L’AMF fait le bilan de la crise de 2020
Le 15 avril 2021, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a présenté son rapport annuel pour l‘année 2020, fortement marquée par la crise sanitaire qui, selon son président Robert Ophèle, a « profondément affecté le tissu économique ainsi que les marchés financiers ».
Bien qu’elle ait été assez vite surmontée par les marchés boursiers, la crise a laissé des traces profondes et s’est concrètement traduite par une forte volatilité et volumétrie sur les marchés financiers. Pour éviter l’emballement des marchés, l’AMF a rapidement pris diverses positions, qui ont, pour certaines, été reprises au niveau des marchés européens par l’ESMA. Dans son rapport, l’AMF a pointé cinq axes principaux à prendre en compte pour assurer le financement de la reprise par les marchés financiers.
L’AMF insiste en premier lieu sur le nécessaire accompagnement de l’augmentation de l’actionnariat individuel. En France, elle a recensé environ 60 millions de transactions boursières de particuliers, contre 25 millions les années précédentes. Dans le cadre de ses contrôles courts, dits SPOT, l’AMF souligne la nécessaire adéquation entre les instruments financiers recommandés et la situation des clients.
L’Autorité a insisté sur l’obligation de transparence des sociétés cotées. Pendant la crise, l’AMF leur a rappelé les règles en matière d’information permanente afin de prévenir les abus de marché. Des recommandations avaient été faites pour les assemblées générales, souvent tenues à huis clos. Il sera relevé toutefois qu’aucun émetteur français n’a donné la possibilité d’exercer le vote électronique en direct pendant l’AG en 2020. L’AMF a aussi poursuivi ses priorités en matière d’engagement en faveur d’une finance durable. Le rapport revient sur certaines de ses actions en ce sens, dont la publication d’une première doctrine pour la commercialisation de produits de gestion collective intégrant des approches extra-financières pour éviter le greenwashing. Elle a participé aux consultations de la Commission européenne sur sa stratégie renouvelée en matière de finance durable, sur la révision de la directive sur l’information extra-financière des émetteurs. Elle a proposé un encadrement des fournisseurs de notations et de données extra-financières.
Le dispositif de suivi pour collecter au quotidien les éventuelles activations d’outils de gestion de la liquidité et les flux des souscriptions et rachats auprès des sociétés de gestion a été renforcé. Le rapport constate aussi que près de cinq ans après l’annonce de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’Union des marchés de capitaux a peu progressé, même si la Commission européenne a présenté un plan d’actions très concret en septembre 2020. L’Autorité préconise de favoriser l’émergence d’acteurs européens de dimension internationale.
Le président de l’AMF a enfin fait état de 33 M€ de pertes cumulées pour l’institution. Ce manque de moyens conduit notamment l’Autorité à réduire sa participation aux groupes de travail internationaux.