L’emploi des avocats en cabinet
L’Observatoire du Conseil national des barreaux a récemment publié la troisième édition de son enquête sur l’emploi des avocats. Elle a été réalisée, avec Viavoice, auprès d’un panel de plus de 10 000 avocats, exerçant dans des structures de tailles différentes. Plusieurs enseignements intéressants peuvent en être tirés s’agissant des grands cabinets d’affaires.
Cette troisième édition de l’enquête de l’Observatoire du CNB a vocation à dresser un état des lieux de l’emploi des avocats en France. Réalisée par interviews durant le mois d’avril, elle démontre, malgré un contexte géopolitique et économique incertain, une certaine stabilité de l’état des cabinets. Quelque 47 % des personnes interrogées pensent que l’activité du cabinet dans lequel elles exercent est stable (+ 2 points par rapport à l’an dernier). 35 % indiquent même qu’elle est en développement (- 2 points). Seuls 15 % annoncent qu’elle est en recul. À noter que si les plus grands cabinets sont plus nombreux à être en croissance (41 %), le recul de cette part de cabinets est également plus important (- 6 points).
Les deux tiers des cabinets travaillent pour le compte d’une clientèle d’entreprises. L’activité reste à dominante contentieuse, dans plus de la moitié des structures (53 %). Seuls 26 % des répondants déclarent que le conseil est majoritaire.
Les domaines d’activité principaux, assez stables par rapport à la précédente édition de l’enquête, sont en premier lieu le droit commercial, des affaires et de la concurrence (27 %), suivi d’une pratique généraliste, déclarée à 24 %. Suivent ensuite le droit du travail, qui à 23 % perd 2 points, et le droit de la famille, des personnes et du patrimoine. On notera la progression du droit civil, à 4 points de plus que l’année dernière. Les répondants indiquent des perspectives de développement pour leur cabinet en droit de l’environnement, avec une progression de 16 points, tandis que le droit du numérique et des communications, le droit rural et le droit fiscal et douanier perdent 11 points chacun.
Des mouvements stables
Dans le panel, 2 associés sur 10 et un individuel sur 10 ont dû faire face à au moins un départ au sein de leur équipe en 2023. Le chiffre est stable par rapport à l’année précédente. En creusant, on constate que le mercato est plus actif dans les cabinets de grande taille. La mobilité est très importante en droit de l’arbitrage, en droit bancaire et boursier et surtout en droit de la protection des données personnelles (+ 12 % de mouvements par rapport à 2022). En 2023, 1 cabinet sur 5 a recruté au moins un collaborateur ou un associé, ce qui est également stable. Mais les recrutements sont attendus en baisse pour 2024. Seulement 19 % des répondants pensent augmenter leurs effectifs (- 3 points par rapport à l’an passé). Cette baisse est particulièrement sensible dans les structures exerçant pour des grands groupes, des TPE et des PME. Les avocats anticipent donc un ralentissement des dossiers.
Les difficultés de recrutement sont évoquées depuis déjà quelques années. Et même si la situation semble s’être réglée dans les grandes firmes internationales, quelque 74 % des répondants ont indiqué qu’ils avaient connu des difficultés pour recruter des collaborateurs. Parmi eux, 43 % indiquent avoir rencontré « beaucoup de difficultés ». L’enquête révèle que le manque de candidatures, cité à 64 %, est le premier des obstacles au recrutement de collaborateurs, suivi du manque de motivation (52 %) et des demandes de rémunération trop élevées (44 %). Le manque d’expérience n’arrive qu’en 4e position. Les recrutements d’associés paraissent, eux, beaucoup moins compliqués et le baromètre PwC Legal Business Solutions, mené chaque année par Jérôme Rusak, en témoigne : 425 mouvements d’associés ont été comptabilisés en 2023 (+ 35 % par rapport à 2022)1.
Les collaborateurs attirés par le positionnement du cabinet
Côté collaborateurs, ils sont peu à avoir rencontré des difficultés à trouver une collaboration. L’enquête révèle que 67 % d’entre eux n’ont même rencontré aucune difficulté. Elle note cependant une légère tension en région parisienne, puisque 35 % des avocats disent avoir eu du mal, soit 12 points de plus par rapport à l’année dernière. Les collaborateurs rejoignent un cabinet certes en raison du montant de la rémunération à 60 %, soit 5 points de plus que l’année dernière, mais ce n’est pas le critère cité par le plus de gens en premier (seulement 16 % le mentionnent en premier). Ce sont encore les spécialités du cabinet qui, les premières, attirent, même si ce critère perd 6 points. Le positionnement de la maison est donc essentiel.
On relèvera en outre que l’organisation du travail et la culture du cabinet sont des éléments qui attirent de plus en plus, puisque 18 % citent ces éléments en premier, tout comme la capacité à se former. L’importance accordée à l’organisation se retrouve dans la partie de l’étude consacrée à la qualité de vie au travail, 57 % du panel considérant que l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle est primordial, davantage que les revenus. D’ici trois ans, près de 30 % des collaborateurs envisagent de quitter la profession (+4 points), tandis que 25 % prévoient de travailler dans un autre cabinet (+ 5 points). T
La rédaction