Quel leadership ? Quelles qualités pour le leader ?
Le leader, c’est-à-dire celui qui est en responsabilité d’autres personnes, dispose d’un bon QI mais aussi et surtout diraient certains, d’un QE (quotient émotionnel) développé.
Aucune découverte pour le RH d’entreprise. La constatation est en revanche plus récente sans doute pour les cabinets d’avocats. Le travail en « mode projet », c’est-à-dire faire fonctionner de manière collaborative et transverse les équipes, celles des directions juridiques et des cabinets d’avocats notamment, de plus en plus répandu, souligne un fossé de culture qui se creuse… Vigilance donc !
Petit tour rapide de quatre compétences qui permettent aux leaders d’aujourd’hui d’affronter un monde complexe et incertain.
La compétence métier
Le leader possède avant tout l’expérience et les compétences afférentes à son métier : techniques et opérationnelles. Des qualités de prise d’initiative et de décisions, de définitions d’objectifs, de pragmatisme. Il sait gérer le stress, la solitude, l’ambiguïté et faire preuve de résilience.
La compréhension des enjeux
Le leader comprend son interlocuteur et ses enjeux. Il appréhende les enjeux qui pèsent au-dessus de lui (board de son cabinet à New York, pression financière, bourses, boards des clients, contraintes juridiques / économiques / politiques / sociales, syndicats…), à côté de lui, avec des acteurs qui s’adressent à lui, en dessous de lui, avec la population dont il a la charge, ainsi qu’à l’extérieur (écosystème / réseaux…). Il comprend les enjeux cachés des autres. Non pas pour les manipuler, mais pour créer du lien avec eux, pour montrer qu’il est en mesure de créer de bonnes conditions de coopération, d’ouverture.
La qualité d’être, la qualité d’être AVEC
Un leader doit rendre les gens meilleurs, leur donner envie de se dépasser, créer de l’adhésion. Il optimise et s’adapte au potentiel de chaque collaborateur qui l’accompagne.
Par son rayonnement, sa simplicité, son humilité et son ambition (non ce n’est pas incompatible !), le leader rend ses collaborateurs plus compétents et investis. Il donne confiance à son équipe et permet d’ouvrir la capacité de prise de risque de chacun. L’individu est considéré en tant que sujet de croissance et non en tant qu’objet de production.
La qualité de gérer la relation... qui commence par la compréhension de soi, pour mieux appréhender les autres
Le psychologue américain Daniel Goleman a identifié, dans les années 90, 5 éléments-clés de l’intelligence émotionnelle et qui prennent tout leur sens une fois appliqués au leadership.
1. Se connaître soi-même (self awareness)
Le premier point consiste à (re)connaître ses émotions. C’est ce qui permet de savoir se projeter dans ce qu’elles induisent chez l’autre, d’avoir conscience de ses propres forces et faiblesses.
2. La maîtrise de soi (self regulation)
Savoir canaliser ses émotions pour notamment ne pas se laisser déborder (par le stress par exemple), éviter de prendre des décisions impulsives, sans prendre de recul. Garder le contrôle.
3. Connaître ses motivations profondes (motivation)
Identifier ses moteurs, ceux qui nous permettent d’avancer vers nos objectifs, la quête de sens peut par exemple en être un puissant. Les leaders qui font preuve d’une grande motivation ont souvent de hauts standards de qualité vis-à-vis de leur travail.
4.Empathie vs. Sympathie (empathy)
Indispensable pour manager ses équipes, se mettre à la place de l’autre permet d’aider chacun à s’épanouir et à se développer dans son environnement de travail. Il s’agit d’avoir une approche constructive et adaptée à chacun.
5. Créer du lien (social skills)
Assurer une bonne communication au sein des équipes permet souvent de résoudre les conflits, voire de les éviter. On identifie également un bon leader parce qu’il sait encourager ses équipes et exprimer de la reconnaissance.
Soyons clairs : la prédisposition et la sensibilité aux facteurs humains sont probablement innés. Il est courant d’entendre dire de quelqu’un qu’il a l’esprit matheux… Serait-il donc étonnant ou choquant de dire d’un autre qu’il a le talent et la sensibilité qui lui permettent de nouer des relations justes ?
Mais le terrain de l’émotion se cultive et se travaille comme n’importe quelle autre compétence. Le développement personnel s’avère un élément essentiel dans la croissance du leader pour permettre celle de son équipe et de chaque individu qui la constitue. Avis à bon entendeur !
* Virginie Jubault est certifiée coach Transformance (école de coaching de Vincent Lenhardt). Les concepts exposés sont tirés de ces enseignements.