Faut-il adhérer aux legaltech pour développer sa stratégie digitale ?
Le constat est sans appel : le secteur juridique, à défaut de remise en question de son positionnement - qu’il croyait intouchable - et de lenteur voire de stagnation dans son processus de développement, subit de plein fouet la concurrence des legaltech ! Les mentalités ayant évolué, Il est dorénavant nécessaire d’évaluer l’opportunité de travailler avec, ou pour, les legaltech. Faut-il envisager, dans le cadre du développement digital de son cabinet, de s’inspirer des legaltech pour créer ses propres offres et services en ligne ? Faut-il recourir aux legaltech pour proposer à ses clients et prospects une offre complémentaire ? Éléments de réponse.
Qu’est-ce qu’une legaltech ?
Apparues en 2004 aux États-Unis, il n’existe pas de définition officielle de la legaltech. Aussi, nous la définirons comme une start-up proposant des technologies au service du droit et de nombreux services juridiques en ligne sans passer directement et nécessairement par un avocat, un expert-comptable ou un notaire. De même, les marketplace sont considérées comme faisant partie de la famille des legaltech.
Respect des règles et de la déontologie
Notons que certains cabinets avaient mis en place un extranet, dans lequel leurs clients accédaient à des documents types. Ce fut une première étape. Cependant, face aux évolutions rapides et du fait de la réelle demande des justiciables, les legaltech sont allées plus loin dans les offres. Elles se sont rapidement adaptées aux besoins du marché français. Par ailleurs, afin de respecter les règles encadrant le marché du droit, les legaltech négocient actuellement une charte éthique avec Open Law, association de promotion et de défense des actions favorisant l’ouverture et l’interopérabilité des données juridiques et l’innovation collaborative autour de ces données et pour la construction d'un droit ouvert, et l’ADIJ, association pour le développement de l’informatique juridique. Cette charte vise à définir un ensemble de règles, pour donner à tous les usagers du droit des garanties de compétence, de confidentialité et de responsabilité… jusqu’à la création d’un label.
La question est désormais de savoir comment exploiter les propositions des legaltech et des marketplace pour développer son cabinet
Ainsi, côté encadrement et déontologie, les cabinets n’ont plus de craintes à avoir. La question est désormais de savoir comment exploiter les propositions des legaltech et des marketplace pour développer son cabinet, et s’il y a un véritable intérêt à franchir le pas.
Du particulier à la TPE aujourd’hui, de la PME aux grands groupes demain
Depuis plusieurs années, le secteur juridique est en plein bouleversement : difficulté de rentabilité, process non industrialisé, nécessaire organisation à l’image de toute entreprise, sélection des clients que tous les cabinets ciblent, laissant sur le bas-côté les TPE, petites-PME et de nombreux justiciables particuliers. Un marché sur lequel se sont engouffrées les legaltech… du moins, dans un premier temps, car nul doute que les prochaines cibles des legaltech seront les PME et les services juridiques des grandes entreprises. Et ce, pour des besoins ponctuels ou récurrents, le coût de la consultation – et de l’acquisition – d’une legaltech étant bien moindre que celui d’un cabinet d’avocats.
Des géants américain comme LegalZoom, Rocket Lawyer, LegalMatch occupent un marché colossal
Le marché US estimé à 400 milliards de dollars
Des géants américain comme LegalZoom, Rocket Lawyer, LegalMatch occupent un marché colossal. Le marché US des services juridiques est estimé à 400 milliards de dollars. En Californie, 25 % des créations d'entreprises passent par LegalZoom, annonce Valérie de Senneville dans Les Echos. Une étude de 2015 du marché Américain, du groupe Altman Weil Law Firms in Transition, a montré que 47% des avocats interrogés considéraient qu’ils leur seraient possibles d’ici 10 à 15 ans de remplacer leur personnel paralégal par des solutions d’automation d’intelligence artificielle... L’AI (Artificial Intelligence) serait-elle l’étape suivante du développement des legaltech… ? 35% des avocats pensent que les postes de juriste junior pourront être intégralement supprimés dans le même laps de temps, soit une augmentation de plus de 10 points en l’espace d’un an.
Aucune donnée pour la France
Concernant le marché français, il est encore trop tôt pour extraire des chiffres mais nous pouvons affirmer que, d’après une enquête Ipsos pour l’Ordre des Avocats de Paris, seules 9% des TPE-PME parisiennes disposent d’un service juridique interne. Une autre étude Ipsos indique que 22% des dirigeants de PME souhaiteraient profiter de conseils juridiques. De même, d’après un sondage d’OpinionWay pour Legalstart.fr réalisé en mai 2016, 59 % des entrepreneurs français estiment que le coût d’intervention des professionnels du droit est trop élevé pour des prestations standards (85% pour l’ensemble des Français).
