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« Le recrutement des avocats n’est pas assez digitalisé »

Par Anne Portmann

PartnersGate vient de lancer un portail de recrutement, destiné aux avocats associés, fonctionnant avec un algorithme qui met en contact, de manière confidentielle, les candidats et les cabinets dont les recherches convergent. Les explications de Yan Le Provot, fondateur de la plateforme.

Comment est venue l’idée
de PartnersGate ?

À plusieurs reprises, des amis avocats m’ont fait part de leur difficulté à recruter des associés et je me suis intéressé à la question. Je leur ai demandé, en pratique, comment cela se passait. Ils m’ont indiqué que les recrutements fonctionnaient par le bouche-à-oreille ou via des chasseurs de tête, que le processus était long et coûteux et pas toujours concluant, en raison de la difficulté notamment à identifier les profils à l’écoute du marché. De plus, bien souvent, les avocats ne communiquent pas ou peu sur leur souhait de changement et les cabinets manifestent parfois trop discrètement leurs intentions de recrutement. Ces procédés m’ont paru quelque peu archaïques et je me suis dit qu’en 2023, il y avait forcément des solutions plus efficientes. Après un rapide tour d’horizon des offres existantes sur le marché, j’ai constaté qu’il n’existait pas, dans le secteur, de solution digitale de mise en relation entre cabinets et candidats au poste d’associé.

Que propose votre plateforme ?

C’est tout sauf un site de petites annonces. La solution, qui requiert une inscription préalable, est basée sur un algorithme qui fait converger les critères recherchés par le cabinet avec ceux recherchés par le candidat, un peu sur un principe identique à celui qui existe pour des sites de rencontres plus récréatifs ! Cabinets et avocats remplissent, lors de l’inscription, un questionnaire détaillé avec des informations sur leur profil, leur pratique, leur chiffre d’affaires, leur localisation, etc. Une fois cette étape effectuée, l’algorithme examine alors les profils compatibles et indique aux candidats, les cabinets recherchant leur profil. C’est ce que nous appelons une « opengate », ou un « match » si l’on reprend un vocabulaire plus couramment employé.

À ce stade, le cabinet ne connaît pas l’identité du candidat et tout est strictement confidentiel. J’insiste sur le fait qu’ensuite, tout est à la main du candidat. C’est lui et lui seul qui décide s’il souhaite poursuivre la démarche auprès d’un ou plusieurs cabinets compatibles avec son profil et communiquer ses coordonnées. Cela est très important, car les candidats sont dans une position très délicate et les cabinets en recherche peuvent compter dans leurs rangs des professionnels avec lesquels ils ne souhaitent pas s’associer ou des avocats qui connaissent le cabinet qu’il souhaite quitter. Cela permet d’éviter de telles situations.

Quels sont les critères pris en compte ?

Ils sont nombreux. Pour le candidat, j’ai déjà évoqué le chiffre d’affaires apporté, ou encore sa pratique, mais il y en a d’autres tels que la nature du cabinet recherché (i.e. français, anglais, américain ou autre), sa taille, ses expertises ou encore s’il est membre d’un réseau, etc. Les candidats comme les cabinets renseignent d’autres informations (ex : parité homme/femme) qui ne sont pas déterminantes dans les « opengates », mais qui sont autant d’indications permettant aux intéressés de confirmer leur attrait réciproque.

À quels candidats et à quels cabinets s’adresse le site ?

Il permet aux cabinets de recruter des associés, mais peuvent évidemment s’inscrire des counsels ou des collaborateurs seniors qui aspirent à l’association et se heurtent au plafond de verre dans leur cabinet actuel. S’agissant des cabinets, tous peuvent s’inscrire, de la structure d’affaires à l’avocat en exercice individuel qui recherche un associé, à Paris ou en régions. Il se veut le plus large possible.

Quel est le coût de votre solution ?

L’inscription pour le candidat est totalement gratuite. Pour les cabinets, nous proposons différentes formules selon les besoins, avec un coût qui dépend du nombre de recherches, assez modique, auquel s’ajoutent des success fees en cas d’association, qui dépendent du chiffre d’affaires annoncé par le nouvel associé.

La confidentialité est cruciale dans votre solution. Comment la garantissez-vous ?

Nous avons fait appel à un hébergeur avec un haut standard de protection de la confidentialité des données. Par ailleurs, au moment de l’inscription, candidats et cabinets doivent signer un accord de confidentialité, aux termes duquel ils s’engagent à ne pas dévoiler d’informations. De surcroît, à la fin de leur inscription, les candidats téléchargent une copie de leur carte d’exercice professionnel au barreau. Les profils sont ensuite validés sous 48 heures.

Quelles sont les perspectives de développement
à court terme ?

Après un premier post sur LinkedIn afin de faire connaître le site et alors que la plateforme n’a été mise en ligne que récemment, nous avons été heureux de voir le nombre d’inscriptions ! Cela démontre que notre solution correspond aux attentes du marché et que dans ce domaine, la digitalisation est encore très insuffisante. L’algorithme s’affine au fil des inscriptions et les feedbacks nous permettront d’améliorer l’expérience et la satisfaction client. Nous allons également poursuivre la digitalisation du recrutement en cabinets d’avocats.