Les directeurs juridiques se préparent à endosser les habits de General Counsel
C'est parti pour le Master Executive General Counsel (EMGC) ! En janvier 2016, 25 professionnels (directeurs juridiques, juristes, avocats ou magistrats souhaitant intégrer une direction juridique) formeront la première promotion de cette formation diplômante de management stratégique des affaires juridiques, proposée par SciencesPo Executive Education, en partenariat avec le Cercle Montesquieu (lire notre article du 12 mai 2015 : Un Master pour "répondre à la montée en puissance des directeurs juridiques"). Objectif : combler les besoins d'évolution de la fonction juridique en entreprise, comme l'ont expliqué les représentants de ces deux entités, lors d'une conférence organisée le 24 septembre dernier sur le thème "De directeur juridique à General Counsel : quelles perspectives en France".
Nouvelles missions
Hier "gardien du temple" et de la règle de droit, le directeur juridique doit en effet assumer aujourd'hui de nouvelles missions : risk manager, leader, responsable RSE, responsable de la conformité, business partner... "Nos entreprises s'internationalisent sur un mode anglo-saxon, reconnaît Béatrice Bihr, directeur juridique exécutif de Teva Santé et vice-présidente du Cercle Montesquieu. La place du droit a donc tendance à être renforcée et revalorisée" . Une bonne nouvelle pour la fonction juridique hexagonale. Car considéré comme un rouage essentiel de l'entreprise et rémunéré en tant que tel, le General Counsel américain bénéficie d'une aura enviable auprès des directions générales. Or même si le directeur juridique gagne en envergure en France, il se heurte encore souvent à sa réputation d'empêcheur de tourner en rond.
Curiosité
Pour en finir avec cette image d'Épinal et se rapprocher de son homologue anglo-saxon, il doit donc, selon Anne-Sophie Le Lay, directeur juridique du Groupe Renault et administrateur du Cercle Montesquieu, "faire preuve de curiosité et connaître l'entreprise dans ses moindres détails" . Et donc s'intéresser aux opérationnels, et apprendre à communiquer sur sa valeur ajoutée auprès de ses "clients" internes. Autant de conditions sine qua non pour pouvoir prétendre un jour intégrer le comité d'exécutif ou le conseil d'administration, et être ainsi associé en amont aux décisions stratégiques de l'entreprise.
Gagner ses galons
Cependant, ces aptitudes n'ont rien de naturel pour des juristes qui ont longtemps été réduits à leur expertise technique, et ce, dès l'université. D'où le choix du programme de l'EMGC, divisé en trois sections (approche stratégique des organisations, leadership et pratiques managériales, et grand enjeux du monde juridique) destinées à leur permettre de sortir de leur zone de confort, de se remettre en question et de s'ouvrir l'esprit. Avec à la clé, un enjeu de taille : les membres du Cercle Montesquieu espèrent qu'en renforçant ainsi leur rôle au sein des entreprises, les directeurs juridiques gagneront leurs galons vers la reconnaissance d'un véritable statut.
L.G.