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Qu’est-ce que mon équipe est en droit d’attendre de moi ?

Par Emmanuelle Vignes

« Je suis associé depuis six ans. Les premières années, je les ai énormément axées sur le business et je me rends compte que j’investis peu ma relation à mon équipe en dehors du strict minimum. Qu’est-elle est en droit d’attendre de moi ? ».

Un manager responsable. En tant qu’associé, vous êtes d’abord celui qui fournit et répartit le travail. C’est pourquoi il est nécessaire de bien vous entourer pour pouvoir avoir le temps nécessaire pour développer votre activité. Votre rôle consiste aussi à bien connaître votre équipe : les profils qui la composent mais aussi la répartition de la charge de travail au jour le jour. Même si vous n’avez pas forcément recruté vous-même vos collaborateurs actuels, vous êtes responsable de votre équipe, personne morale et de chacun de ses membres.

Un guide disponible. Les collaborateurs attendent de vous d’être accompagnés, guidés. Quand ils sont jeunes, ils attendent des consignes précises. Quand ils sont plus seniors, ils attendent de pouvoir venir vers vous comme ressource là où ils en ont besoin.

Un expert formateur et consultant. C’est aussi lui qui forme ses collaborateurs. Certains associés adorent passer du temps à expliquer, corriger les mémos, les consultations. D’autres ont horreur de cela. Il s’agit aussi de les former à la relation client. Les entendre davantage sur ce qu’ils ont à dire. Les stimuler. Leur communiquer la vision stratégique : « que proposez-vous que nous disions au client, vous qui le connaissez bien ? » ; « soyez attentifs et remontez au niveau de l’associé les desiderata du client sans attendre ».  Aux relations avec la presse. Aux relations avec les confrères. Pour les réseaux internationaux, avec les autres bureaux. Il vous incombe aussi de former votre collaborateur au management quand il devient plus senior et doit chapeauter un junior ou un stagiaire.

Un entraîneur. Une fois par an théoriquement, l’associé et chacun des membres de son équipe font un point lors de l’entretien individuel. Malheureusement pour beaucoup encore, cet entretien est très largement sous-estimé, parfois dénigré, quand il n’est pas reporté sine die. C’est pourtant le moment pour l’associé de faire un point sur l’année passée à plusieurs niveaux (l’expertise, le comportement, le développement, le bien-être) et pas seulement sur la facturation. De regarder vers l’avenir en fixant des objectifs clairs et atteignables. D’être attentif à l’état de son collaborateur. Est-il anxieux ? Fatigué ? Confiant ? Motivé ? Que lui manque-t-il, en termes de moyens donnés par le cabinet, pour progresser ? Bref, le collaborateur est en droit de recevoir une écoute de qualité, de l’empathie pourquoi pas, un authentique intérêt, certainement.

C'est aussi un être imparfait. Qui ne sait pas. Qui écoute mal ou pas assez. Qui se trompe. Qui agit trop vite ou trop lentement, ou pas. Qui doute. Qui n’a plus d’idées… ET qui s’en rend compte, qui fait face et rectifie, demande de l’aide – parfois à l’extérieur, et pourquoi pas avec un coach ! - délègue, reconnaît ses erreurs, présente ses excuses pour son comportement, etc.

Il arrive que les associés s’imposent une pression très forte et se croient obligés de ne montrer aucune faiblesse. Mauvais calcul à moyen et long terme car d’une façon ou d’une autre, tout se voit, tout finit par se savoir.

Vous avez surtout le droit d’être qui vous êtes, de pratiquer à votre manière. De conserver les bons héritages et d’aller vous inspirer à l’extérieur de ce qui se fait d’intéressant, de motivant, de créatif. De le partager. Tout le monde sait que cela retient beaucoup mieux les collaborateurs qu’une hausse de salaire isolée.