Être plus efficace en gérant ses émotions
Dans notre activité professionnelle, on attend de nous que nous soyons toujours au maximum de nos capacités et de l’utilisation de notre temps. Pourtant, notre attention est rarement focalisée à 100% sur les tâches à accomplir, ce qui occasionne perte de temps et réduit notre efficacité. Comment faire pour trouver une régularité dans ses capacités de concentration pour être plus facilement dans l’action ?
Commençons par constater que, non seulement tous les êtres humains ont des émotions, mais aussi que nous passons une bonne partie de notre temps à éprouver des peurs (du petit souci à la grosse angoisse) et des colères (de la contrariété à la rage). Ces émotions, distinctes du processus mental ou intellectuel, nous prennent énormément d’énergie et elles sont souvent à l’origine de nos difficultés à bien faire ce que nous avons à faire. Elles parasitent nos réflexions. Une situation bien connue de certaines personnes depuis l’école est « la boule au ventre », manifestation d’une angoisse. Souvent, celle-ci diminue à l’approche du week-end et revient le dimanche soir… Cette peur empêche la personne d’être au meilleur d’elle-même lorsqu’elle plaide, qu’elle réfléchit ou qu’elle doit prendre une décision. L’émotion qui l’habite devient une barrière à l’action : elle engendre la paralysie ou fait commettre des erreurs.
La colère, elle, provoque d’autres types de dégâts : exprimée sans retenue, elle coupe la communication entre les personnes et lorsque nous la gardons en nous, c’est souvent pour ruminer… au lieu de travailler ! Nous prenons alors du retard et c’est une autre peur qui vient nous habiter : celle de nous faire sanctionner.
Colère et peur nous détournent de ce que nous avons à faire et peuvent également nous amener à prendre de mauvaises décisions. La peur d’être jugé ou rejeté peut, par exemple, en cas de conflit avec un client, nous inciter à éviter ce client alors même que la communication permettrait de résoudre le problème. La colère, « mauvaise conseillère », peut nous conduire à mettre fin à une collaboration qui aurait pu être fructueuse.
Réduire la dispersion en restant dans le présent
Au fil du temps, et parfois après plusieurs tentatives pour se former aux aspects techniques du métier, certaines personnes réalisent que leurs difficultés à répondre aux attentes dans leur cadre professionnel ou à réaliser leurs objectifs ne résident pas dans leurs compétences, mais dans leur incapacité à dégager l’énergie nécessaire pour agir et décider de façon pertinente. Car leur énergie est déjà utilisée à autre chose et leur attention est déviée. La dispersion, très fréquente, est notamment l’une des conséquences de la difficulté à être conscient que nous sommes habités par une peur ou une colère. Nous nous dispersons car nous n’arrivons plus à être dans le moment présent : notre esprit est mobilisé par le passé (rancunes) et/ou par le futur (soucis). Ces va-et-vient permanents nous empêchent d’être dans le moment présent et nous font oublier ce qu’il y a à faire ou nous empêchent d’accorder l’attention suffisante à des détails importants.
Pourtant, une fois que nous commençons à regarder en nous-mêmes, sans nous juger, ce qui se passe, nous réalisons que nous nous sommes dispersés parce que nous sommes distraits par nos pensées d’anticipation ou par des souvenirs non-digérés. Même si elles sont grandes, nos facultés de raisonnement en sont altérées ou réduites.
Lâcher prise et prendre de la distance avec ses émotions
En prenant conscience que l’émotion, même « négative », est un signal, qui, interprété correctement, nous permet de ne pas nous laisser distraire, nous nous donnons la possibilité d’agir avec justesse et efficacité.
La peur est le signal d’un danger. Ce danger peut être réel ou infondé. Une façon de nous rassurer lorsque nous avons peur consiste à (1) identifier la menace et (2) évaluer sa réalité. Face à une menace imaginaire, nous n’aurons pas besoin de fuir ou de nous protéger. Alors que dans une situation où le danger est réel, nous avons tout intérêt à ne pas nous laisser dominer par la peur et les réactions instinctives qu’elle provoque. Une approche stratégique faisant appel à notre intelligence rationnelle pour éliminer la menace, circonscrire le danger ou se protéger sera plus efficace.
La colère est le signal qu’un besoin important pour nous n’est pas respecté, qu’une limite a été franchie. Il peut s’agit d’une valeur (ex : le besoin d’équité), d’un besoin psychologique (ex : le besoin de reconnaissance) ou physiologique (besoin de silence, de calme, de dormir…). Au travail, les occasions d’être énervé ou frustré sont nombreuses. Prendre de la distance avec sa colère ne signifie pas la nier mais au contraire reconnaître le besoin qui n’est pas satisfait pour, éventuellement, mettre en place les actions nécessaires ou communiquer avec autrui afin que notre besoin soit respecté.
C’est ainsi que ce que l’on nomme « intelligence » ou « capacité de travail » n’est souvent pas autre chose que la capacité à entrer dans l’action sans se laisser happer par les peurs ou les colères. Cette capacité s’acquiert bien sûr par la maturité, lorsque nous arrêtons de prendre tout personnellement et de croire que ce sont les autres qui ont des problèmes (et pas nous !) mais elle peut aussi être travaillée dans le cadre d’un accompagnement spécifique. Celui-ci aura pour but d’aider la personne à faire la différence entre le monde intérieur des émotions et le monde extérieur de l’action et de mieux comprendre ce qui se joue dans ses interactions avec les autres (associés, supérieurs hiérarchiques, collègues, clients, fournisseurs, etc.) pour prendre la distance, ce qui permettra de retrouver énergie et concentration.