Faut-il communiquer pendant les vacances ?
L’été, mais aussi Noël (et il y a encore 5 ans, pâques) étaient des moments de trêves où le ralentissement de l’activité et les vacances (l’absence pour le repos) réduisaient de fait actions et communication. L’absence de vos interlocuteurs, et de nous tous à un moment ou à un autre, réduisait la communication. C’est toujours vrai. Et dans le milieu juridique, l’arrêt de publication de nombreuses lettres professionnelles ou les vacances judiciaires contraignent à cette non communication… MAIS, mondialisation, numérique, flexibilité, connectivité (un Français sur deux choisit son lieu de vacances en fonction de la connectivité mobile disponible, et 90% emportent son smartphone, sa tablette ou encore son ordinateur dans ses bagages, enquête Kantar TNS pour orange en 2017), ont changé la donne. Même, certaines opportunités de communiquer, voire de mieux le faire, existent. La disponibilité de certains publics est un fait : profiter de ce temps un peu suspendu pour lire, découvrir, faire le point est aussi un phénomène chez les professionnels. Le communicant est-il pour autant le seul qui ne partira pas en vacances ? Presque…
Ralentissement économique et financier, plus vraiment.
Celui-ci tend à s’effacer, et la mondialisation de l’économie, la connexion permanente grâce à la technologie accentuent ce phénomène, il n’existe plus d’industrie qui s’arrêtent au mois d’août. Et l’immédiateté des marchés financiers est une réalité depuis bien longtemps. La période creuse est moins creuse. Tout le monde ne s’arrête pas et surtout pas en même temps. L’activité, et la communication qui va avec, reste maintenant forte en juillet et reprend dès le 20 août… Certains domaines de l’activité des juristes d’affaires sont plus touchés que d’autres. Les opérations de cessions, acquisitions, transmissions ou financières sont à cet égard emblématiques. Il y a 15 ans, le 30 juin était la limite des closing… Aujourd’hui juillet est très actif ! et jusqu’au 31 juillet il y aura des annonces ! Il s’agit donc de s’organiser pour suivre ces opérations et accompagner leur communication. Avec moins de médias, ces opérations peuvent être moins couvertes. A vous d’assurer un meilleur relai sur les réseaux sociaux et votre site pour palier ce risque.
Si les médias changent de rythme, sites et réseaux sociaux restent actifs
Les médias, principaux canaux de diffusion, ralentissent ; certains titres diminuent la diffusion, voir s’arrêtent quelques semaines. De même, l’audiovisuel et la radio n’ont pas la même grille d’émissions que le reste de l’année… de juin à septembre d’ailleurs. La communication en cette période ne passe donc pas forcément par les mêmes canaux. Certes, des quotidiens et des chaines d’info sont là, en continu justement. Y aller pendant l’été ou entre Noël et le jour de l’an peut être intéressant. Cependant n’oubliez pas que cela se prépare : nombres de rubriques d’été sont préparées en amont, il fallait donc le faire en mai - juin.
Par contre, le numérique permet à chacun de rester rédacteur en chef de ses contenus. Alors un ton plus décontracté, plus libre, moins commercial et moins technique est une bonne idée. Que ce soit dans vos articles placés dans des médias externes ou les contenus sur votre site, un ton, le partage et la connivence peuvent permettre de se démarquer. Donner du grain à moudre à vos partenaires et prospects – qui prennent un peu de recul pendant cette période et en profitent pour regarder et analyser- reste une bonne idée.
En effet, parallèlement à ce ralentissement et l’absence, la consultation des contenus tend à rester forte pendant les vacances... Parce que vos publics cibles ont plus de temps, sont plus ouverts et s’intéressent différemment. On pourrait imaginer profiter de cette opportunité où il y a moins de publications, y compris de la part des concurrents, pour non pas parler plus, mais parler mieux et un peu différemment. Certains communicants vous diraient même de lancer des nouveautés en été comme un blog, ou de travailler sur vos nouveaux projets et donc communiquer sur ceux-ci.
« Vacances judiciaires »
Les avocats connaissent ces moments d’absence de l’activité judiciaire… Le temps judiciaire, et même juridique, a toujours différé du temps économique, politique et social. Il se ralentit (encore plus dirons cyniquement certains !). En été, comme à Noël, l’activité se réduit. Cependant, là aussi, le constat est bien que les tribunaux ne ferment pas. En fait, les audiences et les activités « habituelles », « courantes » n’ont pas lieu. Mais il y a un service allégé dans les tribunaux et les cours qui comporte a minima une permanence pour traiter des questions de libertés (pénal et rétention des étrangers).