59 % des entrepreneurs français estiment que le coût d’intervention des professionnels du droit est trop élevé pour des prestations standards
Enfin, d’après l’Association des juristes d’entreprise (AFJE), l’industrie du droit représentera dans les années à venir, 24 Mds. Pour ParisTechReview, le marché de l’automatisation juridique connaît un taux de croissance de 20% par an. Il n’est donc pas surprenant de voir de nouveaux acteurs s’emparer d’un marché où des avocats se demandent encore s’ils peuvent communiquer et démarcher…
De plus, selon le rapport intitulé How Legal Technology Will Change the Business of Law réalisé par Boston Consulting Group (janvier 2016), face à la concurrence des legalTech, les avocats, experts-comptables et notaires doivent impérativement revoir leur structure et la tarification de leurs services.
Mais faire face au développement accru et au succès des legaltech requiert l’adhésion préalable de votre cabinet et nécessite, surtout, une stratégie de développement marketing et digital.
Legaltech : une offre complémentaire et transversale pour les cabinets ou la nécessité d’une stratégie digitale
Il est aujourd’hui trop tard pour être frileux. Les cabinets doivent s’adapter. Dès lors, deux stratégies différentes s’opèrent : devenir partenaire d’une legaltech ou créer une legalTech via le nom ou d’une nouvelle marque dépendante de celui-ci.
- La stratégie relative au partenariat avec une legalTech : à l’instar d’Eurojuris, récemment associé à la start-up legalTech, l’objectif est de proposer aux clients des cabinets membres du réseau, un accompagnement différent voire complémentaire pour un coût moindre ;
- La stratégie relative à la création d’une legaltech sous le nom ou la marque du cabinet : s’inspirer des legalTech en créant sa legaltech. Il s’agit de mettre en place des offres transversales et pluridisciplinaires dans tous les domaines que représente le cabinet via une nouvelle marque (ou au nom du cabinet). Ces offres sont confiées au business développeur ou au responsable marketing-communication.
Pour cela, il faut bien choisir sa stratégie et sa legaltech. En effet, les legaltech mettent à disposition du grand public, et des entrepreneurs notamment, des documents et solutions juridiques, mais également des consultations d’avocat et d’expert-comptable. La réponse est quasi-immédiate, pour un coût limité et maitrisé pour les demandeurs. De plus, les offres proposées par les legaltech peuvent être en grande partie standardisées : dépôt de statuts, contrat de bail, etc.
Trop peu de cabinets ont su anticiper et proposer ces offres à leurs prospects et clients. Legaltech, marketplace… ces plateformes auraient pu être créées par les avocats, experts-comptables, notaires, cpi, et surtout par des réseaux internationaux tels que Gesica ou l’UIA. Reste l’exception de la 3carre, à destination des jeunes entreprises, créée par des avocats.
Cabinets et legalTech, une symbiose nécessaire
Le 1er Village des legaltech qui se tiendra fin 2016, organisé par Le Village de la Justice et Open Law, a pour objectif de "créer un espace de rencontre avec les acteurs de la legalTech en mettant en avant start-up et acteurs plus traditionnels impliqués dans des démarches d’innovation ouvertes et collaboratives"1. Pour une réelle et sincère coopération mutuelle ?
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Liste des Legaltech en France (non exhaustive) proposant des offres relatives aux métiers de l’avocat, de l’expert-comptable et du notaire
Captain contrat : https://captaincontrat.com :
Rocket Lawyer: https://www.rocketlawyer.com
Lawcracy: https://www.lawcracy.com/
LegalUP: https://www.legalup.io/fr/
Legalife: https://www.legalife.fr/
Nubu : https://www.nubu.fr
Legalstart: https://www.legalstart.fr/
Meilleurs Honoraires : https://www.meilleurshonoraires.com/
Wonder Legal (anciennement document-Juridique.com): https://www.wonder.legal/fr/
Guacamol: https://www.guacamol.co/
Fred de la compta : https://app.freddelacompta.com/
Bettr: https://www.bettr.com/
Avostart: https://www.avostart.fr/
Lebonbail: https://www.lebonbail.fr/
Mafiscalite.com : http://mafiscalite.com/
Legal’Easy: (My-Business-plan.fr): http://www.my-business-plan.fr/devis-comptable
MyNotary: https://www.mynotary.fr/
Juritravail: http://www.juritravail.com/entreprise.html
Guide du CNB relatif aux bonnes pratiques de la profession en matière de numérique, avec une vision prospective et conforme à la déontologie.
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