« Le secteur du tourisme et des transports est particulièrement touché par cette pandémie »
Franck Rohard, secrétaire général et membre du comité exécutif d’Europcar Mobility Group, raconte comment le secteur du tourisme et du transport a été parmi les premiers impactés par la pandémie. Dans ce cadre, il conçoit le rôle du juriste comme celui qui encadre l’incertitude.
Comment votre secteur d’activité et votre entreprise ont-ils été impactés ?
Le secteur du tourisme et des transports est particulièrement touché par cette pandémie, l’ensemble des déplacements étant réduit au strict nécessaire. Nous maintenons, lorsque la législation nous y autorise, un minimum de services notamment afin de pouvoir fournir les véhicules nécessaires à la chaîne logistique ou de contribuer à l’effort des hôpitaux et personnels soignants en leurs proposant des offres solidaires.
Quels sont les sujets juridiques urgents auxquels vous avez dû faire face ?
La priorité étant d’assurer la sécurité de nos personnels et clients, la première préoccupation juridique a été de s’assurer que nos services étaient bien considérés comme essentiels et ce, dans un contexte de droit morcelé au sein de l’Europe et, pour certains pays, entre leurs différentes régions.
Avez-vous dû traiter de nouveaux sujets pendant cette crise/des problématiques juridiques inattendues ?
À proprement parler non. Mais certains sujets ont pris une tout autre dimension comme cette très familière notion de force majeure, que nous découvrons bien plus riche et subtile que les traces que nous avions en mémoire. La responsabilité des opérateurs prend également une dimension toute différente dans un cadre d’intervention difficile. Plus que des nouveaux sujets, c’est l’interaction de notre métier avec l’économie qu’il est intéressant d’observer. Dans un monde incertain, la société comme l’entreprise se tournent vers le juriste pour qu’il fixe et donne un cadre certain. La succession des ordonnances à laquelle nous avons assisté en est la preuve. Sans être inattendu, ce rôle « d’encadrement de l’incertitude » du juriste, afin de permettre au business de continuer, se trouve dès lors mis en exergue et décuplé. Il faut alors que le juriste soit plus que technicien et rigoureux, c’est-à-dire prospectif, imaginatif et rassurant.
Comment avez-vous appréhendé la succession d’ordonnances prises par le gouvernement ?
Comme l’écrivait un de nos pairs : quelle que soit la raison, solidarité ou marketing, nous ne pouvons que nous féliciter de ce que l’accès à l’information qualifiée soit le plus largement ouvert et gratuit.
Cette succession d’ordonnances a par ailleurs été largement anticipée par une communication politique large. Imparfaites et incomplètes, ces ordonnances ont été largement commentées par les universitaires et avocats, suffisamment pour que naissent de beaux débats juridiques mais aussi pour que les juristes les fassent vivre au quotidien afin que l’activité de nos groupes puisse continuer en ces temps difficiles.