Et, parallèlement, l’urgence est toujours susceptible d’être traitée, au civil, au commercial, dans l’ordre administratif et au pénal. D’où les permanences mises en place. La justice ne prend pas de vacances. Idem chez les régulateurs, les autorités administratives ou publiques indépendantes. Le service public de la Justice ne peut être totalement interrompu. Un avocat faisant du contentieux et/ou de la régulation le sait bien. La profession d’ailleurs participe aux permanences mises en place dans les instances. En interne dans les cabinets, c’est évidemment la même chose : le cabinet ne ferme pas, et on s’organise afin qu’il y a toujours quelqu’un pour répondre aux clients. Pour la communication, c’est pareil, implémentée dans le cabinet, elle doit être aussi organisée de cette façon. Un permanent pour la communication, c’est une bonne idée. N’oublions pas que l’avocat est aussi un porte-parole !
Les dossiers susceptibles d’aboutir ou d’avancer pendant ce moment-là peuvent nécessiter de la communication. Plus en eux-mêmes que parce que c’est l’été. Donc la communication sur ces dossiers existe parce qu’elle est préparée et anticipée. Elle existe indépendamment de la trêve estivale ou hivernale. Il faut donc se pencher plutôt sur l’aspect pratique : qui la fait vivre si l’avocat et le communicant sont en vacances ? On s’organise en interne.
Mais là aussi, le constat est bien le resserrement de cette période de latence : De grands procès empiète sur juillet, des avis important sont rendus tant par l’Autorité de la Concurrence ou l’AMF que par la Cour de Cassation en juillet. Etc. Pour cette dernière, les avis sur le barème Macron rendus un 18 juillet ont suscité une communication presque « obèse » tellement il y a eu de commentaires des cabinets d’avocats, en plus de la très forte communication médiatique classique, depuis les JT de 20h à toutes les lettres professionnelles. Evidemment, le sujet justifie une telle médiatisation. Mais la multiplication des alertes des cabinets a été critiquée par les DRH et les juristes d’entreprise (même par les journalistes) sur les réseaux sociaux. Parler tous en même temps, à chaud est-ce une bonne stratégie ? Rien de disruptif dans la surabondance. Ne fallait-il pas laisser les médias monter en première ligne puis soit cibler sa communication (conséquences pour tel ou tel segment de clientèle) ou revenir à froid, sur un mode quizz en legal design ?
L’urgence et l’imprévu, toujours source de communication
C’est en effet bien là que se pose la question la plus délicate. Certains cas, surtout au judiciaire, oblige à revenir aux affaires, avec la communication qui va avec : un accident comme celui du passage à niveaux dans la Marne peut nécessiter que tant l’avocat que la communication soient mobilisés, mais aussi une pollution, un accident routier, des révélations comme l’affaire Benalla l’été dernier ou la publication par Wikileaks des emails du parti démocrate à la veille de sa convention à l’été 2016, ou des War Logs en juillet 2010 avec le relai de nombreux journaux dans le monde : Bref, des évènements susceptibles d’avoir des répercussions juridiques et judiciaires importantes. Même si tout ne sera pas réglé au cœur de l’été, lors de l’évènement, être présent aussi sur le niveau de la communication est nécessaire pour les avocats et la direction juridique concernés.
Ainsi, tout ce qui relève de l’urgence ou d’un évènement exceptionnel, fait qu’un référé le 14 août, c’est possible… La communication en cas d’urgence reste incontournable ? Ce n’est alors ni plus ni moins qu’une communication de crise, qui se déroule en fait comme le reste de l’année. Mais, il est vrai qu’avec les absences en vacances de certains, d’autres (les présents) seront plus susceptibles d’être sollicités. Le spécialiste d’une question qui n’est pas en vacances a alors toutes ses chances d’intervenir dans les médias ! Experts présents en août faites-le savoir ! Le communicant peut vous y aider d’ailleurs.
La communication lors de ces périodes de latence, c’est encore plus que d’habitude de l’anticipation. Mais cela peut être aussi le temps des tests, des débuts et d’une certaine décontraction dans le ton. Reste les cas de com’ de crise, liés à l’affaire imprévue qui arrive à ce moment-là.