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Les juristes d’entreprise, satisfaits de leur sort ?

Par Anne Portmann

Oxygen +, en partenariat avec l’AFJE et le Cercle Montesquieu, vient de publier la deuxième édition de son baromètre de la satisfaction au travail des juristes d’entreprise.

La nouvelle édition du baromètre révèle des chiffres à faire pâlir d’envie n’importe quel responsable du bienêtre au travail. Réalisée à partir d’un questionnaire rempli anonymement par 508 juristes d’entreprise, qui travaillent tous dans une direction juridique, cette deuxième mouture témoigne de l’épanouissement des acteurs du secteur.

Même si les questions, plus nombreuses dans l’édition 2021, ont été réduites au nombre de sept, considérées comme essentielles pour l’édition 2022, les résultats n’en sont pas moins significatifs. Les auteurs de l’étude ont toutefois signalé que la prochaine édition, pour 2023, reprendrait l’intégralité des questions posées en 2021.

La précédente édition avait en effet révélé, notamment, que plus d’un quart des juristes se disaient en « burn-out » mais cette donnée n’a pas été confirmée cette année, la question n’ayant pas été posée. Selon Stéphane Lefer, avocat et fondateur d’Oxygen +, cette nouvelle édition vient confirmer les tendances de la première, mais met en avant des évolutions parfois significatives, telle que la progression en matière de satisfaction sur le télétravail. « Les signaux d’alerte ou d’attention sont encore plus présents ! Ainsi, plus nombreux sont les juristes qui considèrent que leur charge de travail est trop importante et que leurs perspectives d’évolution sont limitées ! », constate-t-il également. Quelque 81 % des juristes d’entreprises interrogés sont globalement satisfaits au travail, soit une hausse de 3 points par rapport à l’édition précédente, qui en comptait 78,05 %. Dans le détail, près de 22 % des personnes interrogées attribuent une note de 8, sur une échelle graduée de 0 à 10, à leur niveau de contentement, et respectivement une note de 7 et de 6 pour 24,38 % et 27,27 % d’entre eux. Quelque 85 % estiment que l’ambiance au sein de leur service juridique est globalement bonne. Les juristes sont également contents de la répartition entre travail au bureau et télétravail.

Le niveau de satisfaction ayant bondi de 7 points, il prouve que les professionnels estiment ces aménagements équilibrés, une information intéressante à l’ère post-Covid. Selon Anna Gonzalez Helly, avocat chez Oxygen +, « le Covid aura au moins permis de contribuer à une plus grande liberté dans l’organisation du travail de chacun dans notre profession ». Côté pile toutefois, malgré l’euphorie, il existe encore une marge de progression relative à certains sujets.

Les juristes d’entreprise considèrent, pour la grande majorité d’entre eux, que leur charge de travail est très importante, parfois trop. Ce sentiment, traduit dans l’étude par la question : « Je ressens fréquemment une charge de travail trop importante », est partagé par plus de 8 juristes sur 10 (87,60 %). Plus précisément, sur une échelle de 1 à 10, 31, 6 % des juristes, soit près d’un tiers, attribuent une note de 8 sur 10 à cette proposition et 19,2 lui attribuent la note maximale de 10. L’une des interprétations de ce résultat sera l’importance grandissante de la place du droit au sein de l’entreprise qui se traduit par cette sur-sollicitation des juristes, ou une traduction des besoins des services juridiques en termes de moyens et de personnes. On peut y voir aussi une conséquence néfaste du télétravail, qui augmente l’impression de « surcharge » des salariés à domicile.

Besoin de reconnaissance

Un juriste sur deux estime que sa rémunération n’est pas en adéquation avec son travail, soit en pourcentage, 52,16 % des personnes interrogées qui notent en dessous de 5 la proposition suivante : « ma rémunération est en adéquation avec mon travail ». On relèvera que c’est 1 point de plus que dans la précédente étude, seulement 51,1 % des répondants s’étant considérés comme mal rémunérés. Mais c’est surtout sur la question des perspectives d’évolution que l’on constate une augmentation du pessimisme. En effet, c’est désormais 63,7 % des juristes qui considèrent ne pas avoir de perspectives d’évolution dans les fonctions qu’ils occupent, soit une progression de mécontents de 6 points lorsque l’on compare à l’édition précédente.

L’examen du détail des réponses révèle cependant qu’un tiers attribue la note de 5 à la proposition « J’ai des perspectives d’évolution dans mon travail » alors que seulement un peu plus de 10 % des répondants lui attribue une mauvaise note, entre 3 et 5. Paradoxalement cependant, les juristes d’entreprise considèrent, en majorité, qu’ils sont reconnus et valorisés dans leur travail.