Paye ta robe, florilège du sexisme ordinaire
Par
Cet article a été publié dans LJA Le Mag n°50 septembre/octobre 2017
Il suffit de scroller les témoignages pour s’en convaincre : le sexisme dans la profession d’avocat ne se résume pas à « quelques gros balourds à droite à gauche » mais constitue bien un problème systémique. C’est ce que dénonce, depuis octobre 2016, la plateforme Paye ta robe (un Tumblr, une page Facebook, un compte Twitter), créée par deux avocates pour libérer la parole.
Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Voilà à peu près ce qu’inspirent au lecteur – d’ailleurs généralement une lectrice – le Tumblr, le compte Twitter et la page Facebook de Paye ta robe. Créée en octobre 2016 sur le modèle de Paye ta shnek, un blog dénonçant le harcèlement de rue, la plateforme compile les perles, saillies et morceaux choisis les plus fins du sexisme ordinaire à l’œuvre dans la profession d’avocat. De la stagiaire jugée « trop féminine pour les fusacqs » à la prétendue « dictature de la femme enceinte » – laquelle venait d’être virée à son retour de congé de maternité –, en passant par les petits surnoms infantilisants comme « Miss » ou « Mon trésor », la collection donne à voir toute la variété et la banalité d’un problème qui, officiellement, n’existe pas. En matière d’égalité le barreau français figurerait en effet parmi « les plus avancés sur le plan international », affirme le Conseil national des barreaux.
Un flot de témoignages
La plateforme Paye ta robe affiche pourtant plus de 12 000 followers. Et, lors de sa mise en ligne, ses fondatrices se sont vite trouvées noyées sous le flot des témoignages. « Ce n’était pas franchement une surprise, reconnaît Emmanuelle, collaboratrice d’un cabinet de taille moyenne. Rien qu’en faisant le tour de mon bureau, chaque consœur avait une petite anecdote à rapporter. » Une petite anecdote – voire plusieurs, voire des carrément énormes – que la plupart gardaient pourtant soigneusement pour elles. C’est précisément cette chape de plomb que Paye ta robe cherche à dynamiter : « Quand ça vous arrive, vous vous sentez mal à l’aise, poisseuse, et vous finissez par vous demander si vous n’y êtes pas un peu pour quelque chose, rapporte Marie, l’autre animatrice de la communauté PTR, collaboratrice en cabinet d’affaires. En faisant apparaître le volume, la récurrence, parfois la gravité de certains propos ou comportements, on pointe le caractère systémique de ce sexisme. » Lequel n’est pourtant plus à prouver : en 2013, un rapport de l’Observatoire de l’égalité dénombrait pêle-mêle des écarts de rémunération (42 %), un plafond de verre écrasant pour les associées (à peine 20 % des heureux cooptés), un taux d’omission effarant (40 % durant les dix premières années d’exercice)… « Mais tout ça reste très désincarné, juge Emmanuelle. Il fallait révéler les situations et les exposer, les rendre palpables. »
Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Voilà à peu près ce qu’inspirent au lecteur – d’ailleurs généralement une lectrice – le Tumblr, le compte Twitter et la page Facebook de Paye ta robe. Créée en octobre 2016 sur le modèle de Paye ta shnek, un blog dénonçant le harcèlement de rue, la plateforme compile les perles, saillies et morceaux choisis les plus fins du sexisme ordinaire à l’œuvre dans la profession d’avocat. De la stagiaire jugée « trop féminine pour les fusacqs » à la prétendue « dictature de la femme enceinte » – laquelle venait d’être virée à son retour de congé de maternité –, en passant par les petits surnoms infantilisants comme « Miss » ou « Mon trésor », la collection donne à voir toute la variété et la banalité d’un problème qui, officiellement, n’existe pas. En matière d’égalité le barreau français figurerait en effet parmi « les plus avancés sur le plan international », affirme le Conseil national des barreaux.
Un flot de témoignages
La plateforme Paye ta robe affiche pourtant plus de 12 000 followers. Et, lors de sa mise en ligne, ses fondatrices se sont vite trouvées noyées sous le flot des témoignages. « Ce n’était pas franchement une surprise, reconnaît Emmanuelle, collaboratrice d’un cabinet de taille moyenne. Rien qu’en faisant le tour de mon bureau, chaque consœur avait une petite anecdote à rapporter. » Une petite anecdote – voire plusieurs, voire des carrément énormes – que la plupart gardaient pourtant soigneusement pour elles. C’est précisément cette chape de plomb que Paye ta robe cherche à dynamiter : « Quand ça vous arrive, vous vous sentez mal à l’aise, poisseuse, et vous finissez par vous demander si vous n’y êtes pas un peu pour quelque chose, rapporte Marie, l’autre animatrice de la communauté PTR, collaboratrice en cabinet d’affaires. En faisant apparaître le volume, la récurrence, parfois la gravité de certains propos ou comportements, on pointe le caractère systémique de ce sexisme. » Lequel n’est pourtant plus à prouver : en 2013, un rapport de l’Observatoire de l’égalité dénombrait pêle-mêle des écarts de rémunération (42 %), un plafond de verre écrasant pour les associées (à peine 20 % des heureux cooptés), un taux d’omission effarant (40 % durant les dix premières années d’exercice)… « Mais tout ça reste très désincarné, juge Emmanuelle. Il fallait révéler les situations et les exposer, les rendre palpables. »
Ce contenu est réservé à nos abonnés
Déjà abonné ? Identifiez-vous.
Ou découvrez notre offre spéciale d'abonnement.
S'abonner