Dix mesures pour une représentation sportive diverse et inclusive
"Le sport peut créer de l'espoir là où il n'y avait que du désespoir. Il est plus puissant que les gouvernements pour briser les barrières raciales” - Nelson Mandela
Invisibilisation des femmes au sein des instances dirigeantes des fédérations[1] et des médias sportifs[2], polémiques autour de l’accès des femmes transgenres aux épreuves féminines[3], sous-représentation des minorités raciales parmi les amateurs de sports d’hiver[4], cris de singe résonnant dans les stades[5]. Les mots de Nelson Mandela semblent trouver une bien faible résonance, à l’heure où le sport ne brise plus les barrières de genre, de race, et d’orientation mais distingue - au sens bourdieusien du terme.
Fort de ce constat, cet article propose une série de dix mesures, visant à imposer par le haut, et à encourager par le bas, la diversité et l’inclusion sur les terrains, comme en dehors ; notamment dans les médias sportifs. Ces mesures visent à renforcer, en particulier, l’inclusion des femmes et des minorités raciales au sein de l’écosystème sportif.
1. Étendre le périmètre du label étatique Terrain d’égalité pour y inclure les événements sportifs nationaux de toutes tailles. Introduire un « crédit d'impôt diversité » qui inciterait les clubs sportifs à engager des moyens pour être labellisé.
2. Étendre l’impact de la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes, en imposant une présidence tournante homme/femme au sein des fédérations sportives.
3. Pour s’assurer de la bonne application de la loi, introduire un conditionnement des aides publiques versées par l’Agence nationale du sport aux fédérations.
4. Consacrer un quota de 40% du temps annuel de diffusion de compétitions sportives à des compétitions féminines.
5. Instaurer un baromètre annuel de l’ARCOM comptabilisant le temps de parole des femmes dans les médias sportifs. Les résultats alimenteront un système de bonus-malus sur les aides à l'audiovisuel public.
6. Imposer aux fédérations un pourcentage annuel de dépenses obligatoire, dédié à la promotion des sports d’hiver auprès des départements les plus défavorisés.
7. Relever le montant du Pass’sport pour l’aligner sur celui du Pass Culture.
8. Créer une autorité administrative indépendante, spécifique au milieu sportif, auprès de laquelle seront signalées les violences racistes, sexuelles, sexistes et homophobes observées sur les terrains, comme en dehors.
9. Dans la presse écrite, mettre en place un gender editor, qui sera chargé d’établir un rapport annuel sur les biais sexistes observés au sein des publications. Les résultats alimenteront un système de bonus-malus sur les aides versées à la presse écrite.
10. Sur le modèle du plan de vigilance en matière de RSE, introduire une Charte de la diversité et de l’inclusion au sein des fédérations, qui prévoirait des actions concrètes et contraindrait les contractants des fédérations à respecter ladite charte.
[1] « Les femmes toujours sous-représentées à la présidence des fédérations sportives », Le Monde, 29 avril 2021.
[2] « Représentation du Sport féminin dans les médias français : La médaille d'or de l'invisibilité », Les Echos, 27 juin 2023.
[3] « La nageuse transgenre Lia Thomas déboutée par le Tribunal arbitral du sport », Le Parisien, 13 juin 2024.
[4] "Can skiing solve its diversity problem?", BBC, 1er mars 2024.
[5] « Mike Maignan, gardien de but de l'AC Milan, visé par des cris racistes lors d'un match de championnat italien, le monde du football s'indigne », Le Monde, 21 janvier 2024.