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Ensemble, c’est tout

Par Emmanuelle Vignes

Un certain nombre de nos associés ressentent le besoin, parfois même l’urgence, de se faire accompagner en équipe par un coach ou un consultant autour de sujets essentiels tels que la vision que nous avons de l’avenir de notre structure ou notre cohésion. Dans notre cabinet, la démarche ne fait pas l’unanimité. Faut-il que nous laissions de côté les réticents, ou devons-nous attendre que tout le monde adhère au projet ?

Des besoins différents
Commençons par relever une évidence : très souvent, nous avons une conception différente de celle de nos associés concernant les besoins du cabinet. Chacun va s’imaginer sa propre hiérarchie dans l’urgence des sujets à traiter. Individuellement ou en groupe. L’opérationnel prime généralement et bien souvent au niveau individuel. Pourquoi ? Parce que nous connaissons nos métiers, nos dossiers, nos clients, nos collaborateurs. Peu d’inconnu dans cette activité. C’est plus rassurant que de tenter l’aventure d’un accompagnement dont on ne sait rien ou peu de choses. Ensuite parce qu’il s’agit d’un temps dédié important – même s’il est essentiel – non facturable et qui demande engagement, co-responsabilité et disponibilité.

Un projet qui doit être celui de tous
Il y a peu de chance que l’accompagnement soit compris, accepté et adopté par tous, surtout s’il est décidé par un groupe ou un comité, sans que nous soyons directement consultés ou impliqués en amont. Ne mettons pas nos partenaires devant le fait accompli.

Une connaissance inégale des fruits d’un coaching d’équipe
Ensuite, nous ne sommes pas égaux face à ce type de projet. Notre âge, nos années d’expérience professionnelle, nos responsabilités au sein de la structure sont diverses. Certains se sont déjà fait « coachés », d’autres ignorent ce que cela recouvre. Autant d’éléments qui, a priori, attestent de différentes façons d’appréhender cette démarche.

Des craintes légitimes, conscientes ou inconscientes
Certains ont peut-être des craintes. Qui va nous accompagner ? Le coach est-il compétent ? Que sait-il de notre métier, de notre marché ? Qui nous dit que ce n’est pas un gourou ou un imposteur ? Ne va-t-il pas nous faire plus de mal que de bien ? Nous nous sommes toujours débrouillés seuls, pourquoi faire venir un étranger ? Lavons notre linge sale en famille ! Quid de la confidentialité ? Etc. Certains ont peur d’être jugés. Autant de questions tout à fait légitimes auxquelles il est nécessaire d’apporter des réponses précises.

Ensemble, c’est tout
Lorsque nous voulons travailler sur des sujets tels que la cohésion de groupe ou la vision partagée sur l’avenir du cabinet, c’est un non-sens de travailler ces questions ne serait-ce qu’en l’absence d’un(e) seul(e) des associé(e)s. Personne ne doit rester sur le bord de la route.

Quel sens recouvre cette opposition de principe ?
Plutôt que d’imposer une démarche de ce type, il est intéressant de se poser la question des raisons d’une telle résistance ? Est-elle due à un manque d’information qui freine la décision ? Est-elle due à une résistance au changement ? Est-elle due à une méconnaissance ? Et si oui, laquelle ? (voir fiche n°32) Est-elle une façon de se protéger ? Si oui, de quoi ? Discutez-en.

Comment faire adhérer tous les associés ?
Si vous êtes convaincus du bien fondé de la démarche, prenez le temps de préparer vos associés. D’une part, en élaborant ce projet ensemble dès le départ. En exposant vos arguments et en écoutant les leurs. D’autre part, vous pouvez tout à fait faire venir un ou plusieurs intervenants afin qu’ils présentent leur métier et le cas échéant, ce qu’ils peuvent apporter au cabinet.
Il est essentiel pour que le travail soit efficace qu’il réponde à une demande du plus grand nombre, sinon de tous.

Protection et permission
Proposez à vos associés de donner leur point de vue, de poser des questions. Le professionnel y répondra et vous offrirez à vos associés l’occasion d’avoir plus d’informations. Ainsi, ils pourront se faire une idée plus juste de ce que recouvre un accompagnement, non pas sur ce qu’ils imaginent mais sur la base d’éléments réels. Quels avantages avons-nous à être accompagnés ? Quels risques prenons-nous à ne pas l’être.
Faites les réfléchir sur les éléments qui seraient protecteurs pour eux. Notamment concernant le choix de l’intervenant.
Les principes de sélection de l’intervenant sont toujours les mêmes : formation diplômante ou certifiante reconnue, expérience et déontologie (supervision).

Prendre le temps
Paradoxalement, plus c’est urgent, plus il est important de se donner du temps pour élaborer un tel projet. Cela ne se construit pas dix jours avant la réunion annuelle ou bisannuelle des associés. La construction même du projet peut bénéficier de l’appui d’un coach ou d’un consultant.