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Coronavirus ou le couronnement des legaltechs

Par Grégoire Debit, CEO - Closd

La crise du Covid-19 a révélé la nécessité pour les cabinets d’avocats et les directions juridiques de se digitaliser rapidement et durablement. Si certains restent encore prudents face à des technologies pour la plupart récentes, la majorité a compris l’importance de ces outils pour leur croissance, voire leur survie. Les legaltechs arrivent quant à elles à maturité au bon moment.

Il y a encore trois ans, le monde du droit fonctionnait de manière traditionnelle avec beaucoup de papier et des pratiques chronophages gravées dans le marbre. Grâce à quelques précurseurs et early adopters, motivés par la digitalisation réussie de nombreux autres secteurs, la technologie a mis le pied dans la porte et l’ouvre désormais en grand. Les situations de crise sont des accélérateurs d’innovation. Cette crise sanitaire n’échappe pas à la règle. Elle a fait gagner plusieurs années dans l’évolution des mentalités et de l’organisation du travail. Selon des enquêtes publiées récemment, la grande majorité des professionnels du droit estime que la technologie est la tendance qui aura le plus d’impact sur leur organisation au cours des trois prochaines années. Pourtant, seule une minorité pense être prête. De plus, la quasi-totalité des directions juridiques demandera aux cabinets d’avocats de présenter les technologies utilisées pour être plus productifs. La transformation est donc inévitable mais la mise en œuvre et l’adoption nécessiteront du temps et beaucoup d’accompagnement de la part des prestataires.

Le boum du télétravail va d’autant plus accentuer ce mouvement, notamment au profit d’outils de travail collaboratif hébergés dans le Cloud, donc accessibles depuis n’importe où.

Un marché de la legaltech qui mûrit et se consolide

Selon les dernières enquêtes, les avocats ont identifié trois chantiers prioritaires pour la transformation numérique de leurs cabinets :

■ La facilitation des échanges entre les interlocuteurs impliqués sur les dossiers et les clients ;

■ L’amélioration de leur image et de leur visibilité en ligne ;

■ L’intégration d’outils pour automatiser les tâches chronophages.

Si la crise a mis en exergue l’importance des legaltechs, elle a également accéléré le mouvement de sélection et de concentration inhérent à tout secteur émergent en phase de consolidation. En effet, la France compte actuellement 250 legaltechs. C’est en volume le deuxième marché au monde. Ce chiffre devrait décroître et la tendance serait plutôt à l’association des acteurs les plus performants par secteur d’activité. L’objectif est d’acquérir une plus grande solidité économique et d’offrir aux clients une offre de service complète et interopérable. Avocats et directeurs juridiques sont favorables à ces associations car la multiplication des outils est souvent présentée comme un obstacle engendrant des difficultés d’adoption et des coûts supplémentaires. Il est donc nécessaire d’intégrer au sein d’une poignée de logiciels l’ensemble des outils répondant aux besoins essentiels d’une pratique juridique. Enfin, l’autre tendance forte qui ressort est l’appétence des professionnels pour les legaltechs fondées par d’anciens praticiens du droit. C’est bien normal : il s’agit de transformer des usages très spécifiques et perfectionnés au fil des années. Le fait que l’innovation vienne de l’intérieur de la profession constitue un élément essentiel pour la confiance des acteurs dans ces mutations rapides.

Vers une interdépendance des legaltechs et des professions juridiques

Si les legaltechs pouvaient être perçues comme des « braconniers du droit » il y a quelques années, leur image a évolué et nul ne doute à présent du retour sur investissement positif de celles-ci. En effet, les meilleures legaltechs ont désormais des produits fiables et des réputations solides. De ce fait, la croissance et l’attractivité des professions juridiques semblent de plus en plus liées aux technologies qu’elles adoptent pour améliorer leur productivité et offrir une nouvelle expérience à des clients dont les attentes ont évolué. La technologie permettra aux avocats et juristes de devenir des business partners encore plus importants et « rentables » pour les entreprises. En outre, elle constitue un avantage concurrentiel certain. Autrement dit, c’est un partenariat win-win. 2020, année si particulière, sera entre autres celle des legaltechs. Désormais acteurs incontournables dans l’univers juridique, elles ne remplaceront pas les juristes mais les augmenteront.

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