choix entre d’excellents cabinets, avec une volonté de réduire le nombre de cabinets sur le panel global. Cette évolution démontre qu’aucune place n’est jamais acquise. Nous souhaitons travailler dans la durée avec nos conseils juridiques, mais ils doivent également s’investir dans cette relation. Ils doivent s’assurer de la qualité des équipes qu’ils affectent à nos dossiers, mais aussi veiller à un certain niveau de prestations annexes. Je pense par exemple aux détachements de leurs avocats chez nous, ou à la formation et l’information qu’ils nous peuvent nous proposer. Le panel n’est pas qu’une négociation de tarifs, c’est également un moyen d’apprendre à mieux se connaître pour être plus efficaces ensemble.
Qu’en est-il des panels locaux et notamment celui qui concerne la France ?
Nous avons établi une petite trentaine de panels locaux, construits avec les équipes juridiques des pays les plus importants. Ce sont plus des référencements sélectifs qu’une véritable panélisationn, mais ils nous permettent de rationnaliser le nombre de cabinets avec lesquels nous opérons régulièrement. En France par exemple, nous travaillons désormais avec une cinquantaine de cabinets, qu’ils soient d’envergure nationale ou régionale, contre une centaine lorsque nous avons mis en place le panel France. Ces cabinets peuvent couvrir des besoins transnationaux, nationaux ou locaux, car nous disposons de nombreuses implantations industrielles sur l’ensemble du territoire. La taille des structures sélectionnées est variable. Nous avons par exemple manifesté notre confiance à Bredin Prat ou August Debouzy qui comptent plus de cent avocats chacun, De Gaulle Fleurance et Bersay Associés, mais également à des boutiques spécialisées comme Boivin & Associés en droit de l’environnement, Freget Glaser en droit de la régulation et droit public, ou encore Antonin Levy & Associés ou Bougartchev Moyne Associés en droit pénal des affaires