Fed Légal dévoile son baromètre 2020 sur les recrutements des professionnels du droit
Le cabinet de recrutement Fed Légal dévoile, en exclusivité à la LJA, son baromètre 2020 des emplois juridiques et fiscaux, qui recense l’ensemble des missions qui lui ont été confiées (hors cabinet d’avocats et études notariales). L’occasion pour Ian De Bondt, directeur associé, d’analyser les incidences de la crise sanitaire sur le marché et les embauches.
Quel est l’effet de la crise sanitaire sur les recrutements juridiques en entreprise ?
Rappelons tout d’abord que les missions confiées par nos clients concernent les métiers juridiques et fiscaux sous toutes ses formes : CDI, CDD, intérim et management de transition. Nous avions donc une vision représentative du marché durant cette année si particulière. Celui-ci s’est effondré de près de 40 %, entre le 15 mars et le 1er juin 2020. La plupart des recrutements en cours ont été stoppés et le flux de missions qui nous a été confié a drastiquement baissé.
Si beaucoup d’entreprises ont mis en stand-by leur projet de recrutement, d’autres ont été capables de s’adapter très rapidement. Elles ont entamé ou poursuivi des processus de recrutement par visioconférence, parfois à 100 % jusqu’à l’offre finale. Les recrues effectuaient ensuite leur intégration en télétravail. Étonnant et inédit !
En juin et juillet 2020, l’activité a repris à 80 %, puis quasiment à plein régime à partir du mois de septembre. Le rebond s’est donc fait sentir dès les beaux jours et le 2e confinement n’a eu aucune incidence sur le marché. Les entreprises s’étaient adaptées techniquement – elles avaient notamment mis en place les outils pour travailler à distance – et étaient prêtes à affronter la situation. Cela se comprend aisément : étant conscients que la sortie de la crise sanitaire serait longue et périlleuse, nos clients ont été habités d’une logique rationnelle. Ils ne pouvaient pas reporter indéfiniment leurs projets alors même que leur budget recrutement avait été validé avant le mois de mars 2020. La crainte de perdre ce budget les a même parfois fait accélérer les choses.
Dans quels secteurs les directions juridiques et fiscales ont-elles recruté et sous quels types de contrats ?
Depuis 2017, la part des contrats à durée indéterminée (CDI) ne cesse de progresser chaque année. Et, malgré la crise sanitaire, le CDI représente plus de 3/4 des recrutements des professionnels du droit en 2020 (hors avocats). Ce type de contrat constitue en effet 76,25 % des motifs d’embauche (contre 69,5 % en 2019 et 66,25 % en 2018), loin devant le CDD (13,25 %) et l’intérim (10,5 %). Attention toutefois à la nuance : si la proportion de CDI par rapport aux autres contrats a augmenté en 2020, le nombre de missions traitées a tout de même été un peu plus faible en valeur absolue, notamment pendant le 1erconfinement. Néanmoins, c’est encourageant et notable : les projets de CDI ne sont pas transformés en missions temporaires. Les entreprises ayant maintenu leur recrutement l’ont fait par le biais du CDI pour une grande majorité d’entre elles.
Quant aux secteurs d’activité les plus résilients, c’est l’une de nos grandes surprises. Fed Légal étant organisé par spécialisation sectorielle, les chiffres nous ont sautés aux yeux et effectuer des comparaisons a été facile. La résilience a été plus forte chez les industriels, notamment l’industrie de l’énergie, la construction ou encore l’ingénierie. Les projets industriels s’établissent sur des cycles très longs et c’est sans doute ce qui explique que les recrutements prévus se remettent en cause plus difficilement. Le secteur immobilier, notamment la promotion, a lui-aussi bien résisté à la période, pour les mêmes raisons. Les entreprises de « services » ont beaucoup plus souffert que les autres entre les mois de mars et de juin 2020. Il s’agit, le plus souvent, d’un rythme business très différent, moins long-termiste.
La typologie de postes est, par ricochet, liée au secteur d’activité dans lequel opèrent les sociétés. Ont été essentiellement recrutés, des juristes spécialisés en contrats internationaux, en financement de projets et en droit de la construction.
Parallèlement et pour d’autres raisons, plus structurelles et moins conjoncturelles, les postes en compliance, conformité, regulatory, ont également été nombreux, que ce soit dans le domaine bancaire et financier ou dans d’autres secteurs régulés (santé, énergie, etc.).
Quels ont été les motifs d’embauche ?
Comme les années précédentes, le remplacement a constitué le 1er motif d’embauche dans les directions juridiques et fiscales. Celui-ci s’est renforcé en 2020 (+ 4,25 points comparés à 2019), représentant plus de la moitié des embauches. Du côté des contrats ayant pour motif le remplacement d’un membre de ces directions, le nombre de CDI a bondi lors du 1er confinement qui a eu lieu lors du 2e trimestre (+ 15 points par rapport au 1er trimestre). Le phénomène s’explique par la baisse des créations de postes en CDI sur la même période. Soulignons que la création de postes constitue le 2e motif d’embauche, représentant plus d’un tiers des recrutements (36,25 %).
Si les créations de postes en CDI ont baissé de manière logique en raison de la perte d’activité, les remplacements représentaient quant à eux des besoins déjà existants. Dès lors, le ratio des postes en contrat permanent augmente naturellement pour les recrutements ayant pour motif le remplacement d’un collaborateur. Ce phénomène s’est poursuivi dans une moindre mesure durant le reste de l’année, les chiffres de ce motif restant néanmoins supérieurs à 40 % depuis le début de la crise.
En revanche, les entreprises ont moins recruté pour faire face à un accroissement d’activité en 2020. Ce motif perd près de 5 points en un an et représente 10 % des motifs de recrutements. Les courbes du graphique lié à ce motif de recrutement ont continué de suivre de manière logique l’activité sanitaire en 2020. Le 2e trimestre, passé pour la majeure partie du temps en confinement, a vu le nombre de recrutements ayant ce motif baisser, tout comme lors du 2e confinement (4e trimestre).
Quid de l’effet du Covid-19 sur le recrutement des avocats ?
De mars à octobre 2020, le processus de recrutement des avocats – hors recrutement d’associés qui a été assez exceptionnel pour nous en 2020 – s’est quasiment arrêté dans la plupart des structures internationales. Une distinction s’est en effet opérée entre les cabinets internationaux, fortement averses au risque, et certains cabinets français. Les firmes anglo-saxonnes ont reporté presque tous leurs recrutements, sans faire de différence entre les pratiques, qu’elles soient actives ou non pendant la période. A contrario, certains cabinets français bien positionnés, connus sur leur marché, agiles et opportunistes, ont été bien plus résilients que leurs homologues. Passé le moment d’effarement, ils ont rebondi, dès le mois de mai, en considérant la crise sanitaire comme une opportunité d’attirer des profils qui ne seraient pas venus vers eux en temps normal.
Le marché des candidats ne s’est, quant à lui, pas arrêté. Les collaborateurs exerçant dans des cabinets internationaux ont parfois mal vécu la communication effectuée par leur firme et étaient inquiets, ou frustrés, du gel de leur rétrocession et bonus, malgré un volume de travail similaire, voire accru. Nombre d’entre eux étaient plus à l’écoute du marché, voire en recherche active, et les cabinets français en ont parfois bien profité. La situation est revenue à la normale pour tout le monde à partir du début du mois de novembre.
Plus d'informations sur www.fedlegal.fr