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Revue de documents juridiques : une équipe travaille sur un logiciel en français

Par Miren Lartigue
Dans le cadre de SoftLaw, la société qu’ils ont créée, deux jeunes entrepreneurs, Sandrine Morard et Guénaël Amieux, travaillent à la finalisation d’un logiciel d’exploration de texte (text mining) dont l’algorithme permet de traiter des documents rédigés en français. Rencontre avec Sandrine Morard, ancienne avocate, collaboratrice en M&A quelques années à Paris.


À quoi servent et à qui s’adressent les solutions logicielles que vous développez actuellement ?
Sandrine Morard : Il s’agit d’un outil de revue semi-automatique de documents juridiques en langue française, destiné aux professionnels du droit et, plus particulièrement, aux avocats d’affaires et aux juristes d’entreprise. Il fonctionne avec tous les formats de documents communément utilisés, y compris les scans, et il peut tourner en local ou en mode Saas. La recherche ne se fait pas par mots-clés – contrairement à certains outils d’e-discovery – mais grâce à des algorithmes plus sophistiqués, qui permettent d’améliorer la pertinence des résultats de l’extraction, et qui eux-mêmes se perfectionnent avec l’usage. Le premier cas d’usage que nous avons ciblé est la due diligence car c’est un outil particulièrement pertinent pour ce travail. Nous avons commencé par le droit des sociétés et le droit des contrats, mais nous avons pour objectif d’élargir à d’autres matières. Bien entendu, cet outil d’aide à la revue de documents est destiné à faciliter le travail des juristes et des avocats et non à les remplacer : c’est à eux qu’il revient de vérifier la pertinence des extractions et d’effectuer tout le travail d’analyse et de conseil.

Comment êtes-vous passé de l’idée au projet ?
S.M. : J’ai tiré l’idée de mon expérience de stagiaire et de collaboratrice en M&A, où j’ai souvent été confrontée à la nécessité de passer en revue un grand nombre de documents dans des délais très serrés. Un travail très chronophage, pas très intéressant, et assez éreintant quand les délais sont courts. À l’étranger, les cabinets anglo-saxons utilisent pour cela des logiciels qui ne peuvent pas être utilisés avec des documents en français car, pour être pertinent, l’algorithme de recherche doit parler la même langue que les textes fouillés. J’ai alors décidé d’interrompre mon activité d’avocate quelques mois au cours de l’été 2014 pour commencer à apprendre à coder. Et avant de me décider, au printemps 2015, à me lancer dans ce projet, j’ai également suivi une formation entrepreneuriale, dans le cadre de laquelle j’ai rencontré mon associé, Guénaël Amieux, précédemment directeur de projet dans le digital.

Où en êtes-vous, aujourd’hui, de la réalisation de vos objectifs ?
S.M. : Actuellement, nous travaillons d’arrache-pied, avec notre équipe technique, pour sortir notre premier produit au deuxième trimestre 2016. Notre modèle économique est fondé sur une licence d’utilisation annuelle, mais notre offre sera souple – formules d’abonnement mensuel, ou à l’usage, etc. – afin d’accompagner le client dans l’adoption de l’outil. Nous avons par ailleurs plusieurs nouveaux chantiers à mettre en œuvre : nous avons commencé par le français mais nous envisageons d’élargir à d’autres langues, et nous avons l’intention d’agréger d’autres fonctionnalités à cette première mouture. Nous avons beaucoup d’idées, et cela se fera par briques successives.

À l’heure où le gouvernement français vient lancer une mission sur le text mining et le data mining, quel accueil le marché vous a-t-il réservé jusqu’à présent ?
S.M. : Nous commençons tout juste à aller à la rencontre des avocats et l’accueil est assez enthousiaste. C’est en effet un sujet dont on parle de plus en plus et je pense que nous arrivons au bon moment sur ce marché. Même si nous constatons qu’il reste encore beaucoup de travail à faire sur ce terrain en termes d’explication et de communication.

M.L.
Document review text mining SoftLaw